Hervé Marie (FDSEA 50) : « Nicolas Hulot, cet enfant gâté »
Retour sur la collation syndicale mais aussi sur l’actualité de rentrée avec Hervé Marie.

>> Quel est le principe de ces collations ?
C’est de réunir les adhérents sur un site d’exploitation tournant sur le canton pour avoir une discussion à bâtons rompus sur les sujets du moment. Il n’y a pas d’ordre du jour vraiment établi. L’objectif est d’en tenir au moins une par an et par canton. Ça vient en plus des réunions des unions cantonales, le soir, en salle. C’est un moment de convivialité aussi autour d’un buffet et l’occasion de voir des têtes nouvelles.
>> Que faut-il retenir de ces échanges ?
Que si l’aspect économique concernant le prix des différentes productions payé aux agriculteurs génère beaucoup d’incertitude, le sujet du moment, c’est le niveau des stocks fourragers.
>> Herbe, maïs, blé, le grenier manchois va-t-il faire le plein ?
Sur notre canton, les niveaux de stocks fourragers sont très hétérogènes. La bande côtière souffre mais les zones de marais sont moins impactées. Cependant, s’il y a un problème de volume ici ou là, la qualité des foins et des ensilages d’herbe est au rendez-vous grâce à une météo favorable.
Concernant les maïs, les rendements seront également hétérogènes. Reste la moisson : médiocre en volume avec des rendements oscillants de 45 à 70 qt et forcément, quand il n’y a pas de blé, il n’y a pas de paille.
>> La stabulation départementale va donc manquer de litière ?
La demande a été faite à la FDSEA de réfléchir aux différentes alternatives à la paille. L’idée serait de privilégier la paille pour les laitières et les veaux et d’utiliser des sous-produits, pas exemple la sciure de bois, pour les autres animaux.
>> Les déboires de certaines entreprises laitières sur le marché chinois font beaucoup parler ?
Tout le monde n’est pas producteur MLC (Maitres Laitiers du Cotentin) mais le sujet a été évoqué bien sûr. Mais évoqué de façon pondérée, chacun a bien conscience que c’est l’image de la Normandie laitière à l’international qui est en jeu. Pour résumer, chacun s’accorde à reconnaitre qu’il y a un problème et qu’il faut le régler au plus vite.
>> Mais pour le syndicaliste que vous êtes, il s’agit d’un problème technique ou d’une question de solvabilité du partenaire chinois ?
Il y a sans doute un problème technique mais nous subissons aussi un effet ricochet de l’affaire Lactalis qui a conduit à bloquer des certificats d’exportations. Dans ces affaires, tout le monde se retrouve dans le même bateau alors attention à ne pas trop crier au loup.
>> Bientôt les élections à la chambre d’Agriculture, ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?
Ni l’un, ni l’autre. Nos adhérents n’en font pas une priorité immédiate. Janvier 2019, c’est encore un peu loin. Néanmoins, chacun a conscience de l’importance de la représentativité syndicale. Si nous gagnons, ce sera plus facile de défendre nos adhérents et de mettre en place la politique que nous avons coconstruite. Dans le cas contraire, ce sera plus compliqué...
>> On cultive la carotte dans ce canton. Elle pourrait avoir de plus en plus de mal à prendre racine ?
Alors que ce produit est autorisé partout en Europe, nous ne comprenons pas cette volonté franco-française qui vise à interdire le 1.3D (dichloropropène), un produit qui met en dormance les nématodes le temps de pousse de la carotte. On ne retrouve aucun résidu, ni dans la carotte, ni dans la terre, ni dans l’eau. Le seul danger qu’il puisse présenter, et c’est vrai pour tous les produits phytosanitaires, c’est pour l’utilisateur au moment de sa manipulation.C’est d’ailleurs pour cela que nous passons des certiphytos.
Aujourd’hui, c’est sur les légumes. Demain, ce pourrait être sur toutes les cultures...
>> Quelles pourraient en être les conséquences ?
C’est l’avenir des producteurs de carottes dans 4 communes du canton qui est remis en cause mais pas que... Les légumiers contractualisent avec les éleveurs du fumier qu’ils épandent après le semis pour éviter le « volage » des graines.
Un manque à gagner de 3 000 €à 13 000 € pour certains éleveurs.
>> On y voit la patte de Nicolas Hulot qui vient d’annoncer son départ du gouvernement. Des regrets ?
C’est sa décision et je n’ai ni à m’en féliciter ni à le regretter. Je l’ai écouté ce matin (ndrl : mardi), il prétexte qu’il n’arrive à rien, qu’il n’est pas soutenu... Mais je suis désolé. Il a réussi à faire capoter Notre Dame des Landes. Il a réussi, seulement en France, à fait voter la fin programmée du glyphosate... J’ai l’impression qu’on ne lui a pas refusé grand-chose et qu’aujourd’hui, il part comme un enfant gâté.
Philippe Gosselin : avis de tempête...
« À l’occasion d’une matinale radio ce matin, Nicolas Hulot, ministre d’Etat, ministre de la Transition énergétique a annoncé sa démission. Au-delà de la méthode peu conventionnelle qui consiste à ne prévenir ni le président de la République, ni le Premier ministre préalablement, il s’agit là de l’épilogue d’une chronique annoncée depuis de nombreux mois. A de nombreuses reprises, Nicolas Hulot, tête d’affiche du gouvernement Philippe, avait fait part de son mal-être, menacé de démissionner car las des querelles incessantes l’opposant à Stéphane Travert notamment et peu sûr finalement de la ligne politique et environnementale voulue par le Président Macron sur de nombreux points. S’agit-il du point de départ d’un plus profond renouvellement ministériel ? C’est vraisemblable. En effet, un certain nombre de nuages s’amoncellent au-dessus de l’exécutif. L’affaire Benalla a plus que fragilisé le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb et la justice vient d’ouvrir une enquête sur les agissements de Françoise Nyssen.S’ajoute une possible affaire Kohler, le ralentissement de l’économie, un budget 2019 à venir compliqué... La rentrée était déjà difficile pour la majorité. Le casse-tête se poursuit ! Avis de tempête...»
Philippe Gosselin (Député de la Manche)