Parole de jeune Agricultrice
La dinde prend son envol à Noël
Fête de Noël signifie période de forte activité pour Karen Jouin. La jeune agricultrice produit chaque année, des dindes à déguster au réveillon. Les 2400 volailles ont toutes quitté la ferme depuis la mi-décembre. Certaines sont sur vos tables pendant les fêtes.

Depuis 1995, le rythme de l’exploitation est lié aux fêtes de Noël. Les dindes arrivent au mois de juillet et repartent pour Noël. “Nous travaillons avec le groupement Agrial. 100 éleveurs en sont membres. Mais, nous sommes que trois à produire des dindes dîtes label”, explique Karen Jouin, installée avec ses parents au Fresne-Poret (50). Ses dindes ont vocation à rester entière. Elles pèseront 4 kg. Des poids plumes comparées aux dindes industrielles de 15 kg. Ces dernières sont en effet destinées à la production d’escalopes.
Des dindes de 140 jours au minimum
Les dindes de cette jeune agricultrice sont donc choyées. Elles disposent d’un bâtiment de 400 m2. Soit 6 m2 par dinde. A l’âge de 8 semaines, elles se dégourdissent dans un parcours de 1,5 hectare. “Nous suivons le cahier des charges label rouge. L’alimentation est composée à 100 % de végétaux, dont 75 % de céréales. Les volailles partiront ensuite à l’abattoir à 145 jours. En moyenne, la marge atteint 30 euros du m2”. C’est trois fois plus que pour un poulet. Même si un poulet ne mobilise le poulailler que 81 jours, le bénéfice dégagé par les dindes reste avantageux. Les éleveurs acceptent cependant de bloquer leur poulailler pendant 5 mois, sans rentrée d’argent.
De la qualité pour Noël : une fierté
Au-delà de l’aspect économique, ces dindes apparaissent valorisantes pour la jeune agricultrice. “C’est une petite fierté de produire des mets de qualité pour Noël. Au moment de la déguster, certains penseront peut-être aux éleveurs”, sourit Karen Jouin.
Avant de la déguster, il faut comprendre le travail réalisé. Les dindes arrivent dans la ferme une journée après leur naissance. “Elles se déshydratent très rapidement et doivent boire dès le début. Nous passons quasiment 24 heures avec les dindes. La première semaine, une forte surveillance est nécessaire. Nous observons la croissance et les maladies”. Puis, les visites s’espacent peu à peu.
Un cahier des charges
Les critères de poids s’avèrent stricts. Toutes les semaines, une quarantaine de volailles est pesée. Le cahier des charges est précis et répond à une attente du consommateur. Celui-ci recherche une dinde de moins en moins lourde. “C’est lui qui dicte le marché. Cette année, on constate que les consommateurs ont tardé avant d’acheter leurs dindes. Les volailles ont quitté l’exploitation plus tardivement. Mais, la demande se maintient. La dinde de Noël reste une tradition bien ancrée”.
Techniquement, les éleveurs ont également progressé avec l’expérience. Leur objectif : une mortalité inférieure à 2 %. “La première fois, nous avons utilisé de la paille en litière. Cependant, certaines dindes se sont étouffées avec. Désormais, nous paillons avec des copeaux et sans lin”.
La marque
« le campagnard Normand »
Après leur départ de l’exploitation, les dindes sont dirigées vers deux abattoirs bas-normands. A la Mancellière-sur-Vire, Nouet et Fils destine davantage sa production aux petites boucheries. A Plumetot, la Socadis écoule ses dindes dans les linéaires des grandes et moyennes surfaces. Au final, les dindes de Karen Jouin se retrouvent dans votre assiette sous la marque “le campagnard” ou “le campagnard normand”.