Jean Mouchel : une vie de militant
Dans son dernier ouvrage, «Paysan engagé : souvenirs et réflexions(1)», Jean Mouchel, revient sur son parcours : de la JAC (Jeunesse Agricole Catholique) à la députation européenne.
llll «Ce récit de vie est vraiment l’empreinte de l’engagement de celui qui a voulu servir les paysans et la société toute entière, dans un souci de promotion des hommes et des femmes de sa génération afin de préparer un avenir meilleur au projet des générations suivantes. Je remercie Jean Mouchel d’avoir pris la plume pour cet acte de solidarité et de transmission, sans prosélytisme, juste avec ses mots à lui, ses souvenirs exprimés avec la distance de ceux qui prennent désormais le temps et en font don aux pressés que nous sommes». Ainsi s’exprime Christiane Lambert. C’est en effet la première vice-présidente de la FNSEA qui préface l’autobiographie d’un compagnon de route de Michel Debatisse entre autres.
L’école de la JAC
Jean Mouchel appartient à la génération des jeunes paysannes et paysans qui, pour la plupart, quittaient l’école à 13 ou 14 ans pour venir travailler à la ferme sans aucune formation professionnelle. Il rappelle la situation de l’agriculture des années 1960 et la vie des paysans à cette époque. La JAC leur apporte ouverture d’esprit, réflexion, maturité et désir d’engagement au service de leur génération. Refusant de subir passivement l’évolution qui se dessine, ils veulent en être les acteurs. Face à un avenir d’incertitudes, ils s’engagent dans le syndicalisme agricole. Transformant le Cercle des Jeunes Agriculteurs en syndicat autonome, ils restent adhérents à la FNSEA pour garder l’unité syndicale.
Un croyant
Décryptant son parcours atypique et aussi semé d’embuches, ce paysan manchois devenu calvadosien évoque également sa foi. «Ma confiance en Dieu est totale. Il me réservera le sort qu’il voudra. Je n’ai ni crainte ni appréhension à ce sujet. Ce n’est pas mon affaire. C’est la sienne». Et de conclure : «si j’ai ma pleine conscience quand la mort viendra me chercher, je souffrirai encore du mal que j’ai fait et serai heureux du bien que j’ai pu faire».
(1) : «Paysan engagé : souvenirs
et réflexions» par Jean Mouchel aux Editions Terres d’Antan
272 pages - 18,90 €
llll Extraits
Joseph Pitel
«Le regretté Joseph Pitel, à l’époque où il était président de la FDSEA , s’est consacré avec beaucoup de dévouement et de compétence au service des paysans du Calvados et des habitants de sa région de Thury-Harcourt. Bien que moins directement visé, il a eu beaucoup à souffrir aussi de ces agissements».
Michel Debatisse
«Michel Debatisse a su rassembler et stimuler les énergies d’un grand nombre d’agriculteurs pour les engager dans cette transformation de l’agriculture. En premier lieu dans le syndicalisme, puis dans toutes les organisations agricoles ou para-agricoles. Ils se sont pris en charge sans y être préparés et sans avoir beaucoup de moyens».
Jacques Chirac
«En 1976, lors de la création du RPR, Jacques Chirac me sollicite pour être, avec mon ami Hubert Buchou, le Pyrénéen, son conseiller agricole. Comment se fait-il ? Je n’ai aucune appartenance politique. De plus, je n’ai rien d’un gaulliste de la première heure. J’admirai le Général de Gaulle en tant que libérateur mais je ne souhaitais pas voir un militaire à la tête de l’Etat».
Henri Lefèbvre
«Lors de la fusion de l’USAC et du SGAPA en FDSEA, et du même coup de leurs journaux, le titre Maît Jacques a été repris. Quand la direction lui en est confiée, Henri Lefèbvre à l’ambition d’en faire un vrai journal avec liberté d’abonnement et ouverture à la publicité tout en restant un journal d’expression syndicale.»
Pierre Hamel
«Pierre Hamel, président de Valco, était très attaché à la coopération bien que cet attachement eût coûté fort cher à son père. Pour éviter la fermeture de la coopérative à bout de souffle, celui-ci avait avancé une somme qui équivalait au prix d’une douzaine de vaches. C’était aux environs de 1935».
Auguste Grandin
«Un jour, Auguste Grandin m’appelle et me dit : je souhaite que vous entriez au bureau. Je lui réponds : c’est impossible pour plusieurs raisons. Je ne suis pas administrateur de l’ULN, ni même de la coopérative du Calvados. Je n’en suis même pas délégué de section. D’autre part, j’ai trop d’engagements».