Fête de l'ensilage à l'ancienne à Chaulieu (50)
Ensileuses bretonnes
Seconde édition de la fête de l’ensilage à l’ancienne le dimanche 14 septembre à Chaulieu (Manche). Rencontre avec Jean Leroy (87 ans) et son fils Didier qui, après avoir vendu des traînées Garnier sorties de l’usine de Redon (35) ont fait fabriquer les premières automotrices en Bretagne.








La maison Leroy, concessionnaire de machines agricoles à Avranches depuis 3 générations et qui fêtera l’an prochain ses 90 printemps, a vendu sa première ensileuse automotrice en septembre 1971. Il s’agissait d’une New Holland 1880, sans cabine, équipée d’un moteur Caterpillar 6 cylindres. L’acheteur ? Rémy Janot, entrepreneur de travaux agricoles dans la Manche. “Tout le monde le prenait pour un fou, se souviennent Jean et Didier Leroy. Mais, grâce à son automotrice, il a assuré le détourage de centaines de parcelles”. Une façon de se faire un nom dans le microcosme de l’ensilage de maïs et une opération marketing façon “radio campagne”.
Encore faut-il préciser qu’il s’agissait en fait de la première automotrice de marque officielle. Car la maison Leroy, sur la base d’une traînée NH 880, a fait fabriquer ses premières automotrices en Bretagne. “Elles étaient dotées d’un moteur de moissonneuse-batteuse 6 cylindres avec transmission par variateur”, commentent MM Leroy père et fils. Ça marchait bien mais on manquait de puissance”.
Les Garnier à volant
A croire d’ailleurs que la Bretagne était à l’époque le pays de l’ensileuse. Car avant les automotrices, la concession manchoise a commercialisé des dizaines de traînées (à un puis deux rangs) à volant (de type coupe-racine) de marque Garnier. Elles étaient fabriquées à Redon et pouvaient recevoir en option un moteur auxiliaire. Le marché oscillait aux alentours des 15 machines par an. La portée un rang (notamment la Fahr) avait aussi quelques adeptes. Avec un 55 cv, elle avalait sa vergée (20 ares) à l’heure. “Toutes ces machines étaient très fiables”, assure Didier. Elles demandaient cependant beaucoup d’entretien notamment du côté des becs avec leurs deux rangées de chaînes. En pleine saison, on en refaisait toutes les nuits”.
Si de grands noms de l’ensileuse traînée ont aujourd’hui disparu, des marques toujours existantes s’y sont essayées sans aller plus loin. C’est ainsi que dans les années 1975, Massey Ferguson a testé un prototype traînée deux rangs, la MF 260 qui n’a jamais été commercialisée sans que l’on sache pourquoi.
Jusqu’à 17 automotrices
L’entreprise Leroy a vendu jusqu’à 17 automotrices en une campagne. Elle a démarré avec New Holland, Hesston et Claas. Une carte obtenue en 1989 avec laquelle elle a détenu 60 % du marché de l’ensileuse sur son secteur (14 machines commercialisées la dernière année). Mais au gré des restructurations imposées par les fabricants au niveau des circuits de distribution, la maison Leroy est orpheline. Un regret pour Didier Leroy. “En ensileuse, la relation avec le client est différente. C’est une relation plus qu’amicale, une relation de professionnel à professionnel (...), analyse-t-il. De plus, c’est très important pour un concessionnaire en terme d’image de marque”. La messe n’est cependant pas définitivement dite. Massey Ferguson pourrait à nouveau s’intéresser au créneau.
Le marché français est certes étroit, il s’est vendu 280 ensileuses en 2007 contre 533 en 1990, mais les biocarburants ont le vent en poupe. Biocarburants comme le myscantus qu’il faut ensiler. Ainsi après l’épopée du maïs, de nouvelles productions pourraient faire le bonheur des fabricants et distributeurs d’ensileuses.
Alors pourquoi pas une nouvelle automotrice dès l’an prochain sur le marché ? Un cadeau d’anniversaire en quelque sorte pour la maison Leroy qui fêtera ses 90 ans en 2009.