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Manche
FDSEA : portes ouvertes sur les Présidentielles

«Nous voulons faire passer deux messages lors de cette assemblée générale. Tout d’abord le rôle de l’agriculture sur le territoire rural, puis la place du syndicalisme agricole dans la gouvernance territoriale » annonce d’emblée Pascal Férey, président de la FDSEA. « Certains considèrent que nous sommes des sous-représentants du monde rural. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’une table ronde ouverte,dans le cadre des élections présidentielles et législatives ». Table ronde étonnante et détonante, orchestrée par Jacques Hébert, ancien journaliste vedette du 20 h à la fin des années 1970, aujourd’hui conseiller en communication.

Les élus ont la parole


Tout change, même les assemblées générales. Vendredi matin, la FDSEA a tenu une réunion à huis clos sur sa politique interne ; place l’après-midi au spectacle. Finies les discussions politico-agricoles à rallonge mais plongée sur les rapports entre agriculteurs et décideurs politiques. Invités du plateau, Jean Bizet (UMP), Anne-Marie Cousin (Nouveau centre), Stéphane Travert (PS) et Mickaël Marie (Europe Écologie Les verts). La salle de Condé sur Vire, bondée, s’attendait à de belles passes d’armes ; chacun a mis de l’eau dans son vin pour faire avancer le débat sur une ruralité qui intéresse tout le monde, dont les agriculteurs sont les occupants « historiques » mais aujourd’hui contestés. Bref, quelques coups de fleuret mouchetés, notamment sur le comportement d’associations environnementales, ont émaillé l’après-midi. Le débat était donc passionnant. Pensez-donc, une belle brochette de « politiques » passée au grill des questions posées par trois responsables FDSEA avec, parfois,  des ondes positives entre un fervent des OGM, Jean Bizet , et un Écologiste pur et dur, Mickaël Marie. En final, tout ce petit monde, président de la Région Laurent Beauvais en tête,  sans oublier le représentant du Conseil Général Philippe Bas, a positionné le syndicalisme majoritaire comme indispensable et incontournable.
Territoires dynamiquesPremier à ouvrir la boîte de Pandore, Philippe Faucon. Mettant en avant le poids des filières manchoises et normande (amont et aval), le vice-président de la FDSEA 50 a appuyé là où ça fait mal, le foncier. « Le grignotage de notre SAU s’effectue doucement mais sûrement et les nouveaux zonages de protection (zones humides, trame verte, bleue etc.) en rajoute une couche. Que comptent faire les élus pour maintenir et développer le potentiel agricole » ? Réponse unanime des quatre invités, « l’ensemble des élus doit faire attention à ne pas grignoter l’espace rural ». Vœux pieux ? Il ne semble pas. Stéphane Travers, par exemple, estime que l’agriculture en Normandie, « c’est de l’or blanc. Les pêcheurs rencontrent actuellement les mêmes problèmes. Les filières agricoles ont une chance, elles ne sont pas délocalisables ». Mickaël Marie, lui-même, rejoint le consensus, « je suis d’accord notamment avec Jean Bizet sur l’importance de la production agro-alimentaire, dans le cadre de pratiques respectueuses de l’environnement ». Et Jacques Hébert de conclure sur le sujet, « Philippe Faucon a réussi un exploit, arriver à mettre tous les partis politiques d’accord». Marie-Ange Dubost de son côté met l’accent sur les services en milieu rural. « Rendons les territoires dynamiques, évitons les déséquilibres en matière de services, comme les services médicaux ». Même unanimité de la table ronde, « les agriculteurs sont au cœur de la problématique sociale sur de nouveaux territoires ». Qui dit attractivité intègre formation. « Les jeunes doivent non seulement pouvoir étudier sur place mais aussi trouver du travail dans leur département et non plus émigrer sur les métropoles régionaleTrop de contraintes

Thierry Chasles avec son franc-parler bien connu de tous s’est évertué à titiller Gauche, Droite Centre sur la nouvelle gouvernance pour ces fameux territoires ruraux. « Périmètre de captage, SCOT, PLU, SCAP, SAGE, Trames Verte et Bleue, j’en passe et des meilleurs, ou allons-nous ! » Et de citer l’exemple d’une porcherie à Raids munie de l’indispensable sésame d’autorisation d’exploiter, en dessous des normes, qui aujourd’hui doit prouver sa bonne foi en matière de risque environnemental. « Sur 300 sites protégés en France, 100 sont situés en Normandie. Avec de telles contraintes, comment un agriculteur peut-il investir ?” Anne-marie Cousin regrette que le monde paysan ne soit pas systématiquement associé aux décisions des PLU. Mickaël Marie, concerné au premier chef par l’affaire de la porcherie de Raids, souligne, « même si je ne connais pas le dossier particulièrement, les écologistes ont alerté depuis longtemps sur cette problématique ». Jean Bizet résume l’ensemble du problème, « beaucoup de gens qui ne connaissent pas l’agriculture s’arrogent le droit de la diriger. La Manche ne doit pas payer pour des erreurs faites de l’autre côté du Couesnon ». Et d’enfoncer une dernière banderille, « Manche Nature Environnement empêchent de créer des richesses, uniquement par idéologie ».Pascal Férey “Nous revendiquons d’être agriculteurs”



Dans son discours de fin d’AG, succédant à Jean-François Bouillon (JA), le président de la FDSEA a entamé un véritable pladoyer, non seulement pour l’agriculture, mais aussi le syndicalisme. “Nous revendiquons le fait d’être des producteurs avec une indépendance vis à vis de toutes les contraintes qui se cumulent d’année en année. Que dire aux jeunes ? Que notre métier soit reconnu. Nous devons nous battre pour redonner une équité aux paysans. Les politiques doit stopper cette folie de mettre en coupe réglée notre territoire”. S’adressant aux invités politiques, tous partis confondus, Pascal Férey avertit, “si, nous syndicalistes majoritaires, ne déplaçons pas le débat agricole sur le terrain politique, rien ne sera possible. Attention à une Europe trop régulatrice de notre agriculture. Que l’on ne s’y trompe pas. Il ne faut pas regarder en arrière, ce serait une aberration”. Sur les nouveaux circuits courts de distribution, le président de la FDSEA reste nuancé, “nous en sommes partisans, mais ne tournons pas le dos aux “conventionnels” qui créent de la plus-value et de l’emploi”. A moins d’un an des élections Chambre, Pascal Férey a annoncé une liste avec les JA. “Notre syndicalisme a toute sa place car il est un modèle. Nous demandons avant tout une reconnaissance du travail effectué et que l’on nous respecte”.
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