Contrat McDo : « Je connais le prix, quelle que soit la date de sortie »
Romaric, Bernard et Françoise Anquetil élèvent des Prim’Holstein à Saint-Jean-des-Champs (50). Depuis 2007, les jeunes bovins mâles sont engraissés pour McDonald’s. En sortie de pandémie, le contrat est un plus.
Romaric, Bernard et Françoise Anquetil élèvent des Prim’Holstein à Saint-Jean-des-Champs (50). Depuis 2007, les jeunes bovins mâles sont engraissés pour McDonald’s. En sortie de pandémie, le contrat est un plus.
« Juste avant le confinement, des animaux étaient programmés pour partir. Ils sont restés six semaines de plus et sont partis quand les restaurants ont rouvert, avec + 60 kg de carcasse. Ils ont bien mangé », sourit Romaric Anquetil.
L’éleveur est installé avec ses parents au sein des Gaec des Marais, à Saint-Jean-des-Champs (120 Prim’Holstein, 60 taurillons). Il souligne : « tous les kilos ont été payés au prix du contrat ». Le contrat en question concerne les JB McDo.
3,28 €/kg
Depuis 2007 - soit quatre ans avant que Romaric ne s’installe avec ses parents - la moitié des mâles Prim’Holstein est sous contrat McDonald’s. « La coopérative nous a proposé de commercialiser trente mâles pour McDo. Les prix sont fixés à l’année, la valorisation est moins aléatoire. On engage chaque veau Prim’Holstein pur nominativement, pour une période de sortie », décrit Romaric Anquetil. Si la viande « n’est pas plus rentable » qu’en circuit classique, le contrat assure une « sécurité, une garantie de débouchés. On connaît le prix quelle que soit la date de sortie ». Même en cas de pandémie. Chez les Anquetil, 3,28 €/kg de poids vif. « Tous nos restaurants ont fermé le 16 mars et sont restés sans activité pendant deux mois. Idem pour l’usine de steaks hachés, décrit Rémi Rocca, directeur des approvisionnements McDo France. Nous avons vu l’impact de notre arrêt sur la filière. » Des animaux ont été enlevés en décalage, une partie des muscles a été réorientée vers les GMS. « Nous nous sommes organisés avec les coopératives et les abattoirs pour congeler la viande afin d’être prêts quand les magasins rouvriraient. Nous avons fait en sorte d’assurer nos contrats. » Yvan Burel, éleveur dans l’Orne, aussi en contrat McDo, apprécie : « tout a été décalé dans les lots car les restaurants étaient fermés. Les animaux ont beaucoup mangé, là ce n’est pas une bonne opération. Mais les contrats ont été respectés ».
Deux diagnostics
« Depuis 2009, nous avons mis en place une stratégie agroécologie, enchaîne Rémi Rocca. Dans la filière bovine, les émissions de gaz à effet de serre et le bien-être animal sont étudiés grâce aux diagnostics Boviwell et CMap2ER. » Les diagnostics sont réalisés par les techniciens de coopératives. En Normandie, la firme travaille avec quatre abattoirs : Gacé, Le Neubourg, Coutances et Villers-Bocage. « On prend 50 % de l’animal mais le deal porte pour la bête entière. Cela concerne plus de 100 000 animaux, pour 3 800 t de bœuf, soit 14 % du volume national », estime Rémi Rocca. La viande part ensuite à Orléans pour être transformée dans l’unique usine française de steaks hachés du fournisseur français du groupe. Avant d’être dispatchée à l’échelle nationale. « Les éleveurs du Grand Ouest fournissent une grande partie des approvisionnements », décrit Rémi Rocca. Il est donc possible, mais pas certain, de tomber sur du steak haché issu de bœufs nés et élevés en Normandie dans un McDo de la région.