La rampe pendillard pour une meilleure répartition
Rencontre au champ : à l’initiative de la Chambre d’agriculture du Calvados, une démonstration d’épandage de digestat s’est déroulée mardi dernier au Theil-Bocage (14). Au travail, une tonne de 26 m3 de capacité avec rampe à largeur variable (18 à 28 mètres), 420 chevaux à l’avant et un tracteur télégonflé. Détour dans les champs et lisiers.
Rencontre au champ : à l’initiative de la Chambre d’agriculture du Calvados, une démonstration d’épandage de digestat s’est déroulée mardi dernier au Theil-Bocage (14). Au travail, une tonne de 26 m3 de capacité avec rampe à largeur variable (18 à 28 mètres), 420 chevaux à l’avant et un tracteur télégonflé. Détour dans les champs et lisiers.
"Avoir un aperçu agronomique de l’apport de digestat sur blé, voire sur maïs”. Tel est l’objectif que s’était fixé Frédéric Calbris en acceptant la démonstration d’épandage qui s’est tenue sur ses terres du bocage mardi dernier. Un rendez-vous “bout de champ” organisé par la Chambre d’agriculture du Calvados avec la complicité de l’entreprise Suzanne de Juvigny-sur-Seulles (14).
Des tonnes remplies à 93 %
Installé en 2008 sur 75 ha, Frédéric Calbris est laitier (250 000 l) mais aussi méthanisateur. Il produit 5 000 m3 de digestat brut par an qu’il épand avec une tonne à lisier à palettes munie d’une rampe de 12 m.
Après quelques rappels sur les conditions d’un bon épandage, la règlementation et l’optimisation de la fertilisation avec des engrais organiques, Christian Savary (spécialiste machinisme à la Chambre d’agriculture de la Manche) a largement évoqué l’aspect matériel à commencer par le remplissage de la tonne à lisier. “93 % de taux de remplissage en moyenne à cause entre autres de faux plats montants vers le tracteur, d’un manque de puissance du compresseur, d’une hauteur d’aspiration trop importante ou de phénomènes de moussage abondants... Il y a de gros progrès à réaliser dans ce domaine. C’est important dans le coût global du chantier”. Autre volet, le débit de vidange de la tonne variable dans le temps. “22 m3 en début de vidange pour descendre à 18 m3 à la fin” générant ainsi un peu d’approximation dans les doses épandues.
Coefficient de répartition : avantage pendillard
A cela s’ajoute le coefficient de répartition jugé correct à 15 %. Avec un système palette, on épand plus de lisier au milieu et moins aux extrémités aboutissant à un taux de répartition aux alentours de 30 %. A contrario, la rampe pendillard affiche une courbe très homogène respectant ainsi les normes recherchées. Cette technologie, c’est le choix réalisé par l’entreprise Suzanne. Une entreprise, 50 ans d’existence et 11 salariés permanents, qui a fait de l’épandage un de ses savoir-faire. Après une longue réflexion, Pascal Suzanne à opté pour une tonne de marque Pichon, 26 m3, 3 essieux et une rampe variable de 18 à 28 mètres.
420 ch avec télégonflage
Pour tirer la tonne, un New-Holland développant 420 cv. “Il faut de la puissance notamment sur route et plus particulièrement dans les côtes pour gagner du temps”, explique notre entrepreneur. Autre novation : le télégonflage. Les 4 roues du tracteur et les 6 roues de la tonne sont dégonflées et regonflées en temps réel en fonction des besoins grâce à un compresseur (3 200 l/mn) positionné à l’avant du tracteur. “2 kg au tracteur, 4 kg à la barrique. Si les conditions sont limites, on peut baisser de moitié. On gagne un crampon au sol et ça passe. Sur route, on va monter en pression et donc diminuer la consommation de carburant”. Consommer moins tout en respectant la structure du sol, tels sont les enjeux du télégonflage.
La qualité de l’épandage, grâce à la rampe pendillard, est également liée à un système DPAE (Débit Proportionnel à l’Avancement) régulé électroniquement et qui permet une variabilité de 8 à 31 m3. A noter enfin l’autoguidage qui facilite le travail du chauffeur.
5 à 6 mn pour vidanger
5 à 6 minutes (7 avec le dépliage de la rampe) suffisent pour vidanger la tonne soit un débit de chantier de l’ordre de 100 m3 à l’heure. Les opérations de pompage, grâce à un compresseur industriel refroidi par eau, sont également extrêmement rapides. Mais dans cette course contre la montre qui permet de baisser le coût de chantier, c’est parfois l’accessibilité à la fosse qui pose problème. “Avec un ensemble comme celui-là, on change de dimension, reconnait Pascal Suzanne, et il faut pouvoir repartir en marche avant”. Notre entrepreneur est ainsi parfois obligé de faire un repérage des lieux avant de démarrer un chantier. Autre point à surveiller : les branches d’arbres dans les chemins ou en lisière de parcelle. Le point haut de l’ensemble dépasse les 4 mètres.
Reste que la démonstration de mardi dernier a été convaincante à plus d’un titre. “Avant, nos clients voulaient avant tout vider leur fosse. Désormais, ils cherchent à faire des économies”, résume Pascal Suzanne. Des économies en valorisant au mieux, dans le temps et dans l’espace, leurs engrais organiques. Des économies de temps aussi en déléguant à des spécialistes ce type de chantier. Avec l’augmentation de la taille des troupeaux, pas certains qu’il faille s’équiper individuellement. A réfléchir lors du prochain renouvellement de tonne.