CULTURE
Essais céréales bio : des variétés pour la meunerie et pour les éleveurs
En région Basse-Normandie, deux sites d’essais de céréales bio ont été suivis en 2012 : l’un orienté vers les variétés de blé pour la meunerie et l’autre vers les espèces et variétés de céréales adaptées aux éleveurs.



Les blés meuniers : des résultats ornais marginaux
Afin de tester de nouvelles variétés de blé meunier, en mode de production biologique, l’ITAB (Institut technique de l’agriculture biologique) travaille chaque année avec un réseau national, dont la Chambre d’agriculture de l’Orne fait partie, pour mettre en place des essais culturaux.
Conditions pédoclimatiques des essais de l’Orne
L’essai a été implanté après une prairie temporaire de 2 ans, en système ‘‘sans labour’’. Il a été mis en place sous forme de bandes de 30 x 3 mètres, avec trois répétitions, le 24 octobre 2011, à Radon, avec une densité de semis de 350 grains/m². Il a été récolté le 22 août 2012. Les terres sont de type argilo-calcaire.
Des résultats à nuancer
Le graphique 1 présente les rendements et les taux de protéines obtenus pour les 11 variétés testées.La moyenne des rendements obtenus dans l’essai était de 25,6 quintaux/ha ; celle des protéines de 10,7 %. Cette année, les rendements en blé ont principalement été pénalisés par le salissement (les conditions humides n’ont pas toujours permis de passer la herse étrille au moment adéquat) et par les maladies (rouilles jaunes, brunes et fusariose), qui ont touché les variétés les plus sensibles. Les conditions humides du printemps ont également pu limiter la minéralisation.
Objectif protéines
En agriculture biologique, un blé panifiable est vendu environ 400 €/T, alors qu’un blé fourrager se vend autour de 280 €/T. Pour assurer les protéines, il faut prendre en compte la place du blé dans la rotation et bien choisir les variétés semées. Pour pouvoir comparer ces résultats départementaux avec les données d’autres essais, les rendements et les taux de protéines sont indicés pour chaque variétés selon les moyennes (rendements et protéines) obtenues (25,6 qtx/ha et 10,7 % de protéines) (graphique 2).Dans l’idéal, les variétés les plus intéressantes sont situées en haut à droite du graphique 2, puisqu’elles présentent à la fois un rendement et un taux de protéines supérieurs aux moyennes de l’essai. Les variétés les plus aptes à faire de la protéine (blé améliorant) vont généralement être légèrement pénalisées au niveau des rendements : c’est le cas de Saturnus (qui est sensible à la rouille jaune). Togano, que l’on retrouve habituellement dans ce groupe, présente des résultats marginaux dans l’Orne (meilleurs que dans les autres départements du réseau). Il sera remis en essais en 2012-2013 pour valider ces bons résultats.Parmi les variétés présentant un bon compromis entre rendement et protéines, on retrouve Renan et Element, variété nouvellement testée, très haute en paille, mais moyennement couvrante. Dans les variétés mieux adaptées à la production de volumes, on retrouve Attlass (très résistant aux maladies malgré les fortes pressions de cette année) et deux nouvelles variétés testées cette année : Rubisko (très courte mais qui présente un bon pouvoir couvrant) et Flamenko. Les résultats d’Athlon des deux derniers essais sont décevants (en protéines) par rapport aux autres départements. Il sera remis en essai une dernière fois dans l’Orne en 2012-2013 pour valider sa position. Vulcanus, Titlis et Sultan sont un peu décevantes côté rendement, par rapport aux résultat du réseau.En 2012-2013, un nouvel essai sera donc mis en place dans le Perche, pour confirmer la position d’Element, Togano, Athlon et Rubisko, et observer les comportements de huit nouvelles variétés.
Céréales fourragères : duo gagnant pour triticale et seigle
Des essais sur les associations céréales-protéagineux et sur les espèces de céréales adaptées aux éleveurs ont été menés sur la ferme vitrine Reine Mathilde, près de Villers-Bocage (14) (graphique 3). L’essai a été implanté sur des limons argileux-sableux profonds, en précédent maïs. L’essai a été semé le 18 novembre 2011, à 300 grains/m² (350 gr/m² pour le blé), et récolté le 10 août 2012. Les résultats présentent des bons rendements en céréales : jusqu’à 58 qtx/ha en microparcelle. Les résultats obtenus en escourgeon ont probablement été pénalisés par la récolte tardive. Et les sangliers n’ont pas épargné le mélange escourgeon-pois, qui n’a pas pu être récolté. Malgré les conditions humides de cette année, la pression des maladies a été faible (sauf sur Cosmos, qui a été légèrement touché). Le salissement a été bien contenu, particulièrement pour les espèces hautes (triticales et seigles) et pour les espèces qui ont couvert rapidement le sol (triticale et avoine). Pour l’élevage, le meilleur compromis entre rendement grain et paille est décerné, pour la seconde année consécutive, au seigle Dukato, suivi d’Herakles et des triticales (avec une démarcation notable d’Amarillo et de Tribeca, qui ressortent également bien dans les départements voisins). L’avoine noire Une de mai réalise un rendement modeste en grain (28 qtx/ha), mais bien supérieur à Dalguise (avoine blanche) qui décroche cette année. En blé, c’est Oxebo qui tire son épingle du jeu, mais, pour une valeur alimentaire similaire, triticale et seigle seront à préférer au blé pour leur rendement en grain et paille. Les deux variétés d’épeautre testées se valent.Côté mélanges céréales-protéagineux, le triticale-féverole se démarque de par sa richesse en protéines (16,5 %), alors que le mélange triticale-vesce a quant à lui été pénalisé par la disparition précoce de la vesce.
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Jean Laurent (50) : 02 33 06 46 50
Amandine Guimas (61) : 02 33 31 49 92