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Agricultrices
La femme est l’avenir de l’homme

Réalisé par quatre étudiantes en BTS Acse du lycée agricole de Coutances, le film sur le quotidien des agricultrices s’avère un précieux témoignage sur leur condition.

© EC

Elle est tellement présente sur les exploitations que certains auraient tendance à l’oublier. Mais sans la femme de nombreuses structures ne tiendraient tout simplement pas la route. Que de cheminement pour arriver à un minimum de reconnaissance depuis les années 1960.  A travers six témoignages, quatre étudiantes en BTS ACSE, Claire Gervais, Caroline George, Mathilde Josset et Aurore Bonhomme ont dressé, la semaine dernière au lycée agricole de Coutances, un état des lieux en toute simplicité. “Nous avons voulu casser l’image de la femme “classique” en agriculture et casser les préjugés. Agricultrice n’est pas un état mais un métier”. Six mois de travail pour 20 minutes de phrases intenses. Pas de doute, plus que jamais la femme est l’avenir de l’homme sur la ferme.

Constat parfois amer
Ces six femmes ont posé devant la caméra sans artifice, sans préparation, parlé de manière non conventionnelle, tout en exposant une réalité. Celle des “doubles journées”, à la fois agricultrice et mère de famille. Après la traite, le soin aux veaux, la comptabilité, il y a la lessive, le repassage, les enfants à s’occuper. Bien sûr, au fil des ans la situation a évolué. D’ailleurs, à toute époque les femmes ont parfois pris en mains les destinées de l’exploitation à l’instar de la grand-mère de Nadège Mahé (Coudeville). “Elle a été l’une des premières de la Manche à entrer dans un système sociétaire, en l’occurrence un GAEC. Ma grand-mère a aussi connu toute l’évolution laitière : de la traite à la main à la mécanisation. Aujourd’hui, notre métier est plus facile et moins pénible, heureusement. Enfin, nous apportons un plus car nous sommes en général plus minutieuses”. Sylvie Laurent (Heugueville sur Sienne), elle, a vraiment l’impression de faire deux journées en une. “Une comme mère de famille, l’autre comme agricultrice”. Elle a tout de même choisi une diversification assez physique en consacrant deux journées par semaine à “faire” du bois. Même si Sylvie ne semble rien regretter, le constat est parfois amer. “Depuis 20 ans, je n’ai pas pris de vacances”.
Catherine Guérault (La Croix Avranchin), responsable professionnelle tout comme Nadège Mahé, s’est installée, comme elle le souligne, “sans statut mais avec un atout, une réputation de “travailleuse”. Heureusement qu’une modification majeure a eu lieu pour les exploitantes en 1985 avec une première reconnaissance officielle”. Du coup, elle est passée avec son époux en EARL. La principale révolution pour la femme en ces années 2000 ? “Le robot de traite. Le travail est beaucoup moins physique. Je suis sûre que certaines agricultrices manchoises auraient abandonné si le robot n’était pas arrivé sur la ferme”. Catherine Guérault explique aussi qu’elle ne serait jamais installée seule. “L’agriculture, pour moi, c’est à deux ou rien”.

Trente glorieuses
Présidente de la commission agricultrices de la FDSEA, Catherine Guérault a rappelé “jusqu’à une époque pas si lointaine, les agricultrices étaient invisibles pour l’administration. Il reste encore un travail énorme à réaliser pour les femmes même si en 2010, elles représentaient ¼ des installés”.  Delphine Felinzinska, installée hors cadre familial, avec son mari, sur la ferme de l’Abbaye de la Trappe (Bricquebec), a résumé d’une phrase l’ambiance qui peut régner au quotidien. “Lorsqu’un commercial arrive, il me croise et demande à parler au chef d’exploitation. Evidemment, lorsque je lui indique que je suis “son” interlocuteur, le ton change…”.
Si une agricultrice a connu toute l’évolution des trente glorieuses (1945-1975) avec cette montée en puissance provoquée par la société de consommation, c’est bien Thérèse Lefèbvre (Lamberville). “Au début des années 1960, lorsqu’on épousait un agriculteur, on se mariait aussi avec le métier. La femme, à l’époque, était considérée comme une ménagère qui aidait”. Thérèse Lefèbvre estime cependant que la gent féminine était bien considérée, “certaines portaient la culotte”. Reste qu’elles étaient toujours le bien parent pauvre. “C’est le mari, chef d’exploitation, qui signait le bail. En cas de décès, son épouse n’avait que quelques mois pour faire ses valises”.
Thérèse Lefèvre a donc combattu pour le droit des femmes avec une autre manchoise, son homonyme, décédée voici peu, Paulette Lefèbvre. “C’est elle qui a mis sur pieds au la commission agricultrices et revendiqué le “200 h” pour la formation. Il n’y avait aucune raison à ce que le syndicalisme agricole n’intègre pas les femmes”. Et de conclure, “ma génération a vécu le développement agricole d’après-guerre. Une période où la femme pouvait être soit le frein, soit l’accélérateur de l’exploitation”.
Sylvie Hue (La Vacquerie) et deux autres femmes, bien connues des OPA de la Manche, ont aussi apporté leur pierre à l’édifice, Patricia Lebouvier, ancienne
présidente de la commission agricultrices FDSEA et Isabelle Lottin, vice-présidente de la Chambre d’Agriculture. Cette dernière, non issue du monde agricole, a rebondi sans difficulté. En épousant un agriculteur, elle a aussi créé sa diversification et son emploi, grâce aux produits du terroir.

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