Filière bois énergie Manche
Et pour quelques plaquettes de plus
On les traitait de rêveurs voilà quinze ans les aventuriers du bois. Aujourd’hui cette matière première ne part plus en fumée au coin des champs. On «cultive » les haies comme n’importe quelle production agricole.

La semaine dernière, la FR CUMA a remis le couvert du bois énergie sur l’exploitation de Francis et Patrick Pelluet. Nouveau coup d’essai qui s’est avéré un coup de maître sur la petite commune de Beauficel (canton de Sourdeval). Les organisateurs ont frôlé la centaine de personnes intéressée par ce nouvel or vert. Troncs, branches, tout passe ou presque dans le broyeur d’où ressortent les fameuses plaquettes. Séchées entre quatre à six mois, elles alimenteront la chaufferie de la maison de retraite locale (EHPAD-fondation Saint Joseph) et d’autres équipements collectifs. Et pour quelques plaquettes de plus, c’est du fioul qui est économisé.
Nouvelle plate-forme
Valérie Letellier, l’animatrice de la FR CUMA, basée à Saint-Lô, a donc repris son bâton de pèlerin pour expliquer l’intérêt de cette énergie renouvelable quasiment à l’infini. Logique, c’est du bois d’où l’intérêt aussi de gérer la ressource bocagère, voir forestière. Albert Bazire, maire de Sourdeval, premier vice-président de la Communauté de Communes du Mortainais, espère beaucoup de cette filière. « Nous allons mettre en chantier une plate-forme de séchage et stockage cette année ». Structure qui sera gérée par Haiecobois, association créée en 2006, assurant la vente de bois déchiqueté. L’un des responsables intervenait d’ailleurs à Beauficel pour expliquer les obligations des agriculteurs. Globalement, les producteurs de plaquettes doivent s’engager dans la démarche pour une durée de trois ans, respecter le cahier des charges, annoncer les quantités disponibles à la vente au 31 mai de chaque année et surtout s’engager dans la réalisation d’un plan de gestion des haies.Les visiteurs au cours de l’après-midi ont pu faire connaissance avec la fameuse déchiqueteuse à grappin (CUMA Ecovaloris) qui avale troncs et branches avec voracité. Les interrogations ont porté sur la durée de séchage ou encore la consommation des chaudières. Chaudières qui peuvent bénéficier, depuis 2009, d’un coup de pouce d’EDF dans le cadre du programme « Eco-Énergies». Le montant du prêt est plafonné à 10 000 € sur six ans. Mais le lingot, pardon la plaquette de bois, sert aussi au paillage végétal ou animal. Dans la Manche aujourd’hui, on se bouscule au portillon du bois déchiqueté. Les chaudières sont fiables et surtout automatisées. « De plus, faire de la plaquette c’est beaucoup moins pénible que des bûches. Les temps de chantiers sont diminués par trois ou quatre » souligne Valérie Letellier. Dans le Mortainais, l’or vert n’est pas rare. Encore faut-il une organisation sans faille à tous les maillons de la filière pour en extraire un maximum de plus-value. « C’est notre optique » lâche Albert Bazire avant de retourner sur le chantier de déchiquetage.