Benoît Hamon
“La loi de modernisation de l’économie sera modifiée”
A l’occasion du déplacement de Benoît Hamon, ministre délégué à l’économie sociale et solidaire et à la consommation, dans le sud Manche, FDSEA et JA ont pu tenir une réunion de travail avec le ministre, Stéphane Travert, député et Adolphe Colrat, préfet de la Manche.

Face à la délégation syndicale et dès le début de la réunion, Benoît Hamon donne le ton d’emblée, “J’ai besoin d’arguments et de faits pour réviser la loi de modernisation de l’économie (LME) à l’occasion de la loi sur la consommation”. Des arguments, les responsables FDSEA et JA n’en manquent pas. Après avoir rappelé le poids du secteur agricole et alimentaire dans l’économie manchoise -une exploitation agricole du département supporte 7 emplois directs et indirects- et l’excellente dynamique d’installation, Hervé Marie, secrétaire général de la FDSEA, a détaillé par le menu les griefs à l’encontre du fonctionnement économique actuel : “Les fournisseurs sont oppressés par le monopole de la grande distribution. Impossible de leur dire non sous peine de se voir déréférencer. Le coût de leur concurrence stérile et dévastatrice est renvoyée vers les producteurs qui ne peuvent même pas répercuter
leurs charges”. Le responsable syndical pointe également du doigt l’incohérence du système : “le droit du consommateur à acheter toujours moins cher revient malheureusement souvent à ne pas acheter français et au final à acheter son propre droit au chômage”.
Un constat partagé par le ministre
“Je ne changerai pas une virgule à ce que vous avez dit”, affirme Benoît Hamon qui indique que “l’application actuelle de la LME ne correspond plus à l’esprit de la loi et j’entends bien la faire évoluer. La course aux low-costs sur l’alimentaire est une hérésie”. Pouvoirs renforcés de la DGCCRF et du ministère de l’économie, anonymat des procédures, encadrement des clauses des contrats, “tout est examiné actuellement pour permettre un rééquilibrage des rapports de force et la prise en compte de la réalité économique de chaque maillon de la filière”.
Redonner de la compétitivité aux éleveurs Français
Pour FDSEA et JA, le gouvernement doit clairement s’engager sur une politique de compétitivité de l’agriculture. La lecture à deux vitesses entre la DGCCRF et l’Europe sur les règles de concurrence favorise l’émergence de grands groupes agroalimentaires européens en dehors de nos frontières, “ceux-là même qui viendront faire du dumping sur nos marchés”, ironise Hervé Marie. Règlementations environnementales, distorsions de concurrence fiscales et sociales sont autant de freins identifiés par le syndicalisme, “les agriculteurs et particulièrement les éleveurs, ne demandent pas mieux que de créer de la richesse et de l’emploi. Au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour nous redonner de la compétitivité et libérer les énergies”.