La pomme Agrial change de logiciel
Pomme à cidre : changement de méthode sous le verger Agrial. Une référence exprimée en tonnes remplace le 80/20 institué en 2002.
llll Les débats ont été parfois vifs mais l'assemblée générale de l'OP (Organisation de Producteurs) d'Agrial a tranché à bulletin secret en faveur du nouveau règlement intérieur (80 % de «oui»). Les explications croisées de Jean-Luc Duval et André Gorju, respectivement président de l'OP «Fruits transformés» et président du conseil de surveillance de la Branche «Boissons».
Marché 2016. «L'année a juste été horrible avec -6% en volume et -4% en valeur. L'Euro de football ne nous a pas été bénéfique puisque les brasseurs en ont profité pour communiquer sur la bière. Les consommateurs de cidre ont été ciblés à travers une mécanique de bons de réduction. Si le cidre rosé marche très bien, nous avons décroché en cidres brut et doux.
A l'international, nous avons perdu des marchés en concentré notamment en Angleterre du fait de la parité EUR/£. En conséquence, les cuves sont pleines».
Production. «Un : ce n'est pas bien quand on a trop de pommes mais on a toujours envie de répondre aux besoins du marché. C'est un exercice délicat avec une production pérenne mais qui affiche une grande variabilité.
Deux : on pensait il y a encore peu de temps, que la production des vergers âgés de 15/20 ans allait décrocher.
Trois : les variétés existantes ne collent pas forcément aux besoins du marché.
C'est la raison pour laquelle Agrial a accompagné de nouvelles plantations.Or, il se trouve qu'aujourd'hui les vergers «âgés» sont toujours aussi productifs et que les producteurs ont réalisé de très gros progrès techniques. Parallèlement, et sans doute parce que la filière pomme était relativement sereine par rapport aux autres, le rythme d'arrachage qui était de l'ordre de 70 ha/an entre 2008 et 2013 est tombé à 10 ha sur les deux dernières années».
Campagne 2017. «On se devait de réagir pour préparer non seulement la prochaine campagne pour laquelle nous devrions collecter 200 000 T mais aussi les autres campagnes à suivre car ce n'est pas qu'un problème 2017. L'outil de gestion de la production de nos adhérents n'était plus adapté au contexte. Jusqu'alors, notre contractualisation était basée sur des hectares livrés en tonnes avec un système de double prix 80/20. Nous avons donc fait le constat d'une référence de production à laquelle on applique un coefficient qui aboutit à un VPL (Volume de Production Livrable). Il correspond à la moyenne des quatre dernières années augmentée de 10 % multiplié par 0,80 pour 2017. Ce coefficient sera déterminé chaque année en assemblée générale d'OP.».
Exceptions. «Ce dispositif ne concerne pas le bio. Concernant le calcul du VPL, les cas particuliers sont considérés comme les jeunes vergers qui ne sont pas en pleine production ou le cas de jeunes producteurs ayant repris un verger sous-exploité».
Dépassement. «L'idéal est de ne pas produire plus que sa référence en jouant sur l'éclaircissage et la taille par exemple. L'OP peut apporter en ce sens un conseil technique aux producteurs. Cependant, en cas de dépassement, les pommes livrées en excédent seront payées selon un barème dégressif.
Autre possibilité, ne pas livrer les pommes en excédent et par exemple les utiliser pour l'alimentation animale (dans le silo de maïs par exemple). Quelques références techniques existent sur ce sujet. Agrial y travaille parallèlement».
Contrat. «Il ne s'agit pas d'une crise économique mais d'un problème en amont de la filière. Nous aurions pu être beaucoup plus radicaux en ne renouvelant pas les contrats arrivant à échéance, mais nous avons décidé de ne laisser aucun producteur sur le bord de la route. Le contrat historique devient un document technique et le règlement intérieur se substitue au contrat individuel. Ce dispositif s'applique également largement aux 3 vergers appartenant à la coopérative».
Arrachage. «Nous avons mis sur la table 3 MEUR d'aide à l'arrachage sur nos fonds propres avec un objectif de référence de 25 000 T sur 3 ans».
USA. «Le marché du vinaigre bio aux USA est très dynamique et va nous permettre d'exporter 15 000 T de pommes (douce/douce amer) par an».