FRSEA et JA de Normandie dialoguent avec Mc Do
Une délégation de la FRSEA et des JA de Normandie a rencontré les responsables de Mc Donald’s vendredi dernier à Caen. Bilan de cette rencontre avec Pascal Férey, vice-président de la FRSEA de Normandie.

>> Quel était l’objet de votre rencontre avec le groupe Mc Donald’s ?
Le groupe nous a proposé une rencontre à l’occasion de sa tournée des régions où des agriculteurs travaillent en contrat. Nous avons fait le point sur l’organisation de leurs filières d’approvisionnement, les conditions des contrats, l’évolution de la restauration hors foyer.
>> Et qu’en ressortez-vous ?
L’intérêt de ce type de rencontre, c’est d’échanger sur les attentes des consommateurs et la manière dont les enseignes pensent y répondre. Nous avons ainsi constaté l’attachement, et les difficultés, de Mc Donald’s à s’approvisionner en France pour répondre à la demande de ses clients. Cela confirme que les consommateurs français veulent acheter des produits français et manger français. Cela valide la démarche engagée par la FNSEA et les JA en faveur de l’étiquetage des produits transformés, y compris les produits servis en restauration hors foyer.
>> Oui, mais c’est une démarche commerciale…
Mais on ne vendra pas aux consommateurs des produits qu’ils n’ont pas envie d’acheter. Il faut donc repérer ces attentes et les satisfaire.
>> Cela va-t-il dans le sens d’une meilleure qualité des produits servis dans ces restaurants ?
Attention à la notion de qualité. Leurs clients viennent manger des steaks hachés. On voit bien que les marchés se distinguent les uns des autres. Il y a de la place pour la viande issue des animaux de race à viande, et d’autres marchés pour de la viande de moindre qualité valorisée sous d’autres formes que les clients attendent. Nous devons être pragmatiques sur ces sujets. Les habitudes des consommateurs évoluent et il n’est pas exclu que des morceaux nobles trouvent leur place dans la restauration rapide.
>> Et sur le plan environnemental, de quelle manière Mc Donald’s répond-il à l’attente des consommateurs ?
Mc Do a validé une charte agroécologique. Je reste dubitatif sur ce sujet parce que les éléments qui figurent dedans ne sont pas chiffrables. L’enseigne elle-même avance prudemment sur le sujet. Elle est dans une démarche commerciale mais, à la vérité, elle ne semble pas bien savoir comment vendre de l’agroécologie à ses clients, mais peut-on vendre l’agroécologie à des non-initiés ?
>> Ce n’est pas banal pour vous de discuter avec cette enseigne, symbole de la malbouffe ?
Une fois de plus, nous devons être réalistes. Je laisse aux critiques gastronomiques le soin de décerner les bons et les mauvais points aux restaurants. D’ailleurs, je voudrais être certain que ceux qui critiquent cette enseigne n’y ont jamais conduit leurs enfants. Au-delà de sa réputation, cette enseigne est leader sur ce marché. C’est donc un client incontournable pour notre agriculture. Il est de notre responsabilité de parler avec tout le monde car nous avons besoin de tous les débouchés. Si tous les restaurants collectifs, y compris la restauration publique, avaient le même taux d’approvisionnement français que Mc Donald’s, on n’en serait sûrement pas là en agriculture. C’est donc un contact qui s’inscrit dans notre volonté de reconquérir le marché intérieur. D’autres rencontres suivront avec d’autres chaînes de restauration.