Calvados
Installation : viabilité, vivabilité et volatilité
Dossier prioritaire pour JA Calvados : l’installation. Après dans les années passées avoir largement évoqué les notions de viabilité et de vivabilité, ils ajoutent un V comme volatilité à leur dossier majeur en inventant la règle des 3 V.

Comment s’installer avec l’instabilité des produits et des charges agricoles ? C’est à cette question de fond, et sans doute aussi un peu de fonds, qu’ont eu à répondre Philippe Albert (responsable du marché de l’agriculture au Crédit Agricole Normandie) et Arnaud Lacrouzade (responsable développement et conseil au CER France Calvados) à l’occasion de l’assemblée générale de JA Calvados qui s’est tenue vendredi dernier à Caen.
EBE : l’indicateur économique
Si le nouveau dispositif à l’installation avec son PPP (Plan de Professionnalisation Personnalisé) a été revu dans le sens voulu par les jeunes agriculteurs et est désormais sur de bons rails, le contexte général s’est profondément modifié. Au gré de la disparition des outils de régulation et de la demande mondiale, les prix agricoles “yoyottent” pour le meilleur et pour le pire. La volatilité dans toute sa splendeur. Volatilité aussi au niveau des intrants et donc des charges pour les agriculteurs. Fuel ou bien encore engrais illustrant cette tendance.
Cette nouvelle donne conforte le PDE (Plan de Développement de l’Exploitation) dans sa fonctionnalité. Il permet de déterminer le potentiel moyen de l’exploitation et d’analyser les principaux pièges à éviter pour limiter les risques économiques et financiers.
Et du côté du Crédit Agricole et du CER, on porte le même message. “Il faut apprendre à gérer des excédents et des déficits par rapport à une prévision. Cette volatilité est une raison supplémentaire de se fixer un cap”. Un cap avec un œil rivé sur l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation), principal indicateur économique. En y retranchant les annuités, les frais financiers à court terme et les prélèvements privés, il indiquera la marge de sécurité. “C’est-à-dire votre capacité à supporter les aléas. Votre capacité d’investir dans le futur”, souligne Philippe Albert. En attendant, et s’il ne sert à rien de se faire peur, il n’est pas certain que les organismes prêteurs n’exigent pas demain une part d’autofinancement face à des prix de reprise qui progressent sans fin.
Th. Guillemot
Ils ont dit
Patrice Lepainteur
Président de la FDSEA à propos du bilan de santé de la PAC : “nous ne sommes pas dans une situation gagnant/gagnant puisque les aides sont amputées de 18 %. Ces aides doivent reposer sur plus de réactivité
pour les adapter aux conjonctures du marché mondial. Je pense notamment aux céréaliers qui ont subi une baisse du prix du blé de moitié en moins d’un an. La situation
sur ces marchés s’est diamétralement inversée. Par ailleurs, le coût de notre agriculture, notamment avec ses contraintes sociales et environnementales, est plus élevé qu’ailleurs. Il faut en tenir compte pour mettre l’agriculture française en situation d’affronter les marchés”.
Jean-Luc Paris
Président de l’ADASEA : “le problème de l’organisation du travail quand on s’installe, surtout en production laitière, est un souci de plus en plus important. On voit des projets qui tiennent debout côté chiffres mais tiennent-ils debout au regard des hommes ? C’est un sujet sur lequel on doit se pencher”.
Alain Declomesnil
Conseiller général : “j’ai eu peur ces dernières années qu’on pense que l’agriculture, c’était simplement l’occupation des territoires. Heureusement, il y a eu la crise des matières premières agricoles. Il faut qu’à tous les niveaux, on reconsidère la PAC en sachant que les produits dont on a besoin ont forcément un coût”