FDSEA-JA de la Manche
"La discrimination, ras-le-bol !"
Environ 300 agriculteurs ont manifesté vendredi dernier du centre-ville à la préfecture. Un objectif : le gouvernement doit revoir sa copie sur la définition de l'actif professionnel.

D'emblée Sébastien Amand, Jean-Michel Hamel (président et secrétaire général de la FDSEA), Jean-Hugues Lorault et Jean-François Osmond (JA 50) ont donné le ton vendredi dernier, lors de la manifestation se déroulant dans les rues de St-Lô. "Trop d'agriculteurs, notamment les femmes, sont les oubliés de l'agriculture. Aujourd'hui, des exploitants à situation comparable d'un point de vue économique n'ont pas nécessairement les mêmes droits, ni les mêmes accès aux aides, selon leur organisation sociétaire". Le cortège, fort d'environ 300 personnes, équipés de banderoles, drapeaux, mais aussi de masques blancs pour symboliser l'oubli des Pouvoirs publics, a défilé en rangs serrés en direction de la préfecture. Jacqueline Cottier, nouvelle présidente de la Commission Nationale des Agricultrices (FNSEA) s'était déplacée du Maine-et-Loire pour apporter son soutien. En cours de route, quelques élus, conseillers généraux et un député, Philippe Gosselin, ont rejoint le cortège.
Toujours des promesses
Arrivés sur place, les manifestants ont accroché aux grilles leurs revendications et les symboles de l'incompréhension entre l'État et la profession (affiches et masques). Pas question d'être reçu par le corps préfectoral en raison des élections européennes. Tour à tour, les différents leaders de la FDSEA et des JA, ainsi que Jacqueline Cottier se sont exprimés. Cette dernière a souligné. "Plus que jamais, nous avons besoin de nous faire entendre. Depuis longtemps, nous n'avons que des promesses, encore des promesses et toujours des promesses. Pour les agricultrices, la loi d'Avenir et la réforme de la PAC, dans l'état actuel, renforcent les inégalités. Avant 2011, nous n'avions pas d'autre choix que celui de l'EARL. Les GAEC entre époux représentent une avancée, mais ce n'est pas suffisant. Ce problème ne concerne pas que les femmes mais aussi tous les associés de GAEC qui n'ont pas droit aux parts PAC".
Enjeu territorial
Sébastien Amand et Jean-Hugues Lorault ont enfoncé le clou, "il s'agit d'un vrai enjeu de territorialité avec en ligne de mire, la dynamique économique de nos métiers". Premier combat donc à remporter, celui de l'égalité de traitement entre tous les actifs professionnels agricoles. "Il ne faut pas oublier que, selon leur coefficient de transparence, les GAEC pourront éventuellement bénéficier d'une multiplication du plafond de 52 hectares pour le paiement redistributif. Même si l'enveloppe est close, il n'est plus acceptable que deux exploitations comparables puissent être traitées différemment selon leur choix d'organisation sociale".
Dans la Manche, la discrimination entre actifs professionnels va très loin. Elle concerne notamment le PMBE, constituant un axe majeur de soutien aux investissements pour les filières d'élevage. "A l'instar de nombreux autres dispositifs, la transparence des GAEC s'applique aux plafonds du montant d'investissement. Par exemple, avec deux parts PAC, un GAEC peut prétendre à une prise en charge sur la base de 140 000 EUR d'investissements, au lieu de 70 000 pour les autres formes sociales". Et de conclure sur ce sujet, "la loi d'Avenir est toujours en écriture. Il est encore temps de mettre l'accent sur la définition de ce qu'est réellement un actif professionnel. Nous, FDSEA et JA, demandons ce changement".
Autre dossier évoqué lors de cette manifestation, le bien-être animal. Tous les responsables professionnels sont bien d'accord sur le sujet, les élus politiques aussi. "Nous respectons nos cheptels, car ils sont nos outils de travail. Mais avant tout, il serait intéressant que l'Europe se préoccupe du bien-être de l'exploitant".