FDSEA 50 : la veille les carottes étaient espagnoles
Vendredi 24 mai, la FDSEA de la Manche a contrôlé les rayons de deux supermarchés à La Haye-du-Puits, et plus précisément la provenance des carottes. La veille, elles étaient d'Espagne. Ce jour-là, de France ! Le syndicat veut dénoncer l'importation de denrées étrangères, produites avec un pesticide interdit en France.

Mardi 21 mai, des carottes en provenance d'Espagne étaient dans les étals du supermarché, Carrefour Market, à la Haye-du-Puits. Trois jours après, lors d'une visite des responsables syndicaux, Anne Jeanne, secrétaire générale de la FDSEA, Jean-Luc Leblond, président de la section légumes du syndicat, et Mathieu Joret, producteur à Saint-Germain-sur-Ay, et président du syndicat des producteurs de carottes indépendants, quelques carottes françaises étaient disposées dans les étals. Mais les carottes espagnoles avaient disparu. Alors la question est directe quand le responsable du rayon fruits et légumes, Fabien Bernard, arrive. « Où sont-elles ? », interrogent les responsables syndicaux, en montrant la photo prise trois
jours avant. « Elles sont parties, elles sont vendues », affirme-t-il. Une réponse qui ne satisfait pas les responsables syndicaux. Alors, ils se sont dirigés vers les frigos, là où encore il n'y avait pas de traces de ces carottes espagnoles.
Des produits du catalogue
A quelques pas, chez le discounter Aldi, les carottes semblent françaises. Le lieu de conditionnement est indiqué à côté du numéro de lot. « Mais où est ce numéro ? », s'interroge Mathieu Joret. La responsable du magasin montre les documents, indiquant France. Du côté de chez Carrefour Market, « la politique est de travailler avec du local comme la salade de Lessay en priorité. Après, il y a des produits qui sont sur le catalogue que je suis obligé d'avoir. Les clients le demandent », se justifie Fabien Bernard.
De la carotte de frigo
Pour autant, les producteurs se disent vigilants. « On va continuer à surveiller et à faire des passages dans les magasins de façon à contrôler qu'il n'y ait pas de carottes espagnoles, ou de pays autorisant le pesticide, le 1,3 D, interdit en France. Il y a l'Espagne, l'Italie, le Portugal », prévient Jean-Luc Leblond. « Aujourd'hui, on dit vouloir consommer local et frais. C'est totalement paradoxal. Il ne faut pas se tromper. Les carottes ont 6 à 8 mois de frigos, récoltées en octobre et qu'on ressort aujourd'hui », poursuit-il.
Des consommateurs trompés
A cela s'ajoute l'article 44 de la loi Egalim qui pour eux n'est pas du tout respectée. « Le principe de précaution utilisé par l'Etat n'est pratiqué qu'à la production et non à la consommation. A partir du moment où vous retrouvez des légumes avec des pratiques interdites en France et en Europe, c'est la preuve que l'Etat ne contrôle pas la production vendue aux consommateurs. Ces derniers ne savent même pas comment sont produits ces légumes. Ils sont tout simplement trompés », affirme Anne Jeanne.
Des producteurs sans solution
Sur la côte Ouest, les producteurs de carottes restent « sans solution ». Depuis un an, ils se battent pour qu'un plan de soutien soit mis en oeuvre. Mais aucune aide n'est arrivée dans les exploitations. « L'année dernière, 260 ha n'ont pas été emblavés. Cette année, c'est au tour de 1 000 ha », avance Jean-Luc Leblond. Les décisions tardent à venir pour pouvoir prévoir l'assolement. Quant au plan de mutation pour les cinq ans à venir, « il faut qu'il traverse toutes les administrations. C'est très long », se désole le producteur. « Tant que notre plan de mutation n'est pas accepté dans de bonnes conditions, nous allons rester mobilisés pour permettre un minimum de productions sur la côte ouest. A termes, il y aura moins de productions, moins d'emplois mais on veut garder le label, notre notoriété » complète-il.
Le bio étranger à la pelle
Même si ce n'était pas le sujet de l'action, les producteurs ont bien vu des carottes bio de Belgique à Carrefour, des carottes bio d'Italie à Aldi, ou encore des courgettes et des tomates d'Espagne, des champignons de Belgique. « Là encore, le bio des autres pays ou le bio français ne répondent pas au même cahier des charges », souligne Anne Jeanne, qui invite les consommateurs à « manger local, et surtout français », conclut-elle.