Du colza associé dans les essais du groupe DEPHY Ecophyto d’Agrial
Depuis plusieurs années, différents agriculteurs du groupe Ferme Dephy qu’anime Agrial sèment des plantes compagnes avec leur colza pour en améliorer les performances tout en limitant les intrants. Focus sur leurs travaux…
Booster les colzas grâce à des associations
Les associations de colza avec des couverts de plantes compagnes offrent de multiples intérêts. Cette technique consiste à implanter sur la même période que le colza d’hiver un couvert gélif, censé disparaître sous l’action du gel.
Parmi les avantages recherchés par ce type de couvert, on note l’amélioration de la structure du sol, l’augmentation de la disponibilité de l’azote pour la culture principale (ou la culture suivante) et la régulation des bio-agresseurs du colza à l’automne (principalement des adventices et insectes ravageurs).
Une association classique : colza-féverole
Frédéric Lecerf, agriculteur installé dans le secteur de Moult (14) participe aux travaux du groupe FERME DEPHY. Depuis une dizaine d’années, il a fait le choix d’associer son colza à de la féverole.
« J’implante d’abord la féverole au semoir à engrais, puis quelques jours après je sème le colza au strip-till couplé au semoir monograine ».
En théorie, la féverole est détruite par le gel. En pratique, l’hiver 2016-2017 n’a pas été assez rigoureux chez Frédéric, ce qui lui a nécessité une destruction chimique.
Mais malgré l’augmentation des dépenses herbicides, l’impasse opérée sur l’insecticide et l’économie d’engrais azoté lui ont permis de maintenir des charges en intrants dans la moyenne du secteur.
« A la récolte, j’ai atteint un rendement en colza de 41,5 q/ha. L’expérience est finalement très positive ! »
Jusqu’à 6 associations différentes en essai
Pour la campagne 2017-2018, Bruno Soenen, agriculteur du groupe DEPHY, et son neveu Rémi Marc installé près de Falaise, testent différentes plantes compagnes sur des bandes de 6m de large dans une parcelle de colza.
L’objectif de cet essai étant de définir sur le plan technico-économique quelle plante se révèlera être la meilleure association au colza.
Au total, 6 associations différentes sont réalisées, soit avec une seule espèce associée, soit en mélange, et selon plusieurs densités et plusieurs dates de semis (cf. tableau).
Les plantes compagnes ont été semées le 18 août à l’aide d’un semoir combiné classique et une dizaine de jours plus tard, le colza a été implanté au semoir monograine. Ce laps de temps permet d’avoir des plantes compagnes déjà développées à la levée du colza.
Bruno et Rémi témoignent : « ce calendrier de semis, plutôt inhabituel par rapport à ce qu’on a déjà vu ailleurs, renforce le côté innovant de cet essai. Nous recherchons différents bénéfices au travers de ces associations. D’abord brouiller les pistes pour les ravageurs et ainsi diminuer les attaques d’altises lors de la levée du colza. L’espace au sol étant davantage occupé, la pression des adventices devrait diminuer. Et le colza devrait bénéficier d’un apport d’azote grâce aux légumineuses capables de fixer l’azote atmosphérique.»
Une levée réussie, de bonnes perspectives pour la suite
Anaëlle Macquet, chargée de mission qui suit l’essai chez Agrial commente : « Il est encore trop tôt pour faire le bilan des différentes associations testées. Pour le moment, nous constatons une bonne levée du colza, aussi bien seul qu’associé, ainsi que des plantes compagnes. Visuellement, une différence de développement entre le colza seul et le colza associé semble apparaitre, à priori du fait de la concurrence des plantes compagnes pour les ressources (eau, lumière, azote). Cela ne devrait cependant pas avoir d’impact sur le rendement, à condition que les plantes compagnes soient détruites par le gel cet hiver ».
Grâce à la date de semis précoce et aux bonnes conditions de développement, le colza avait déjà atteint le stade 4 feuilles lors du pic de vol des altises dans le secteur. Aucun dégât n’a été observé, ce qui nous empêche de conclure quant à la diminution des attaques d’altises que permet l’association.
En revanche, ce qui est confirmé, c’est l’efficacité du semis précoce comme levier d’évitement des altises. « J’ai réussi à faire l’impasse sur l’insecticide d’automne. Et pour le désherbage, étant donné que j’avais réalisé plusieurs faux-semis, pour le moment je n’ai toujours pas passé d’herbicide. », précise Rémi.
Au cours des prochains mois, différentes mesures et notations seront réalisées pour confirmer ces premières observations et déterminer les avantages offerts par chaque association : mesures de biomasse du colza et des plantes compagnes, observation de leur destruction par le gel, comptages d’adventices, analyses de sol et rendement final.
Lucie Viel, animatrice du collectif FERME DEPHY conclut : « La technique du colza associé semé précocement semble prometteuse dans la démarche de réduction de l’emploi des phytosanitaires, déjà entamée par tous les agriculteurs du groupe Ecophyto. Cette expérimentation sert aussi de base de travail au groupe, ainsi qu’aux adhérents et aux équipes techniques d’Agrial par des visites qui ont déjà débutées et vont se poursuivre. Quant aux résultats finaux, ils seront diffusés largement ».