chasse
La fauconnerie un loisir pas comme les autres
Jean-Philippe Roussel est instituteur. Mais une fois passé la porte de son l’école, il voue une passion débordante pour la chasse, qu’il pratique avec ses buses.













Le rituel est toujours le même. Jean-Philippe Roussel entre dans la volière, prend la buse de Harris sur son bras. Celle-ci impatiente, déploie ses ailes. Mais avant de partir, l’oiseau doit être pesé. “C’est le poids de l’animal qui détermine s’il va chasser et avec quelle ténacité. Si la buse est trop lourde, elle n’aura pas faim. Et sera peu enclin à poursuivre les lapins” explique cet instituteur de 42 ans qui vit à Fontaine Bellanger.
“Le contrôle de poids, c’est le plus délicat. Car si la buse “descend” trop, elle devient fragile. Et une baisse de température dans la nuit peut l’emporter. Certains fauconniers ont une telle expérience qu’ils peuvent évaluer l’état de l’animal sans balance. Moi, je préfère peser mes buses deux fois par jour si nécessaire. Avec les mâles ou tiercelet, plus légers encore, il faut faire encore plus attention”.
Une fois, la pesée effectuée, les deux buses sont déposées dans leur cage à l’arrière de la voiture, direction la campagne. Furets et chien sont aussi de la partie.
Beaucoup de patience...
Pendant le trajet, Jean-Philippe explique comment cette passion lui est venue. “Mon père m’a donné le goût de la chasse. Adolescent, je me suis intéressé à la fauconnerie. Mais les premiers renseignements pris, j’ai été un peu découragé. Et puis, alors que j’étais en formation, j’ai rencontré par hasard un fauconnier. J’ai compris alors que ce n’était pas un loisir si inaccessible. Très vite, j’ai fait l’acquisition d’un oiseau. C’était il y a 10 ans. Il faut beaucoup de patience avant de pouvoir chasser : apprivoiser l’oiseau, le nourrir “au poing”, passer du temps dans la volière, pour qu’il s’habitue à l’homme...”
Le trajet se finit. La voiture, s’est immobilisée à Val de Reuil, près des jardins biologiques de réinsertion. Les parcelles sont envahies de lapins et les responsables ont fait appel à Jean-Philippe Roussel. “Je suis toujours à la recherche des terrains pour chasser. Ce n’est pas facile d’en trouver. Je propose mes services, totalement gratuitement, à des agriculteurs ou des particuliers envahis par les lapins” précise le fauconnier amateur en sortant de la voiture.
Les deux oiseaux sont extraits de leur cage et s’envolent directement vers le perchoir le plus proche. Ensuite, sur un simple appel de leur maitre, ils le suivent vers l’espace de chasse. Le terrain, tout en pentes, est plutôt réduit en surface, avec des ronces en profusion. Les lapins grouillent mais difficile de les apercevoir. Une petite mare complète le paysage. Les deux oiseaux ont pris position sur des arbres, au centre du terrain.
Ils attendent que le chien et les furets fassent détaler les lapins. “Il faut apprendre aux oiseaux à ne pas avoir peur du chien et à ne pas chasser les furets. Une fois que les buses comprennent qu’ils sont là pour les aider et qu’ils ne leur voleront pas leurs proies, c’est gagné.” explique Jean-Philippe tout en suivant des yeux ses oiseaux.
Une buse a repéré un lapin. Elle s’envole, pique vers le sol et s’enfonce dans les ronces. C’est raté ! Le lapin s’est échappé cette fois. D’autres essais suivent. “Parfois, en deux minutes, mes buses ont attrapé un lapin. D’autres fois, c’est beaucoup plus long” constate Jean-Philippe.
Nouvelle attaque d’une buse sur le bord de la mare. L’oiseau ne réapparait pas. Cette fois, il a atteint son but. Le tout a duré quelques secondes à peine. Une frappe “aérienne” d’une beauté et d’une précision redoutable. Jean-Philippe ressort des buissons avec un lapin et la buse, toujours accrochée au corps de l’animal. L’après-midi se finit. Au tableau de chasse, deux lapins.
Les deux buses sont récompensées et mangent ensemble. “Les buses de Harris chassent en groupe à l’état sauvage. C’est pourquoi je peux chasser avec deux oiseaux et les laisser manger ensemble. Je tue peu de lapins, mais le stress engendré par les buses est tel que les lapins déménagent ailleurs. Et quand je veux revenir l’année suivante sur un même terrain... Il n’y a bien souvent plus rien à chasser !” conclut amusé Jean-Philippe Roussel à l’heure du départ.
Pour contacter Jean-Philippe Roussel : 06 86 74 08 25.
retrouver des informations complémentaires sur la fauconnerie et la buse de Harris dans notre édition papier
de l'Eure agricole
du 27 novembre 2008
page 28