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Eclatage : Elvup met cinq ensileuses dans un mouchoir de poche

Elvup a mis au défi cinq ensileuses. Dans le Perche ornais, la puissance, le nombre de rangs ou la consommation des machines sont presque passés inaperçus. Les zootechniciens se sont concentrés sur la qualité de l’ensilage avec deux critères scrutés : la longueur de coupe et l’éclatage des grains. Les constructeurs ont joué le jeu. Elvup en profite pour sensibiliser les éleveurs à l’éclatage de leurs grains.

Un bon éclatage garantit une valorisation optimale de l’énergie contenue dans le maïs et évite les pertes d’amidon dans les bouses. Encore faut-il le quantifier. Une phrase est souvent répétée par Yann Martinot, directeur technique d’Elvup, aux producteurs de lait : « si on ne mesure rien, on ne voit rien ». Il y a aussi le traditionnel : « pas de mesures, pas de gestion ». Le 5 septembre à Chemilli (61), les éleveurs sont venus et ils ont vu cinq ensileuses de cinq marques différentes dans une parcelle de cinq hectares.  Personne n’est véritablement reparti vaincu de ce défi. Les résultats s’avèrent finalement assez homogènes.
Krone, Fendt, John Deere, New-Holland et Claas se sont affrontés dans ce défi initié par Elvup (anciennement Orne Conseil Elevage). L’organisme de conseil voulait reproduire un chantier classique du département. « Il y a une dizaine d’années, on coupait très court. Cette problématique a bien évolué. On s’aperçoit aujourd’hui que l’éclatage des grains est insuffisant.  Mais, l’indice de fragmentation est trop juste dans une grosse majorité des cas », explique Yann Martinot. Les résultats du jour confirment d’ailleurs ce sentiment. Toutes les marques ont répondu à la même consigne. Les ensileuses ont d’abord réalisé deux passages pour des coupes à 14, 18 millimètres, avec un éclateur réglé à 2 mm. Lors de leur troisième passage, « les firmes  ont mis en avant leur préconisation », précise Olivier Rault, conseiller d’Elvup. Les constructeurs ont réglé leurs machines entre 0,75 et 2 mm.

Des longueurs de coupe respectées
La longueur de coupe ne pose visiblement aucun problème à ces ensileuses. Les consignes sont respectées. « Globalement, on a juste vu un peu plus de déstructuration pour ceux qui ont serré un peu plus. Mais, rien de rédhibitoire pour réaliser des rations maîtrisées. La longueur de coupe est pleinement maîtrisée par toutes les marques », souligne Yann Martinot.

John Deere en tête
En revanche, l’indice de fragmentation ne correspond pas pleinement aux exigences des zootechniciens. Les conseillers d’Elvup jugent qu’un IFG compris entre 50 et 70 % est insuffisant. En dessous de 50 %, il est catastrophique. Au-delà de 70 %, il devient excellent. Certes, les amateurs de John Deere retiendront que leur marque arrive en tête du défi. Cependant, les résultats révèlent de faibles écarts. L’IFG de John Deere atteint 58 %, Krone suit avec 55 %. Derrière, Fendt affiche un IFG de  51 %, New Holland 49 % et Claas 46 %. Selon Elvup, ces « scores » ne s’avèrent pas significatifs d’un point de vue statistique. Le meilleur des éclateurs nécessite avant tout un bon réglage. D’ailleurs avant la promulgation des résultats, Nicolas Dubois, représentant de John Deere, rappelait que : « la forme des éclateurs a peu d’influence. Le serrage et le différentiel de vitesse des éclateurs comptent. Si vous réglez bien votre machine, vous aurez un résultat qui convient aux éleveurs ».

Un éclateur USA pour John Deere, pas de Shredlage pour Claas
Sur ce test, John Deere a monté un éclateur USA. À l’inverse, Claas n’a pas utilisé son éclateur Shredlage. Elvup a néanmoins constaté des résultats encourageants avec cette technologie sur quelques exploitations (lire encadré). De son côté, Fendt mise sur des éclateurs à disques. Ce choix est censé augmenter de 125 % la surface de friction. Krone met en avant ses six rouleaux d’alimentation et son concept Variloc. Cette boîte de vitesse permet de faire varier la vitesse du rotor. Enfin, New Holland souligne que son rotor est « le plus large du marché ».

Peut mieux faire
La moyenne du jour s’établit à 51,7 %. Aucune machine n’a donc réellement comblé les attentes d’Elvup. Les constructeurs peuvent encore progresser. Néanmoins, les conditions du jour, avec des grains secs, n’ont pas favorisé l’éclatage. Ce résultat interpelle cependant Patrice Gauquelin, représentant des entrepreneurs : « plus que le choix des machines, ne faut-il pas adapter les variétés ? » La piste est sans doute à suivre. Les grains des maïs farineux semblent plus propices à l’éclatage. « Ces variétés arrivent sur le marché. Mais, leurs indices ne sont pas encore adaptés à nos conditions climatiques. Le résultat d’aujourd’hui permet de rappeler que c’est le grain qui déclenche le chantier. À 50 % de vitreux, les grains deviennent compliqués à éclater », précise Yann Martinot. Nouvelles variétés ou pas, les constructeurs innovent. L’actualité du monde de l’ensileuse est d’ailleurs marquée par l’arrivée de nouveaux éclateurs.

Des résultats proches de la dernière campagne
Elvup a analysé 77 silos en 2016. Les résultats se rapprochent du défi du 5 septembre. Les IFG étaient de 54,7 % pour Claas,   57,7 % pour John Deere, 59,1 % pour New Holland. Avec un seul chantier réalisé par la Fendt Katana, aucun chiffre n’a été communiqué pour cette marque. Les conditions climatiques influencent aussi ces données. En 2015, l’IFG moyen atteignait 66 %, contre 57 % en 2016.
 

Le Shredlage en attente de confirmation
Elvup a testé le Shredlage de Claas en 2016. Les statistiques sont à interpréter avec précautions. Seuls, trois silos ont été observés. Avec un éclateur classique, les trois fermes n’ont jamais franchi la barre des 70 % d’IFG. En revanche, l’éclatage des grains répond aux attentes d’Elvup avec des IFG compris entre 69 et 80 %.
Les rouleaux éclateurs Shredlage sont rainurés en croix et broient  les grains de maïs par frottement. La technologie Shredlage permet aussi  d’allonger la longueur de coupe. Reste à connaître l’effet sur la production laitière. Elle n’a, pour l’instant, pas pu être quantifiée.

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