Liniculture
Filles et fils d’agriculteurs défilent pour Linfini
Le lin sera très tendance en 2010. Tant mieux pour les liniculteurs de Caen-la-Mer qui cultivent la petite fleur bleue. Pendant ce temps, leurs épouses créent des modèles de vêtements et tiennent boutique à l’usine (de teillage). Quant aux enfants, ils défilent sans complexe tout de lin habillés. Une histoire de famille.
Le lin sera très tendance en 2010. Tant mieux pour les liniculteurs de Caen-la-Mer qui cultivent la petite fleur bleue. Pendant ce temps, leurs épouses créent des modèles de vêtements et tiennent boutique à l’usine (de teillage). Quant aux enfants, ils défilent sans complexe tout de lin habillés. Une histoire de famille.
Le maire de Villons-les-Buissons, bourgade située au nord de Caen (14) est un homme comblé. Depuis le 2 octobre dernier, sa commune abrite un commerce, le seul, “Linfini”. Une boutique de vêtements et linge de table en lin aménagée dans les locaux de la coopérative Agricole Linière du Nord de Caen. Son deuxième satisfecit, c’est un défilé de mode de printemps qui s’est tenu, vendredi dernier, dans la salle communale. Un évènement qui a réuni plus de 250 convives et qui participe à l’animation en milieu rural. Pas encore de journalistes de mode à ce rendez-vous mais la presse agricole était là.
Infiltrer le circuit
“Linfini” est un magasin à l’usine, pas un magasin d’usine. Nuance. Car ici à Villons-les-Buissons, sans doute l’un des meilleurs terroirs liniers de France (donc du monde), on cultive le lin, on le teille et après, on fait comme les autres, on vend la filasse aux Chinois. Des Chinois qui filent, qui tissent, qui cousent et réexpédient partout dans le monde leurs vêtements “made in China”. Un circuit qui n’enrichit guère le liniculteur confronté à un marché atone et encore moins l’ouvrier asiatique payé quelques dollars. Des gagnants, il doit cependant bien y en avoir : sans doute quelques intermédiaires, la distribution, les créateurs...
Quelque chose qui ne pouvait évidement pas satisfaire Henri Pomikal, le jeune président de la coopérative linière. Un adepte de “la fourche à l’assiette”. Un voyage en Chine, le hasard des rencontres et surtout la dynamique de groupe insufflée au sein de la coopérative ont permis de jeter les bases d’un projet un peu fou. Faire fabriquer au nom de la coopérative sa propre ligne de vêtements et la commercialiser en direct histoire de ne pas laisser filer les marges.
Succès commercial
Le magasin, d’où l’on peut entendre les chaînes de teillage, a ouvert le 2 octobre dernier. Mis sur orbite grâce à la FIC (Foire Internationale de Caen), le succès commercial a été immédiat. Tant mieux pour la famille car cette aventure est une histoire de famille. Toute la famille “Lin” est mise à contribution. Les hommes aux champs pour cultiver et enrouler un lin de qualité. Les femmes d’administrateurs qui se réunissent pour imaginer et dessiner les modèles de demain et qui tiennent bénévolement la boutique (le vendredi après-midi et le samedi toute la journée). Enfin les enfants “Lin” qui jouent les mannequins le temps d’un défilé. Le président ne se défile pas non plus : sa femme, sa fille, son fils sont mis à contribution.
En infiltrant le circuit, la coopérative n’a pas courcircuité la Chine. Son savoir-faire, sa réactivité et ses faibles coûts de production en font un passage obligé. N’empêche, les vêtements “Linfini” sont désormais un peu plus Normands. Peut-être qu’un jour, du côté de Villons-les-Buissons, on entendra dire : “le lin, ça eut payé et ça paye encore !”