Eau : le préfet veut un plan
Lors de la visite du préfet de la Manche, Jean-Marc Sabathé, sur l’exploitation de Serge et Valentin Quentin, située sur la commune des Pieux, le sujet de la gestion de l’eau a surgi. Le représentant de l’État propose de réunir tous les acteurs dès 2018.
La température était estivale le 10 juillet dernier au pied de l’entreprise laitière et légumière de la famille Quentin, installée à Les Pieux, à quelques pas de la côte. Des températures qui ont fait songer au réchauffement climatique. D’autant plus que les besoins en eau sont réels notamment pour les cultures. « On en a besoin à des moments précis, à la levée et pendant la période de grossissement des légumes » indique Bernard Guillard, vice-président d’Agrial, en charge de la filière légumière. Et ce n’est pas forcément à ces moments que l’eau arrive. « On ne l’a pas à disposition » souligne Bernard Guillard. Jean-Marc Sabathé n’est pas resté insensible au sujet, d’autant plus qu’il y a moins d’un mois, il a appelé au civisme « chaque utilisateur à réduire autant que possible l’utilisation d’eau pour les usages accessoires ».
Garder l’eau l’hiver
Invité par la FDSEA, il a détaillé le sujet en faisant une proposition à la profession. « Dans les départements où j’étais auparavant, j’ai mis en place en plan de gestion de la ressource en eau » explique-t-il. « On pourrait mettre le dossier sur la table dès l’année prochaine parce que je ne pourrai pas prendre tout le temps des arrêtés. De l'eau, il en tombe. Mais on ne parvient pas à la garder. Il faut pouvoir connaître la ressource, les possibilités de stockage… » argumente-t-il, « et ne pas attendre d’être dans le conflit » . A cette proposition, Bernard Guillard et Sébastien Amand, président de la FDSEA de la Manche, disent « Banco », tout en rappelant les enjeux de la profession. « L’intérêt pour nous est bien de gérer la ressource. Il n’est pas question de remettre en cause les besoins agricoles ». Mais si ce plan aboutit à « stocker l’eau l’hiver pour s’en servir l’été », alors les exploitants agricoles, toutes productions confondues, y sont favorables.
Et en fonction des décisions, « des fonds publics pourront être mobilisés » assure le préfet de la Manche.
Un regard aidant
Si le sujet de l’eau s’est invité en surprise, le syndicat agricole voulait alerter le représentant de l’Etat aux contraintes de la loi Littoral. Le Gaec Quentin illustre bien la problématique liée à cette loi. Avec une production laitière de 500 000 l et une production légumière de 28 ha (poireaux et jeunes pousses) et 6 ha de serres, le Gaec envisage un agrandissement du bâtiment d’élevage et un à deux ha de serres. Le dossier bloque. Le maire de la commune interroge le préfet et appelle à une bienveillance sur des particularités locales comme aux Pieux. « Je ne fais qu’appliquer la loi » répond Jean-Marc Sabathé. Une loi Littoral qui date de 1986. Mais ce dernier promet « un regard aidant », et prône pour une évolution de la loi. « Cela ne me choquerait pas que des amendements soient apportés » assure-t-il. La profession a voulu également mettre en exergue la difficulté des maraîchers à reconstruire des serres après des dégâts. Le dossier reste un casse-tête, et bien souvent reçoit un refus.