Elevage
Face à l’envolée du coût des aliments, des marges de manœuvre pour les engraisseurs
Réduire les coûts de production et en priorité le coût alimentaire.



Les principales pistes pour réduire le coût alimentaire
Ajuster l’apport de concentré énergétique à la qualité du maïs ensilage et au type génétique des animaux engraissés
Lorsque le maïs est de bonne qualité : récolté au minimum à 35 % MS, avec une teneur en amidon supérieure à 30 %, et 0.80 UFV/kg MS, il est possible de réduire la complémentation énergétique sur les jeunes bovins de type mixte (Normands, Montbéliard) ou laitiers : 1 kg de céréales en moins par jour se traduit par une augmentation de la consommation de maïs : + 1.1 kg MS/jour et une réduction de la croissance en vif de - 40 gr/j ; donc une augmentation de la durée d’engraissement d’environ 10 jours.Dans le contexte des prix actuels, cela se traduit par une réduction du coût alimentaire de 6 à 7 %.Pour les races à viande, l’optimum de complémentation qui garantit à la fois les meilleures performances et la maîtrise du coût alimentaire se situent entre 2 et 4 kg par jour.
Adapter la complémentation azotée au plus juste
D’après les essais réalisés par l’Institut de l’Elevage et ARVALIS, il n’est pas nécessaire de dépasser les 100 g de PDI/UFV dans les races à viande et les 90 g PDI/UFV en types mixtes et types laitiers (tableau 1).
Assurer l’équilibre minéral sans trop dépenser
Avec les rations à base de maïs ensilage, complémentées en azote par des tourteaux ou des coproduits riches en phosphore (T. colza, corn gluten, drèches de blé…), des économies sont possibles tout en maintenant un équilibre compatible avec les performances recherchées, en utilisant des formules sans phosphore, fortement dosées en calcium et correctement supplémentées en oligo éléments et vitamines à raison de 80 à 100 g/jour.
Remplacer les céréales comme source d’énergie et les tourteaux comme sources de protéines par d’autres matières premières
En fonction des disponibilités, il est tout à fait possible de remplacer le blé par un autre aliment, riche en énergie de même que de substituer le tourteau de soja par un autre produit riche en protéine. Ces substitutions doivent être raisonnées en fonction de la disponibilité des produits, de leur coût et de leurs valeurs alimentaires (tableaux 2 et 3).
Penser aux coproduits issus des cultures énergétiques
Des expérimentations conduites en 2010 et 2011 à la ferme expérimentale de St-Hilaire en Woëvre (55) prouvent que les coproduits issus des biocarburants, ou de l’amidonnerie permettent d’obtenir de très bonnes performances.Moyennant une grande rigueur lors de l’arrivée des broutards : transition alimentaire, surveillance quotidienne, mise à disposition de paille de qualité, ces régimes n’ont provoqué aucun problème métabolique (tableau 4).
Dans ces essais, les régimes à base de coproduits, qu’ils soient sous forme sèche ou semi humide ont permis d’obtenir de très bonnes performances proches du régime témoin.Ces coproduits peuvent aussi être intégrés dans des rations à base de maïs ensilage, ou de pulpe sur pressée pour remplacer tout ou partie des céréales et du tourteau.Ils constituent donc une opportunité pour les engraisseurs de jeunes bovins à condition que leur prix reste compétitif vis-à-vis des aliments classiques .Il faut aussi s’assurer de leur disponibilité sur le moyen terme et de la constance de leur composition.
Conserver la maîtrise technique de l’atelier
A côté de ces solutions qui permettent d’économiser quelques euros par tête sur le coût alimentaire, il ne faut pas perdre de vue que l’équilibre économique très fragile de cet atelier passe par une parfaite maîtrise technique qui commence dès l’arrivée des broutards en respectant les règles suivantes.
- Une prévention sanitaire “tous risques”
A l’arrivée des broutards pour renforcer les défenses naturellesApport dans l’eau de boisson (avec une pompe doseuse) :
- aspirine (3 premiers jours) : prévention contre les effets liés au stress du transport ;
- vitamine C (6 premiers jours) : favorise la résistance des animaux ;
- propylène glycol (10 premiers jours) : apport de glucose pour combattre l’état dépressif des animaux lié au changement de mode de vie.
Suivi systématique des températures corporelles pendant les 8 premiers jours- si température > 39.5°C : traitement antibiotique + traitement anti-inflammatoire.
Les maladies respiratoires
Des mesures sanitaires (pour réduire le stress des animaux et assurer leur confort et leur bien-être) + vaccinations :
- traitement contre les virus : RSV, PI3, BVD et IBR ;
- traitement contre les bactéries : Pasteurelles.
L’antérotoxémieTransition adaptée + vaccination.
Les anti- parasitaires
Strongles : traitement systématique.
Douves : traitement systématique.
Paramphistomes et coccidiose : traitement uniquement si signes cliniques et recherche du parasite (sérologie, coprologie).
La transition alimentaire : savoir prendre son temps
- Apporter à volonté, dès le sevrage, de la paille alimentaire de bonne qualité ou du foin tardif récolté dans de bonnes conditions. Ne pas hésiter à “remuer” la paille tous les jours.
- Augmenter progressivement la céréale à raison de 1 kg par semaine en deux fois (ex. : 0.5 kg d’augmentation le lundi et le jeudi).
- Distribuer progressivement le correcteur azoté.
- Surveiller avec attention le comportement des animaux, la consommation et les bouses.
- Pour les animaux complémentés sous la mère, adapter la durée de transition en fonction de la connaissance du niveau de la complémentation du broutard. Une place à l’auge pour chaque animal est indispensable (50 cm), au moins durant la phase de transition.