FDSEA-JA 61 : les candidats aux législatives se mettent à table
Les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA de l’Orne ont organisé une « grande audition des candidats » aux prochaines élections législatives, programmées les 11 et 18 juin. Pour favoriser l’échange, cinq tables ont donc été dressées sur l’exploitation du GAEC Saillard, à Villebadin.

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont choisi un cadre champêtre pour leur premier contact avec les candidats aux élections législatives. 15 sur 34 ont répondu présents et une dizaine s’est excusée. « Rares sont ceux qui ne portent pas d’intérêt à l’agriculture », soulignent les organisateurs de la journée.
Le syndicalisme provoque le dialogue
Sur chacune des cinq tables, un représentant des JA et un de la FDSEA ont interpellé les candidats. « On a tiré au sort les placements des uns et des autres. Nous n’étions pas dans le débat entre candidats et nous avons pu avoir des échanges sains », se réjouit Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA de l’Orne. Le dialogue s’est révélé généralement constructif selon les responsables syndicaux. « On avait parfois en face de nous des gens novices en politique. Ils se sont exprimés du fond du cœur. C’est riche aussi d’avoir leur vision de l’agriculture ». Cependant, les échanges se sont aussi montrés parfois un brin démagogique. « On a des partisans de la démondialisation qui veulent tout casser. On a l’impression que certains sont déconnectés », constate Dominique Bayer, responsable de la section viande de la FDSEA 61.
Des divergences avec les positions nationales
Lors des débats, le bio revient parfois sur la table. Cependant, les positions ne sont pas toujours aussi radicales qu’il n’y paraît. Ainsi, Pierre Ristic, qui se présente sous l’étiquette Europe Écologie les Verts (EELV) à l’Aigle, tente le consensus. « L’agriculture structure le territoire, on se rejoint là-dessus. Il y a une écologie rurale à construire. Avec la FDSEA et les JA, il y a beaucoup plus de choses qui nous unissent que d’éléments qui nous divisent. Le bio qui vient de l’autre bout de la terre ne m’intéresse pas. Une agriculture responsable à proximité des consommateurs a plus de valeur pour moi ». Sur l’autorisation du glyphosate, le candidat EELV prend ses distances avec les positions des instances parisiennes du parti. « Je ne suis pas encarté EELV. Je peux me permettre quelques nuances. On ne peut pas changer les techniques du jour au lendemain. Rien ne justifie le glyphosate vendu au grand public, il doit être réservé aux professionnels. Après, je suis forcément favorable à une diminution globale des phytosanitaires ».
Un premier contact pour travailler après les élections
Parmi les candidats présents, se trouvent certainement de futurs élus. L’occasion pour le syndicalisme de passer quelques messages. « Je pense que le pari est plutôt gagné. Nous étions là pour leur rappeler les réalités du terrain. Tout candidat était bienvenu. Nous les avons tous écoutés. Nous leur avons aussi demandé plus de libertés pour être compétitifs. Une fois les élections passées, notre objectif est de réunir les élus pour travailler ensemble. Il ne s’agit aujourd’hui que d’un premier contact », explique Damien Louvel, coprésident de Jeunes Agriculteurs. À sa table, Denis Genissel, secrétaire général des JA, a apprécié les débats. Certes, tous les dossiers agricoles sont loin d’être maîtrisés, « mais il y a une volonté d’écoute. Le souci des zones défavorisées a besoin d’être expliqué. J’ai quand même senti une bonne connaissance des enjeux locaux. De notre côté, nous voulions montrer que nous n’étions pas dogmatiques ». Peu importe le gagnant, les syndicalistes tentent de marquer les futurs parlementaires à la culotte. Ils anticipent d’ailleurs certains comportements... « Quand on demande qui doit décider des questions du développement et des questions agricoles ? Ils sont assez unanimes et nous répondent les consommateurs et les politiques, car ils payent. Je suis assez choquée qu’on oublie les agriculteurs. Nous voulons participer aux propositions concernant l’agriculture. On a recadré les choses », insiste Anne-Marie Denis.
Des propositions concrètes
Après avoir écouté les candidats, les représentants de la FDSEA et des JA ont transmis des propositions concrétées. Y figure en première ligne l’instauration d’une TVA sociale. Celle-ci permettrait de supprimer totalement les cotisations famille et maladie des agriculteurs, soit 8,29 points de cotisations sociales. Toujours dans une logique de compétitivité, les syndicats souhaitent augmenter le taux du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, et simplifier les normes existantes. La FDSEA et les JA militent également pour une remise à plat de la loi de modernisation de l’économie. L’idée est de rééquilibrer le rapport de force avec les transformateurs et les distributeurs. Affaire à suivre.