« Encore une fois, c'est le lait cru qui passe à la casserole »
Le 18 septembre, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Calvados envoyait un courrier au Conseil départemental, crèches, mairies et écoles maternelles. Il fait suite aux contaminations E. coli survenues en mai 2018 (11 contaminations, un mort) et en avril 2019 (13 enfants contaminés). La préfecture écrit donc ceci : « les autorités sanitaires recommandent aux populations fragiles de ne pas consommer de lait cru ni de fromages au lait cru. Ces préconisations concernent les jeunes enfants, et particulièrement ceux de moins de cinq ans ». Patrick Mercier, président de l'ODG camembert de Normandie, producteur de fromage au lait cru et bio, est fou de rage.

>> Que pensez-vous de ce courrier visant à protéger les populations les plus faibles ?
C'est de la folie administrative à la française ! À chaque fois qu'il y a un problème d'infection, on pense aux fromages. C'est un non-sens total. Nous sommes une petite fabrication, alors c'est facile de nous taper dessus. Mais la pasteurisation ne garantit pas tout. Des tas de sources de contaminations ne sont pas prises en compte. Encore une fois, c'est le lait cru qui passe à la casserole. On n'interdit pas aux enfants d'aller dans les fast-foods où les risques sanitaires sont beaucoup plus importants : obésité, diabète, hypertension et j'en passe. La malbouffe est généralisée et on ne fait rien contre. Les fromages au lait cru sont responsables de 3 % des infections alimentaires collectives. 52 % d'entre elles sont non élucidées et rien n'a été trouvé dans le lait cru. On prend le problème à l'envers.
>> Comment redorer le blason du lait cru ?
Les gens qui vont bien sont des personnes qui dégustent. Les fromages au lait cru sont diététiques, car ils apportent une sensation de bien-être et de goût. Plus les jeunes sont au contact de sources de bactéries variées, moins ils développent de problèmes tels que l'asthme. Le fromage est un écosystème. Il faut un ensemble de bactéries pour que le contenu intestinal fonctionne. Nous travaillons à plusieurs niveaux pour que le lait cru soit reconnu comme bienfaisant, avec des contaminations positives variées. La filière lait cru met en place des moyens pour gagner en sécurité. Les retours sont positifs. Nous devons réaliser un vrai travail de fonds avec les personnes de l'alimentation. C'est difficile, car l'État consacre de moins en moins d'argent à la recherche.