Jean de Kervasdoué : «OGM, on a tout perdu»
L’auteur de «Ils croient que la nature est bonne» était l’invité d’honneur des travaux de la coopérative de Creully. Son discours va à l’encontre de la bienséance environnementaliste.
llll Ex-premier conseiller agricole de Pierre Mauroy en 1981, Jean de Kervasdoué considère pourtant que «les socialistes ne connaissent rien à l’agriculture». Mais au-delà de l’étiquette, c’est le politiquement et médiatiquement correct qu’il bat en brèche. Il se justifie dans son pamphlet contre les duperies écologiques sorti en octobre dernier. Un livre de 180 feuillets auquel L’Agriculteur Normand a consacré une pleine page (p 27) dans son édition du 6 octobre(1) mais trop peu médiatisé dans la presse (audio, télévisuelle, papier) grand public. Et c’est bien le hic. Lundi au Mémorial de Caen, l’auteur a prêché devant un public quasi tout acquis à sa cause. «Comment faire passer votre message auprès des élus et des consommateurs ?», s’est interrogé Patrice Lepainteur au nom de la FDSEA du Calvados.
OGM : un débat d’arrière-garde
Sur le dossier des OGM, Jean de Kervasdoué déplore que «dans ce domaine, on ait tout perdu alors que le premier OGM était franco-belge. 90 % du soja mondial est OGM. Un milliard d’êtres humains mangent des OGM sans effet. Nous sommes tous des OGM et il n’y a pas d’évolution sans mutation». Alors pourquoi la France en est-elle arrivée là ? En partie parce que le parlement n’a aucune compétence scientifique et que, parallèlement, les médias ne fonctionnent qu’à l’émotion.
Autre contre-vérité balayée d’un revers de la main, «contrairement à ce que disent les écologistes, la santé des agriculteurs est excellente». D’une façon plus globale, pourquoi avoir peur quand on ouvre la porte du réfrigérateur alors que l’espérance de vie continue à croitre de 4 mois pas an? «Quand je suis né, l’espérance de vie était de 60 ans alors que l’âge de la retraite était à 65 ans. Mon père, qui était né en 1903, avait une espérance de vie de 51 ans. Pour ceux qui étaient nés en 1825, c’était environ 35 ans». Alors pourquoi cette peur irrationnelle devant notre assiette ? En partie «parce que nous sommes passés du manque aux pléthores. Parce que nous sommes des omnivores comme le rat ou le cochon et donc on se méfie de ce que l’on mange. Notre problème, c’est le choix. Les enfants à 6 ans ont un plateau et ils doivent choisir», l’angoisse. Angoisse encore «avec les urbains qui reportent leur angoisse alimentaire sur vous, agriculteurs».
Incontinence réglementaire
Sur les sujets environnementaux, l’ingénieur agronome et ingénieur en chef des Ponts et des Forêts parle d’incontinence réglementaire et décortique les mécanismes de la manipulation. «La France fait plus et pire que l’Union Européenne sur les problèmes environnementaux... Le bio n’est pas meilleur pour la santé. On nous fait croire que 1000 x 1 = 1 x 1000, essayez avec une boite de conserve de petits pois... La radioactivité de Fukushima n’a jamais tué personne...» Et d’évoquer les bouquetins qui sont porteurs du virus de la brucellose, de l’escargot de Quimper qui a gagné son match contre les footballeurs de Brest. De s’étonner des anti Sivens alors qu’il existe 2600 retenues de ce type en France au cycle vertueux en retenant l’eau en hiver et en la libérant l’été. Et de s’interroger : « pourquoi ne pas réintroduire le loup en Bretagne, le dernier ayant été tué en 1911 ?» Un discours de bon sens paysan avec beaucoup d’humour qui l’a emporté à l’applaudimètre. Et en réponse aux propos d’Yves Julien qui évoquait la sous-représentation de la profession agricole dans les instances diverses, Jean de Kervasdoué a répondu que «beaucoup de communes étaient gérées par des RBS». Conprendre des Retraités en Bonne Santé.
Les mots vertueux du «bien»...
Ecologie, environnement, éolien, lanceur d’alerte, santé (...) et leurs qualificatifs positifs : vert, naturel, durable, circulaire, biodynamique, biologique, photovoltaïque, recyclé, économe, local, associatif, décentralisé (...).
... et les mots caca du «mal»
Charbon, pesticides, OGM, nucléaire, pollution, croissance, climato-sceptique (...) et leurs qualificatifs négatifs : polluant, dangereux, intensif, capitaliste, industriel, cancérigène, corrompu (...).
Entre les deux, les mots «progrès» et « scientifique » font le va-et-vient selon qu’ils servent
dans l’argumentation du « bien » ou du « mal ».