Fertilisation
Effet d’un retournement de prairie sur le maïs qui suit


Les enjeux de réduction des coûts de production et de préservation de l'environnement obligent à mieux raisonner les apports d'engrais et les traitements phytosanitaires. Un des moyens est de mettre des prairies temporaires en rotation. Reste à bien gérer le surplus de minéralisation d'azote qui suit le retournement de la prairie. Résultat d'un essai à la ferme expérimentale de la Blanche Maison en 2009.
Plus de 4 tonnes de matière sèche/ha de plus avec le précédent prairie
L'essai réalisé à la ferme expérimentale de la Blanche Maison en 2009 consiste à tester l'effet d'un précédent prairie par rapport à une monoculture de maïs avec dérobée de RGI. Les mesures portent sur le rendement du maïs et l'azote absorbé par le maïs. Le maïs en monoculture est fertilisé avec 40 t/ha de fumier de bovin et 90 kg/ha de starter (18-46). Le maïs qui suit la prairie reçoit uniquement 90 kg/ha de starter (18-46). La prairie est retournée fin février.
Résultats (figure 1)
• Pour les parcelles fertilisées, le rendement de maïs suivant une prairie est de 17,77 t MS/ha au lieu de 13,60 t MS/ha s'il est en monoculture, soit plus de 4 t MS/ha supplémentaire.
•Pour les parcelles témoin (aucun apport d'engrais organique ou minéral), les rendements des maïs qui suivent la prairie sont élevés : 20,06 t MS/ha au lieu de 11,83 t MS/ha pour le maïs en monoculture.
La prairie retournée apporte de l'azote au maïs : 137 kg/ha de plus qu'en monoculture dans cet essai.
Ces résultats se retrouvent dans d'autres essais en Bretagne où l'effet prairie atteint globalement 57 kg/ha d'azote supplémentaire (synthèse de 7 dispositifs expérimentaux). Cet azote libéré par la prairie est par contre très variable. Il dépend de la date de retournement de la prairie, de l'âge de la prairie retournée, du mode d'exploitation, etc. L'effet azote dure environ 3 ans.
Introduire de la prairie temporaire dans les rotations présente donc un atout sur la fertilisation.
Retourner la prairie fin février
Deux dates de retournement de la prairie sont testées : mi-février ou fin avril avant le semis de maïs. Ces dates jouent sur le rendement de maïs. Retourner la prairie en février, soit 3 mois avant le semis de maïs est plus favorable au maïs qui suit que retourner la prairie juste avant le semis. En effet, la prairie retournée doit avoir le temps de minéraliser. L’azote est alors utilisable par le maïs. Au contraire, retournée trop tard, la prairie pénalise le maïs qui suit par le déficit en eau et la minéralisation tardive.
Impacts positifs de la rotation culturale
L'introduction de prairies temporaires dans la rotation est aussi un moyen agronomique pour diminuer les traitements phytosanitaires. Elle contribue à rompre le cycle vital des organismes nuisibles aux cultures, ravageurs, maladies ou mauvaises herbes. Par ailleurs, grâce aux différents systèmes racinaires, le profil du sol est mieux exploré, ce qui se traduit par une amélioration des caractéristiques physiques du sol. La structure du sol est améliorée. Cela limite le compactage du sol et améliore la valorisation des éléments fertilisants par les plantes. La rotation culturale a donc un effet important sur la vie du sol et la nutrition des plantes.
Laëtitia CHEGARD
Chambre d'Agriculture de la Manche
lchegard@manche.chambagri.fr
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