Elevage
Impact de la conjoncture 2013 sur les systèmes laitiers de Normandie
Les concentrés toujours en hausse et la baisse du prix du blé tempèrent l’amélioration des produits lait et viande : sans surprise le système polyculteur en est le grand perdant, tandis que le système herbager connaît sa meilleure année depuis 2008.



A partir de 4 systèmes types représentatifs de la diversité régionale, le Réseau d’Élevage lait de Normandie a mesuré les effets de la conjoncture 2013. Cet exercice a été réalisé grâce aux éléments de conjoncture disponibles, aux évolutions tendancielles des prix des intrants et des produits, à production constante.
Quatre systèmes laitiers représentatifs de la diversité normande (tableau 1-schéma 1)
En 2013, la volatilité du prix des céréales se confirme encore : après trois années de hausse consécutives, le prix du blé rechute de 20 %. En revanche, après une longue période de relative stabilité, l’embellie sur le prix de la viande bovine observée l’an passé se confirme en 2013 avec une hausse de 11 %. L’évolution du prix du lait est loin d’être aussi remarquable, avec 4 % de hausse (hors avances de trésorerie aux producteurs) il retrouve à peine son niveau de 2011.Après plusieurs années consécutives à la hausse, le fuel GNR enregistre une légère baisse de 4 % et le prix des engrais reste stable. En revanche, le prix des aliments continue son irrésistible progression, malgré la baisse du blé (encore 8 % de hausse sur le tourteau de soja).
En système herbager, hausse des produits lait et viande et baisse du coût alimentaire
Le produit brut total du système augmente de près de 4 %, grâce à l’augmentation du prix du lait et dans une moindre mesure de celle de la viande. De plus les charges opérationnelles diminuent de 4 %, essentiellement sur le poste alimentation du fait de la baisse du coût des céréales et de la faible dépendance de ce système herbager aux prix des tourteaux. Gros acheteur de paille, il bénéficie aussi de la baisse du coût de celle-ci. A l’inverse, les charges de structure augmentent de près de 4 %, principalement par la hausse des charges sociales.Avec un produit en légère hausse et des charges totales presque stables, l’EBE progresse de 13 %. Cette année, le système herbager connaît son meilleur résultat depuis 2008. C’est celui qui progresse le plus, et c’est aussi le seul à enregistrer une baisse du coût alimentaire.
En système lait + bœufs, la baisse du prix du blé tempère la hausse des produits lait et viande
Le produit brut augmente de près de 2 %, sous l’effet conjugué d’une augmentation du produit lait et de la vente des réformes et des bœufs. En revanche, la baisse du prix du blé modère sérieusement cette amélioration. Les charges opérationnelles augmentent d’un peu plus de 1 % en raison de la hausse du coût de l’alimentation : tourteaux et concentrés de production, tandis que les charges de structure sont presque stables.Au final, la hausse des produits lait et viande, freinée par la baisse du produit des cultures et la hausse du coût alimentaire se traduisent par une faible progression de l’EBE de 3 %. L’amélioration du résultat est limitée et ne permet pas de retrouver le niveau de 2011.
En système spécialisé lait, la hausse du produit lait est plombée par la baisse du produit blé et le coût des concentrés
Le produit brut total de ce système très spécialisé évolue peu, à peine plus de 1 %. En effet la hausse du produit lait et de la vente des réformes est fortement réduite par la baisse du produit blé. L’augmentation des charges opérationnelles est de 2 % et s’explique par la forte hausse du coût des concentrés, notamment des tourteaux, liée aux 39 % de maïs dans la SFP. Les charges de structure sont stables avec une légère hausse des cotisations sociales en partie compensée par une petite baisse sur le poste carburant.Malgré la spécialisation de ce système, l’amélioration des produits animaux pâtit de la baisse du prix du blé et de la hausse du prix des tourteaux. De ce fait, l’EBE progresse de 2 % seulement. Après une légère baisse en 2012, cette faible amélioration permet de retrouver le niveau des résultats de 2011.
En système lait + cultures, chute du prix des céréales avec des concentrés toujours en hausse
Le produit total diminue de presque 5 %. L’augmentation des produits animaux est négligeable comparée à la chute du produit des cultures. De plus, avec 40 % de maïs dans la SFP, ce système connaît la même hausse du poste alimentation que le système spécialisé. Seul bémol, les charges de structure diminuent grâce à une petite baisse du poste carburant, mais surtout des charges sociales liées à ce mauvais résultat.A l’inverse de l’année 2012, l’EBE chute de 11 %. Après trois années de hausse, le système polyculteur est cette année le seul à connaître une baisse de ses résultats, même s’il excède encore légèrement le niveau de 2010.
Évolution du résultat courant par unité de main-d’œuvre familiale
Les systèmes spécialisés lait et lait + bœufs enregistrent une légère hausse de 5 % de leur résultat courant par unité de main d’œuvre familiale, essentiellement grâce à l’amélioration du prix du lait et de la viande bovine, modérée par la baisse du produit des cultures et la hausse du coût des concentrés. Après la baisse de l’an passé, ces deux systèmes renouent presque avec leurs résultats de 2011.Sans cultures, le système herbager profite à plein des augmentations des produits animaux et de la baisse du prix du blé qui se traduit pour lui par une diminution du coût des aliments, soit un bond de 26 % de son résultat courant, son meilleur résultat depuis longtemps. A l’inverse, le système lait + cultures enregistre une perte de 20 % de résultat courant liée essentiellement à la chute du prix des céréales. Après trois années de hausse, il revient à un niveau légèrement au-dessus de celui de 2010 (graphique 2).
En savoir plus
Retrouvez l’intégralité de cette brochure “Impact de la conjoncture 2013 sur les systèmes laitiers normands” sur le site des Chambres d’agriculture de Normandie : www.cra-normandie.fr/elev-bovins-lait.asp