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La coopérative de Creully redistribue 76 % de son résultat

L’assemblée générale de la coopérative de Creully s’est tenue au Mémorial de Caen le 28 novembre dernier. Clap de fin pour son président, Yves Julien, élu en 1988. Il passera le flambeau le 15 décembre prochain

«Pour illustrer l’état d’esprit de nos ministres et sans faire de politique bien sûr, je ne peux m’empêcher de relayer la dernière déclaration de notre ministre de l’Environnement qui, après avoir obtenu l’interdiction des néonicotinoïdes en France veut essayer de convaincre l’Europe d’en faire autant. Elle aurait pu commencer par là. On lui souhaite bon courage en attendant. Merci Madame la Ministre pour cette nouvelle distorsion de concurrence», déplore Yves Julien.
«Pour illustrer l’état d’esprit de nos ministres et sans faire de politique bien sûr, je ne peux m’empêcher de relayer la dernière déclaration de notre ministre de l’Environnement qui, après avoir obtenu l’interdiction des néonicotinoïdes en France veut essayer de convaincre l’Europe d’en faire autant. Elle aurait pu commencer par là. On lui souhaite bon courage en attendant. Merci Madame la Ministre pour cette nouvelle distorsion de concurrence», déplore Yves Julien.
© TG


llll «J’avais évoqué il y a un an mon souhait de m’écarter, mais compte tenu de la disparition de notre vice-président, j’avais sursis à cette décision. Aujourd’hui, le moment est venu. Je ne solliciterai donc pas un nouveau mandat le 15 décembre prochain en accord avec notre conseil d’administration (...). Tout le monde est utile, mais personne n’est indispensable». Yves Julien, après 28 ans de présidence, tire donc sa révérence, mais de préciser, «je peux rester à disposition pour un rôle de transition».

Plus de 600 000 € redistribués
Malgré une conjoncture animale et végétale en souffrance, la coopérative de Creully affiche un résultat net (après complément de prix, ristournes et dotations aux prévisions) de 806311€. L’assemblée générale a entériné la redistribution de 76,22 % de cette enveloppe soit 614 577 €. Une réponse partielle au marasme ambiant. «Sur le volet économique, bien au fait des difficultés de trésorerie des agriculteurs, nous avons présenté des prix d’acompte les plus élevés possible dans le contexte incertain du début de moisson. En octobre, dès que nous avons pu, nous avons versé des compléments de prix sur colza, avoine et pois. En octobre aussi, le conseil d’administration a décidé en plus des aides spécifiques jeunes agriculteurs, une remise exceptionnelle de 3,5 % soit une enveloppe de 69000 € versée aux JA sur le chiffre d’affaires agrofourniture de l’exercice 2015/2016», a ajouté Yves Julien dans son rapport d’orientation.
Si les efforts consentis sont considérables, les dirigeants de la coopérative en appellent également aux banques, la Verte en tête. «Les banques nous parlent d’année blanche, de crédits importants mis à disposition des agriculteurs. C’est le moment d’agir (...). Au point où nous en sommes, un rendez-vous avec la direction générale du Crédit Agricole devient nécessaire pour évoquer ce qui se passe réellement sur le terrain». L’invitation est donc lancée.

Crise conjoncturelle mais aussi structurelle
Avec une moisson 2016 catastrophique (- 25 %) et la chute des cours des céréales, la conjoncture plombe l’ambiance dans la plaine. Mais pas que, insiste Yves Julien, «la crise agricole, ce n’est pas seulement la conjoncture. Il s’agit d’une véritable crise structurelle qui affecte de nombreux pays». Et de dénoncer successivement «la toute-puissance économie de marché mondialisée», «les enveloppes financières de Bruxelles qui apparaissent dérisoires», «les mesures franco-françaises qui sont plus des opérations de communication que des réponses crédibles à l’inquiétude des agriculteurs». Et Yves Julien de conclure sur le sujet : «les agriculteurs ont été trompés : on leur a vendu la solidarité européenne et la préférence communautaire et ils ont récolté une économie de marché sans parité et une concurrence sans limites. D’ailleurs, pour certains, l’agriculture est un problème. Elle est polluante et elle n’est pas assez compétitive. Que l’on revienne à une situation de pénurie et ils verront bien où est le problème». Fin de citation.

Du plan silo à «atouts jeunes»
Pour autant, la coopérative de Creully ne sombre pas dans le défaitisme mais prépare son avenir en misant sur deux axes prioritaires : un plan silos et un plan jeunes dénommé «atouts jeunes».
Sur le premier volet, il s’agit d’une continuité. «Nous allons poursuivre notre plan silos 2015-2025 au rythme que nous nous sommes fixé». La sous-récolte 2016 n’impactera donc pas les investissements. Le projet de Tour-en-Bessin, contrarié un temps,a démarré en septembre. Il dotera la coopérative d’une capacité de stockage supplémentaire de 13 800 T et d’un nouveau séchoir de 4 000 points. Ces nouveaux silos seront situés selon un axe Bayeux/Isigny-sur-Mer où la coopérative collecte en moyenne
37 000 T.
La capacité de stockage actuelle s’élevant à seulement 7 500 T. La structuration du site, après réception de cet agrandissement, permettra à terme d’entamer une nouvelle tranche d’investissement de 10 000 T pour arriver à une capacité de 31 000 T.
Autre axe structurant, «l’adhésion de jeunes aux modèles d’entreprise que nous développons», a assuré Yves Julien. En ce sens, la coopérative a mis en place une démarche «atouts jeunes» qui propose un cycle de formations sur mesure. Apporter des connaissances afin de mieux aborder l’avenir, fédérer un groupe avec des valeurs partagées, intégrer les valeurs modernes du monde coopératif, susciter la prise de responsabilité dans les organisations professionnelles et plus largement dans les institutions ou collectivités où il est important que l’agriculture soit représentée, tels sont les objectifs ciblés.
Un premier groupe est sur les rails. Un second devrait suivre. La coopérative de Creully mise donc sur la jeunesse. «C’est certainement parce que l’incertitude est grande que les jeunes doivent avoir le maximum de recul et de capacité à s’adapter», conclut Yves Julien.

 

Féverole et semences en débat
Dans son rapport «céréales», Pascal Desvages (vice-président) a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la féverole. «Notre pays est en train de perdre cette culture à cause de l’incurie des pouvoirs publics. Demain,, le colza risque de se trouver dans la même situation». Au cœur du problème, la suppression de moyens de lutte contre la brûche à cause d’une législation franco-française environnementaliste plus contraignante qu’ailleurs. Pendant ce temps, la Grande-Bretagne, l’Australie et désormais, les pays Baltes, tissent leur toile sur le marché Egyptien. Un marché à destination de l’alimentation humaine rémunérateur alors que la féverole à destination de l’alimentation animale n’est économiquement pas rentable. «Un marché d’opportunités pour les fabricants d’aliments du bétail», a expliqué Thomas Lepainteur (responsable de la commercialisation des céréales) et même s’il existe une filière piscicole à destination de la Norvège, l’avenir s’assombrit pour une tête d’assolement de grande qualité.
Autre sujet qui a fait débat : le prix des semences certifiées par rapport au prix des céréales. «Trop cher, considèrent certains, et pas assez rémunéré pour celui qui en produit». Réponse de Stéphane Carel (directeur de la coopérative de Creully) : «la corrélation entre le prix de la semence certifiée et celui du blé est faible. De nombreux autres facteurs entrent en compte comme les coûts liés à la recherche et à la multiplication». Par contre et en réponse à une question posée par Sébastien Debieu, le conseil a rappelé que «oui» tout multiplicateur de semences devait pour son propre compte utiliser de la semence certifiée et non pas fermière.

llll en chiffres
Emplois
La coopérative de Creully, ce sont aussi des emplois non délocalisables. Elle comptabilise 65 collaborateurs (80 % d’hommes et 20% de femmes) pour un âge moyen de 42 ans.

Chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires dépasse les 98 M€ en hausse de 2,27 % par rapport à l’exercice précédent. La collecte en représente 63%, l’agrofourniture 32,5% et les légumes et pommes de terre 4,5%.

Céréales
Avec une collecte céréalière totale de 284 150 T, la coopérative a réalisé sur la campagne 2015 la plus grosse collecte de son histoire en augmentation de plus de 8% par rapport à 2014, son précédent record et doublé sa collecte par rapport à 2007. A contrario, la moisson 2016 est en retrait de 25%. 

Investissement
Le niveau d’investissement au cours de la campagne 2015/16 s’élève à plus de 1,7 M€ dont un peu plus de la moitié consacré au niveau siège social inauguré le 9 avril dernier.

Agrofourniture
Le chiffre d’affaires de l’activité agrofourniture dépasse légèrement les 32 M€ en recul de 4,5 % par rapport à l’exercice précédent. Une diminution qui s’explique principalement par une baisse du prix de certains intrants (engrais et nutrition animale).

Compost et engrais
La coopérative a distribué 9 680 T de compost sur l’exercice en hausse de 9%. Le chiffre d’affaires engrais baisse de 2,6 %, un effet prix puisque le nombre global d’unités fertilisantes NPK vendues est en légère progression : 11 127 T contre 11 098 T. 

Légumes et pommes de terre
Le chiffre d’affaires légumes et pommes de terre est en forte augmentation : + 34,33 %. Il se décompose en + 13,44 % en légumes et + 47,1 % en pommes de terre malgré une diminution du tonnage de 2 548 T. L’augmentation des cours explique cela.

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