FDSEA 50 : l’élevage manchois reste en danger
L’heure de mobilisation a sonné. Les agriculteurs manchois repartent au combat après une année 2015 difficile, qui a enregistré une perte de 210 millions d’euros de chiffre d’affaires. Explications avec son président, Sébastien Amand et le secrétaire général, Jean-Michel Hamel

En 2015, pas moins de 42 jours d’actions ont été comptabilisés. Sans compter les réunions syndicales, les rencontres de terrain. C’est dire si la FDSEA est allée au combat ces douze derniers mois. Pour autant, le constat est amer voire « affligeant », aux dires du président de la FDSEA de la Manche, Sébastien Amand. « 2015 a été difficile économiquement ,» note-t-il. « Certes, le monde agricole a connu d’autres crises, n’empêche qu’on ne voit pas le bout du tunnel, » poursuit-il.
Une enveloppe insuffisante
Le plan de soutien décroché en septembre grâce à une forte mobilisation a été « un peu long à l’allumage, » reconnaît-il. Pour autant, l’enveloppe n’est pas suffisante. « Il va manquer autour de six millions d’euros pour le département de la Manche, » déplore-t-il. Par conséquent, la première demande pour 2016 c’est avant tout un allongement de l’enveloppe pour répondre à l’ensemble des dossiers. « C’est un plan de soutien et non un plan de sauvetage que nous voulons. On fait du conjoncturel alors que la problématique est structurelle ».
20 % de casse
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, avait annoncé l’été dernier que « près de 10% des exploitations d'élevage, soit entre 22 et 25.000, étaient au bord du dépôt de bilan ». Six mois plus tard, les chiffres sont encore plus dramatiques. « Même si nous n’avons pas tous les résultats d’exercice, au niveau national, 20 % des éleveurs sont en situation dramatique, » indique Sébastien Amand.
« Et il est fort possible qu’on soit davantage impacté dans la Manche, » précise Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA de la Manche.
Piocher dans ses économies
Si les jeunes sont plus durement touchés, en raison de l’absence de capitaux propres, l’ensemble des éleveurs est concerné. « La pilule est aussi difficile à avaler quel que soit l’âge, la production ou la taille de l’exploitation. Aujourd’hui, dans le meilleur des cas, ceux qui ont des fonds personnels ont été obligés de piocher dedans. Mais certains n’ont pas de réserve, » insiste le président départemental. En 2015, le chiffre d’affaires enregistre une perte de 210 millions d’euros (40 millions d’euros pour la viande bovine, 38 pour les porcs, 6 pour les légumes, 116 pour le lait et 11 pour la baisse de la PAC). Ce qui conduit Sébastien Amand à marteler que « l’élevage est en danger. Le salaire moyen d’un exploitant manchois est de 3 €/h ». Et il aimerait que les citoyens se sentent concernés par cette problématique agricole. « Nous avons le soutien de la population, » reconnaît-il, notamment au moment des manifestations mais « l’avenir de la profession est un vrai enjeu de territoire. C’est le poumon économique à protéger ».
La RHF
La restauration hors domicile a été ciblée lors des manifestations de contrôle cet été. Et les agriculteurs continuent à pointer du doigt cette RHF qui selon eux a sa part de responsabilité. « Il faut qu’on montre l’exemple. On peut apporter une alimentation de qualité, » assure Sébastien Amand. Et si la Région Normandie entend avancer dans ce domaine, les agriculteurs comptent bien participer activement. « Nous n’allons pas laisser le président région seul. Nous pouvons être utiles de par nos réseaux. Qui sont les mieux placés pour promouvoir les produits ? Ce sont bien entendu les producteurs, » indique le président de la FDSEA.
Les actions reprennent
Les JA ont débuté de nouvelles actions jeudi dernier. Les Bretons ont repris également le mouvement les jours précédents. Et la FDSEA va aussi repartir au combat. « On n’a pas le choix que de continuer à mettre la pression, » assure-t-il. « On ne peut pas laisser 20 ou 30 % des exploitations sur le bord de la route, » ajoute Jean-Michel Hamel.
Mais pas question de faire des coups d’éclat. La mobilisation s’inscrit plutôt dans le temps. Parce que pour les responsables syndicaux, des leviers sont encore possibles. « C’est l’accompagnement fiscal et social de l’agriculture, auquel s’ajoute l’emploi. Comment fait-on pour que notre tissu agroalimentaire normand puisse être compétitif sur le marché de l’export. Et il reste encore une certaine latitude aux états membres pour avancer dans ces trois domaines ».
Ces prochaines heures, ces prochaines semaines seront à nouveau mouvementées. L’appel à la mobilisation est là. Les agriculteurs ne sont pas prêts à baisser les bras.