La semaine de la coopération agricole
A l'occasion de la 4e semaine de la coopération agricole, Coop de France Normandie a proposé à quelques coopératives normandes d'exprimer leur vision du rôle de leur coopérative.
Coop de France Normandie - Jean-Luc Duval
Alors que les ateliers des États généraux de l’alimentation n'avaient pas exprimé de recommandations particulières envers les coopératives agricoles, et alors que le Président de la République, en octobre, incitait les agriculteurs à s'organiser collectivement pour mieux peser dans les négociations commerciales, le projet de loi agriculture et alimentation pourrait autoriser le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour reformer plusieurs volets du statut de nos entreprises !
Cette habilitation est étonnante quand on se souvient que les décrets d'application des dispositions de la loi de 2014 n’ont été signés qu’en 2017, laissant un délai aux coopératives pour se mettre en conformité avec la loi. Sommes-nous vraiment dans le renouvellement des pratiques politiques lorsque de nouvelles mesures viennent s'ajouter à des dispositions qui ne sont pas encore entrées en vigueur et n'ont donc pas pu être évaluées ?
La volonté de Jean-Baptiste Moreau, rapporteur du texte Agriculture et Alimentation, est de retrouver « la pureté originelle » des coopératives agricoles. Mais pourquoi laisser entendre que les coopératives agricoles ont perdu leur âme ? Il est évident que les coopératives d'aujourd'hui ne sont pas celles de 1947, et heureusement, car nos marchés ne sont pas ceux d'il y a 70 ans. On a tendance à oublier que les coopératives se sont développées pour atteindre des tailles critiques répondant ainsi à la demande de leurs adhérents de faire face à l’accroissement de la taille de leurs clients, dont la grande distribution.
Distribuer des intrants de qualité, apporter une expertise technique, transformer les produits, répondre à la demande des consommateurs, aller chercher des marchés internationaux... les coopératives se sont développées pour répondre à leur vocation première qui est de partager la valeur. Mais avant de partager cette valeur, faut-il encore
la créer !
Bien sûr, dans toutes entreprises en développement des évolutions sont nécessaires, c'est pourquoi les coopératives travaillent sur leur responsabilité sociétale (démarche RSE), proposent des formations à leurs administrateurs et associés-coopérateurs, développent leur communication avec leurs adhérents ainsi qu’avec les consommateurs. Toutes ces thématiques font l'objet d'un grand débat accessible à tous les coopérateurs et tous les salariés via le site de consultation en ligne www.legranddebatcooperatif.coop. Nous vous invitons à prendre quelques instants pour voter et/ou contribuer aux propositions. Le ministre de l’Agriculture a indiqué pendant les débats de la loi qu'il serait attentif aux résultats de cette consultation : l'occasion de démontrer la force du collectif coopératif !
Dans une époque où la démocratie participative est mise à l’honneur, où l’économie collaborative prend son essor, les coopératives agricoles ont toute leur place, mais elles doivent faire face à des critiques (le « Coop bashing » comme disent certains !). Rappelons donc que les coopératives sont la propriété des agriculteurs qui participent de manière démocratique à sa gouvernance selon le principe : un homme = une voix. J’invite donc tous les coopérateurs à parler positivement du prolongement de leur exploitation !
Origen Plus > François Carpentier
La coopération agricole est avant tout une aventure humaine, née de la volonté d’hommes et de femmes de bâtir ensemble un avenir commun, pour développer des territoires, des filières…
Pour notre coopérative Origenplus, leader en Normandie dans ses métiers de la génétique et de l’insémination bovine, ce sont 24 administrateurs représentant la diversité des races, des systèmes de production et des régions agricoles de Normandie. Origenplus, ce sont aussi 160 salariés qui vivent au rythme des éleveurs, proposant un service insémination 7J/7, 365 jours / an et en forte proximité avec eux. La coopération, c’est déjà proposer, des services et des produits de qualité au tarif le plus bas.
Les coopératives doivent aussi apporter de la vitalité à nos territoires ruraux, proposer une vraie proximité et un grand professionnalisme à leurs adhérents et améliorer leur revenu. A travers leur richesse humaine, nos coopératives sont adaptées pour réfléchir sur les besoins d’avenir et construire les solutions du futur. Les enjeux principaux des coopératives sont de rester à visage humain et proche de leurs adhérents, d’apporter de la performance économique et de l’innovation et de concourir à la bonne image des agriculteurs dans la société.»
Cap Seine > Jean-Charles Deschamps
Notre coopérative, tant de par son modèle que par son histoire, a la résilience nécessaire pour être toujours solidement ancrée sur son territoire. Cela lui permet d’être au service du revenu de ses adhérents tout en saisissant les opportunités de croissance, de développement et d’innovation, dans un monde en pleine évolution.
Construire au service de toutes les formes d’agricultures dans l’intérêt commun, être proche de ses adhérents tout en allant chercher des marchés internationaux, c’est ce que permet notre modèle ! Notre coopérative est le prolongement de nos exploitations, nous raisonnons comme sur nos fermes : diversifier pour gérer le risque et créer de la valeur et saisir les opportunités de croissance pour amortir nos charges ! Cap Seine a fait le choix de proposer à ses adhérents un éventail de productions constamment élargi en construisant des filières pérennes et créatrices de valeur en développant le groupe. Cela nous permet de répondre aux attentes de nos adhérents et de nos clients mais aussi être apporteur de solutions nouvelles.»
Terre de lin > Guillaume Hemeryck
En premier lieu, une coopérative doit apporter une vraie valeur ajoutée à ses adhérents. Elle a une proximité réelle et pas seulement virtuelle (attention au piège des nouvelles technologies). Elle est à l’Écoute. Elle est résolument moderne et sait se remettre en question. Elle est ouverte au monde, et doit accompagner ses adhérents dans les changements sociaux économiques. Elle est entreprenante, porteuse de projets. Elle se nourrit et nourrit les différents profils de ses adhérents. En bref, elle donne « envie ».
Isigny-Sainte-Mère > Arnaud Fossey
La coopérative Isigny Sainte Mère cherche toujours à atteindre son objectif premier qui est de valoriser de la meilleure des manières le lait collecté.
La coopérative a démontré en 2017 sa capacité à créer de la valeur avant de la redistribuer à l’ensemble de ses associés-coopérateurs, preuve que les choix d’investissement de ces années passées ont été pertinents.
En allant chercher des marchés porteurs à l’export (62% du chiffre d’affaires), la coopérative joue pleinement son rôle de prolongement de l’exploitation de ses adhérents. Individuellement, les adhérents ne pourraient pas valoriser leur production sur ces marchés émergents. Par ailleurs, elle contribue au rayonnement international de son territoire en exportant des produits locaux bénéficiant d’une AOP.
La coopérative contribue également au développement de son territoire lorsqu’elle investit dans de nouvelles installations générant ainsi de nombreux emplois. Ancrée sur son territoire, elle dynamise le bassin d'emplois local.
Enfin, la coopérative accompagne ces adhérents tout au long de leur vie professionnelle. Les jeunes bénéficient d’aide à l’installation sur le plan technique et financier. De même, nous proposons également des formations auprès de nos associés-coopérateurs.
Attaché à son terroir et les yeux tournés vers le monde, Isigny Sainte mère s'engage sur le long terme pour ses associés-coopérateurs, ses salariés et son territoire.
Agrial > Arnaud Degoulet
Face à la remise en cause du fonctionnement des coopératives par certains médias et acteurs politiques et économiques, il est important de profiter de la Semaine de la Coopération agricole pour réaffirmer avec force qui nous sommes.
Ce sont les adhérents agriculteurs qui détiennent entièrement les coopératives, en l’occurrence Agrial, et ce sont leurs représentants élus, et notamment le Conseil d’Administration, qui la pilotent et en valident la stratégie. Le Conseil d’Administration est le garant des intérêts et de l’équité entre coopérateurs, dans le souci de la pérennité de la Coopérative. La création et le partage de la valeur sont au cœur du projet coopératif. Cette valeur créée a pour vocation, d’une part, à assurer le développement de la Coopérative afin de toujours mieux valoriser la production des agriculteurs et, d’autre part, à être retournée de manière directe aux adhérents en retour de leur investissement dans la Coopérative. Ce retour direct s’est élevé à 18 millions d’euros pour Agrial cette année, soit quasiment le tiers du résultat du Groupe.
Certes nous sommes conscients que nous devons rendre plus visible l’engagement coopératif, plus fluide sa démocratie, mieux comprise la répartition de sa valeur : une exigence de pédagogie et d’amélioration continue oui, des attaques aveugles et permanentes, non !»
Coop Creully > Pascal Desvage
Notre ADN à la coopérative de Creully, c’est l’ancrage local ainsi que la proximité des adhérents. Notre maillage territorial assure la vie des territoires ruraux via l’emploi que nous générons. Le collectif doit toujours faire mieux pour la rémunération des producteurs que l’individuel. Capter la valeur ajoutée pour la redistribuer largement aux sociétaires est notre priorité de tous les jours. De plus, les élus auxquels vous faites confiance doivent être sur le terrain dans vos combats quotidiens, qu’ils soient administratifs, techniques ou économiques.
En décembre dernier le projet de loi sur l’alimentation et le retour de valeur ajoutée vers les producteurs faisait rêver certains. Pour notre part, à Creully, nous sentions déjà l’enfumage, c’est chose faite ! Cette loi sera essentiellement environnementale, en fait de valeur ajoutée, les agriculteurs ne récolteront qu’obligations et interdictions conduisant à des impasses techniques aux conséquences économiques désastreuses.
Ne parlons pas des coopératives que l’on fait passer via les médias pour d’ignobles vendeurs de phyto et d’engrais. Trop facile de faire porter le chapeau aux professionnels. Les responsables sont politiques par leurs idéaux populistes et leurs décisions catastrophiques depuis de trop nombreuses années, ils ont conduit l’agriculture là où elle est. Ce n’est pas un problème de modèle agricole, c’est un problème de dirigeants politiques.
La coopération agricole, au quotidien auprès de ses sociétaires, tente pour sa part d’atténuer les effets de ces différentes politiques.
Noriap > Jean-François Gaffet
Les coopératives sont au service de leurs adhérents et de l’agriculture. Elles rassemblent tous les éléments de réponse aux attentes contemporaines. Modernité de leur gouvernance composée de socio-professionnels, activités économiques locales, contribution à l’aménagement des territoires, présence de long terme et tournée résolument vers l’avenir.
Par exemple, nous défendons depuis le début le projet du Canal Seine Nord Europe. Il représente une formidable opportunité pour la compétitivité des territoires, le rayonnement de notre agriculture à l’export et la réduction de l’empreinte écologique liée aux transports. Notre projet de plateforme agrilogistique est un des piliers de la logistique agricole du futur canal.
Les coopératives offrent une longévité économique gage de stabilité pour les employés, les entreprises sous-traitantes et les projets d’investissements sur le territoire. Dans son projet d’entreprise, Noriap a intégré les dimensions d’innovations technologiques, environnementales et de RSE. L’enjeu pour les coopératives est de créer de la valeur économique pour la pérennité des exploitations agricoles. Aussi Noriap a ouvert la voie de diversifications. Nous investissons dans le métier de l’œuf pour répondre à la demande sociétale d’offre de productions alimentaires bio et alternatives … Nous nous sommes aussi engagés dans un métier stratégique pour le passage à une agriculture connectée : le machinisme agricole…. Noriap est résolument orientée vers l’avenir. »
Interface Céréales > François Barret
Les enjeux de la coopération agricole sont multiples, pour les années à venir : être plus agile dans un monde en évolution, fédérer les agriculteurs autour d’objectifs communs, répondre aux exigences citoyennes mais également à nos différents clients en notamment segmentant davantage nos offres, consolider avec une politique volontariste notre vocation exportatrice.
Les valeurs portées par la coopération entrent indéniablement en résonance avec les nouvelles aspirations de la société sur un modèle économique et social des entreprises plus responsable.
Bien évidemment l’ancrage territorial du modèle coopératif non délocalisable est également un atout majeur.
Le rôle des coopératives sur les territoires est bien évidemment en premier lieu de créer de la valeur et de la partager. Reste qu’il sera de plus en plus nécessaire pour la coopérative d’accompagner sur son territoire des adhérents porteurs de projets individuels dans un souci de réussite collective.