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A la recherche du gène rueur au 4S Ranch

Stefano et Sandrine Baldon élèvent des bovins à Glos-la-Ferrière, dans l’Orne. Mais pas n’importe lesquels : des vaches et des taureaux rueurs. Car les animaux sont destinés à la compétition de bull riding, une épreuve de rodéo. Début octobre, ils se sont lancés dans la collecte et le transfert d’embryons, les premiers en Europe à réaliser cette opération pour produire des taureaux de sport.

© JP

Le bull riding, c’est quoi ?
Du rodéo sur taureau. Le cow-boy doit rester huit secondes sur l’animal qui rue. Il se tient avec une seule main, l’autre devant être en l’air. Stefano Baldon, Italien, en est mordu. Il découvre la discipline à l’âge de 25 ans. « A l’époque, je travaillais dans l’entreprise de maçonnerie de mon père », se souvient-il. Il change alors de cap et participe à de grands rodéos aux USA. « J’avais 36 ans quand j’ai gagné mon premier rodéo américain. » Stefano Baldon arrête ensuite de monter et s’installe comme éleveur. Le 4S Ranch est fondé à Glos-la-Férrière, en 2011.

Il y a qui au 4S Ranch ?
Stefano, Sandrine et leurs deux enfants Shawn et Stella. Le couple achète ses premiers bovins dans les Hautes-Alpes en 2012 : Buck, taureau de 5 ans et demi ; le fils de Buck, Brown, âgé de 8 mois ; et Teuf, la propre sœur de Brown, quasiment 2 ans. De là, part la souche de l’élevage. Sandrine et Stefano Baldon cherchent la performance : les taureaux sont des athlètes, chez lesquels « ruer est dans les gènes ».
Comme en élevage laitier ou de chevaux de course, ils réfléchissent les croisements, sélectionnent les animaux.

Comment sait-on si l’animal est bon rueur ?
« Je teste mes animaux une première fois à 10 – 12 mois, explique l’éleveur. Je vois tout de suite s’ils seront bons. » Stefano Baldon place sur leur dos un robot testeur, appelé dummy. Il pèse 6 kg et est sanglé de la même manière qu’une selle de cheval. « Quand l’animal rue de la bonne façon, je détache le dummy grâce à une télécommande. C’est la méthode du renforcement positif : si l’animal a le bon geste de jeter les postérieurs ou de tourner sur lui-même, on le libère. La gêne de la sangle active le gène rueur. » Et les éleveurs d’insister qu’il ne s’agit pas de maltraitance animale mais bien de comportement.
Les mâles partent en compétition. Les femelles vont à la reproduction. Au 4Sranch, où les mâles sont plus nombreux que les femelles (6 femelles sur 22 bovins), les Baldon visent l’excellence génétique pour leurs taureaux de sport. Ils se sont alors lancés dans la collecte et le transfert d’embryons. « Nous sommes les premiers à faire ça en Europe avec des taureaux de rodéo. »

Comment se passe la collecte d’embryons ?
« Little, la première femelle de Teuf, a produit deux mâles de suite, deux copies conformes. » La donneuse, c’est elle. Le père, Smackdown, est un taureau croisé Montbéliard et Longhorn, acheté en 2013. « Little a reçu un traitement, une semaine avant d’être inséminée en monte naturelle, pour se trouver en état de super-ovulation », décrit Patrick Pezavent, responsable des collectes et transferts d’embryons Origen plus. La vache a été préparée par le produit Génial prévêlage : « il s’agit d’un produit travaillé par l’Inra, qui active les gènes de la reproduction », informe Laurent Pasquet, responsable nutrisanté Origen plus. Sandrine Baldon, aussi assistante vétérinaire, assure les soins nécessaires au quotidien.
Sept jours après l’insémination, le 3 octobre, Cindy Dervaux, d’Origen plus, a collecté les embryons : « j’introduis une canule dans l’utérus et fais un lavage. Les embryons viennent avec. La collecte dure trente minutes. Stefano a parlé à Little tout au long de l’opération et ça s’est bien passé ». Dix-huit embryons ont été collectés, seize d’entre eux ont été jugés bons, soit des embryons « compacts, dont le noyau est placé au milieu, avec peu de cellules échappées ».

Où vont les embryons collectés ?
Sur les seize embryons collectés, onze ont été congelés et cinq transférés sur des mères porteuses. « Le cycle des mères porteuses est synchronisé sur celui de la donneuse, pour qu’elles soient en chaleur en même temps, poursuit Patrick Pezavent. On espère trois ou quatre gestations. »

Que devient la donneuse ?
Little est vide mais elle va être inséminée par Corsica, taureau de Stefano, triple champion d’Europe de bull riding. « En trois ou quatre ans, nous espérons faire grimper le niveau génétique de l’élevage », avance Stefano Baldon.

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