À Isigny-sur-Mer, produire et consommer de l’énergie locale
Charline et Benjamin Digard sont cultivateurs à Isigny-sur-Mer. Les travaux de leur unité de méthanisation démarrent cet été, pour une mise en route un an plus tard. Un projet rendu possible grâce au soutien de la Région et à la proximité de la coopérative Isigny-Saint-Mère.

À Isigny-sur-Mer, Charline et Benjamin Digard ont créé la SAS Énergie Digard and co pour leur unité de méthanisation qui doit voir le jour à l’été 2020. L’idée de la méthanisation est venue à Benjamin Digard, alors installé dans la commune des Veys (50), il y a huit ans. Le projet, en collectif, n’aboutit pas.
Ancré à Isigny
Puis sa femme Charline le rejoint au sein de l’exploitation et reprend le site d’Isigny-sur-Mer. « Le réseau de gaz passe à deux kilomètres, nous avons eu envie de reprendre le dossier méthanisation. » Tous les deux se rendent au salon du Biogaz, à Nantes en janvier 2018. « On nous a confirmé que le projet est à notre portée.» Autre avantage : la proximité de la coopérative laitière Isigny-Sainte-Mère, consommatrice régulière de gaz, capable d’absorber leur production toute l’année. « Nous comptons quatre chaudières alimentées au gaz et une au bois. L’apport de l’unité de méthanisation représentera un tiers de notre approvisionnement journalier», confirme Daniel Delahaye, directeur de la coopérative. Le projet en injection directe, à hauteur de 95 Normo m3 dans le réseau GRDF, tient la route. Le couple décroche un prêt à taux zéro de 900 000 euros de la Région et une aide de 1,5 million d’euros du Fonds européen de développement régional Feder. Coût total : 4,8 millions d’euros.
Entraide en famille
Charline et Benjamin Digard cultivent des céréales, du lin et des carottes, sur 240 ha. Le méthaniseur sera alimenté par les déchets de carottes rapportés de la laverie pendant la période d’arrachage ; de la canne de maïs ; des menues pailles ; des intercultures, comme du seigle pour enrichir en biomasse. S’il n’y a pas d’élevage au sein même de leur ferme, les Digard comptent sur le père de Charline, éleveur de bœufs Normands, à Vouilly, à six kilomètres. Quant aux parents de Benjamin, ils possèdent un atelier lait à Geffosse, dans la Manche. « Nous voulons un projet en autonomie. Nous sommes indépendants mais nous pouvons travailler en entraide avec nos parents si besoin », sourient-ils.
Groupement d’employeurs
Les travaux démarrent cet été. Le site va s’étendre sur deux hectares, pour la production d’énergie et les bâtiments de stockage « Nous construisons une grande plateforme pour les intercultures et les cannes de maïs stockées dans des silos standards. » L’unité de méthanisation leur permet aussi d’embaucher – et de faire rester - deux personnes, sur les postes de maintenance et d’alimentation.
« Nous créons un groupement d’employeurs pour nos quatre salariés, qui travailleront sur les différents ateliers.» Car Charline et Benjamin réalisent aussi de l’ETA et du commerce de paille.
« Schéma parfait »
Le maire d’Isigny-sur-Mer, Éric Barbanchon, se dit « séduit par le projet. Je suis content que ce soient de jeunes agriculteurs ». Il salue la production et la consommation locales d’énergie, un partenariat « gagnant-gagnant ». Hervé Morin, président de la Région Normandie, décrit un « schéma parfait avec une ferme à côté du réseau de gaz qui alimente une usine locale ». Charline et Benjamin Digard ont signé un contrat de quinze ans avec GRDF. Il leur reste à choisir à qui ils revendront leur biogaz. « Il existe 19 fournisseurs, à nous de trancher avec qui nous souhaitons travailler. »