Jérôme Nury questionne le gouvernement sur l’AOP Camembert
Lors de la séance des questions au gouvernement, mercredi 13 mars, député de l’Orne est intervenu pour défendre le camembert normand. Il a interpellé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.

« La France aux 365 fromages en a un surtout qui sort du lot. Non seulement parce qu’il a été inventé dans l’Orne. Mais aussi par ce qu’il est considéré comme le roi des fromages. Celui qui ne peut être absent d’un plateau à la fin d’un repas, car il incarne la tradition, l’excellence et le goût : le camembert. » Mercredi 13 mars, le député ornais Jérôme Nury, est intervenu lors de la séance de question au gouvernement, à l’Assemblée nationale.
Des camemberts dans les casiers
Au menu, l’AOP camembert et l’action du député du Loiret : Richard Ramos a distribué des camemberts, le même jour, dans les casiers des députés à l’Hémicycle, à son effigie. Objectif : protester contre le cahier des charges en construction pour la future grande AOP qui détruirait selon lui le fromage au lait cru. « Ce fromage bien connu des Français, reconnu à travers le monde entier, qui est la fierté des Normands, de nos laiteries et de nos éleveurs, est en danger, car quelques bobos urbains en mal de feux médiatiques, sont en train d’allumer la mèche de la polémique », lâche Jérôme Nury.
Une opportunité
Il est ensuite revenu sur le contexte de la modification de l’AOP : « en 2021, les règles d’appellation d’origine protégée vont changer pour le camembert de Normandie. Cette modification est demandée par tous, depuis des années, pour que la guerre entre le En Normandie et le De Normandie cesse ». Il a indiqué au ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, que « cette clarification [était] indispensable pour que le consommateur s’y retrouve. Il ne restera ainsi qu’un seul camembert AOP de Normandie avec un cahier des charges précis, qui devra faire la part belle à la vache Normande, ayant pâturé dans nos vertes prairies et dans notre bocage ». Le député de l’Orne n’a pas manqué de relever un point positif : « les éleveurs normands vont être plus nombreux à voir leur production mieux valorisée. Car les besoins de lait dans la nouvelle AOP vont augmenter. Dans un contexte difficile pour l’élevage, c’est donc une opportunité pour nos paysans normands ».
Pas d’interférence
Le parlementaire a demandé au ministre qu’il n’y ait pas d’interférence dans les discussions au sein de la filière, tout en le sollicitant pour garantir à l’élevage normand, mais aussi aux gastronomes du monde entier, d’avoir en 2021 un camembert de Normandie de qualité dans nos assiettes. Le ministre a redit son attachement au fromage au lait cru : « l’AOP n’est pas le cheval de Troie des industriels et, non, la production du camembert au lait cru n’est pas en danger ».
Il rappelle qu’un compromis a été trouvé au sein de la filière avec une montée en gamme pour la production non soumise à l’AOP et la création d’une nouvelle AOP « encore plus exigeante, qui s’appellera Véritable camembert de Normandie, qui devra obligatoirement faire appel au lait cru ».
Du lait de Prim’Holstein ?
« Je salue le courage de Jérôme Nury. Le camembert appartient à la Normandie », appuie Anne-Marie Denis. La présidente de la FDSEA rappelle que deux niveaux de production sont intégrés : un niveau exigeant pour le lait cru et un deuxième, « pour intégrer un maximum de producteurs. L’objectif est de mettre, sous les mêmes valeurs, un seul produit en différenciant les modes de production. On protège notre fromage ». Rien n’est encore signé et le syndicat reste « attentif ». Et Anne-Marie Denis de conclure : « si le camembert de Normandie pouvait avoir recourt à du lait de vache Prim’Holstein, cela serait la plus belle valorisation possible de notre région ».