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À la Chambre
La faune sauvage réunit contre elle l’envie d’une lutte collective

Les élus de la Chambre d’agriculture du Calvados étaient réunis en session, mardi 9 mars 2021, à Hérouville-Saint-Clair (14). Une table ronde a réuni l’État, la fédération des chasseurs, le GDS, la Fredon, les lieutenants de Louveterie et la Chambre sur le sujet de la faune sauvage. Le tout sur fond de recrudescence de tuberculose bovine et de dégâts.

SESSION CHAMBRE AGRI 14 - FAUNE SAUVAGE
De gauche à droite : Jean-Baptiste Leclerc et Jean-Christophe Aloé, directeur et président de la Fédération des chasseurs du Calvados ; Nicolas Fourrier, directeur adjoint des territoires et de la mer ; David Philippart, directeur de la Fredon ; Jonathan Lenourichel, président du GDS ; Christophe Martinet, directeur départemental de la protection des populations ; Jean-Michel Bellanger, lieutenant de louveterie ; Clément Lebrun, vice-président de la Chambre.
© DR

Joli plateau d’invités, mardi 9 mars 2021, lors de la session Chambre d’agriculture, à Hérouville-Saint-Clair. La table ronde réunit les acteurs et parties prenantes qui luttent, subissent ou régulent la faune sauvage. Les échanges se sont déroulés sur fond de recrudescence de dégâts et de tuberculose bovine.

Blaireaux : tub et inquiétudes

Jean-Yves Heurtin entame la session en confirmant un 5e cas de tuberculose. A date, ce sont 1 200 animaux qui doivent être abattus. Les débats se tendent. Malgré une réunion prévue le lendemain à la préfecture, difficile pour chacun de ne pas défendre sa position. « Le blaireau est-il identifié comme vecteur de tub ? » interroge Élisabeth Pirat, directrice de la Chambre et animatrice du débat. Jonathan Lenourichel, président du GDS, répond : « le blaireau est un marqueur important. Le passage en niveau 3 du plan Sylvatub renforce la surveillance de la faune sauvage. Depuis sept ans, 150 blaireaux déterrés ont été mis en analyse, pas un seul n’est revenu positif dans le département. Dans l’idéal, il faudrait 200 prélèvements de blaireaux par an ». Jean-Michel Bellanger, lieutenant de louveterie, rebondit : « c’est une population faible, les quotas sont difficiles à réaliser, le piégeage est contraignant. Nous ne sommes que huit lieutenants. Nous devons mettre en place des efforts collectifs, que les agriculteurs prennent des engagements, signés » pour les aider à piéger. Vient le tour de Christophe Martinet, directeur départemental de la protection des populations, de prendre la parole : « nous devons éviter que la faune sauvage devienne un réservoir. La DDPP et le Département ont signé une convention de surveillance des animaux morts sur les bords de route. Un protocole de prélèvement dans la zone infectée est pris par la DDTM pour 2 blaireaux par terrier ». Et Jean-Yves Heurtin de réagir : « je suis inquiet que la DDPP n’ait pas mis de plan en place pendant la période de chasse ». Le terrain manque de bras. Clément Lebrun souligne que l’OFB, de son côté, n’avance pas beaucoup sur le sujet : sur un quota de 30 blaireaux, deux seulement ont été prélevés. Il rappelle que la profession agricole, elle, soumet 60 000 animaux aux règles de la prophylaxie et réalise tous les efforts qui lui sont demandés. Les mêmes interlocuteurs avaient rendez-vous le lendemain à la préfecture et à huis clos. Le débat devrait monter en flèche.

Les sangliers « vrai problème »

Contexte : de moins en moins d’agriculteurs sont chasseurs, les dégâts augmentent en France et dans le département. Et avec eux, les montants d’indemnisation pour les agriculteurs, à la charge de la Fédération départementale des chasseurs. « En 2019, nous avons reçu pour plus d’un million d’euros de demandes d’indemnisation. Nous avons versé 650 000 € », chiffre Jean-Baptiste Leclerc, directeur de la Fédération des chasseurs du Calvados. Si chacun valide le fait que les sangliers sont un vrai problème, Élisabeth Pirat questionne : « que fait l’État ? » Nicolas Fourrier, directeur adjoint des territoires et de la mer, répond : « nous sommes en lien avec la fédération des chasseurs pour autoriser les prélèvements. Mais le sujet est : comment la fédé peut-elle moins payer ? Un dialogue est nécessaire. Les agriculteurs doivent nous aider à collecter des données pour étayer les décisions du préfet ».

Rongeurs : hors saison

« Il n’y a plus de saison hivernale. Les rongeurs se reproduisent toute l’année. Lorsque l’agence de l’eau s’est retirée en 2016, nous avons changé le maillage de lutte. On compte 200 piégeurs actifs, agréés et bénévoles, pour lutter contre le ragondin et le rat musqué. Nous allégeons le travail des collectivités en leur fournissant des bacs d’équarrissage, des cages, des gants », liste David Philippart, directeur de la Fredon. Hubert Courseaux, vice-président du Département, chargé de l’agriculture, en a profité pour rappeler les programmes d’actions collectifs mis en place avec les intercommunalités Normandie Cabourg Pays d’Auge et du Pays de Falaise.

Oiseaux : tirer dans le même sens

Des parcelles entières ont dû être ressemées, corbeaux et choucas ayant tout mangé. Un phénomène que la profession agricole dit observer de plus en plus souvent. David Philippart a introduit ses propos en rappelant : « nous n’avons plus les moyens de lutter chimiquement contre les étourneaux et les corvidés. Le tir et le piégeage ne sont efficaces que s’ils sont collectifs ». De son côté, la fédération des chasseurs chiffre « 30 000 € de dépenses contre les corvidés. Nous vous aiderons mais il faut un travail en symbiose avec les agriculteurs ». Cela passe, entre autres, par un recensement des sites sous pression. L’idée, c’est aussi de mettre les piégeurs en relation avec la profession agricole. « Ces problèmes sont de plus en plus récurrents. Nous avons besoin d’une photo régulière des évolutions des dégâts, conclut Jean-Yves Heurtin. Nous devons nous retrouver régulièrement pour adapter notre positionnement. »

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