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Alimentation
La valorisation des mélanges céréales-protéagineux immatures en troupeau laitier

Afin de disposer de fourrages dès le début d’été prochain, quelques éleveurs normands ont implanté à l’automne dernier des mélanges céréales-protéagineux afin de les ensiler dès la mi-juin. Mais comment valoriser ces mélanges céréales-protéagineux immatures (MCPI) en troupeau laitier ?

Pour répondre à cette question, nous vous présentons les résultats de différents essais menés sur vaches et génisses laitières à la station expérimentale des Trinottières dans le Maine et Loire.


Une valeur alimentaire supérieure à un blé ensilé ou à un bon foin

Les mélanges céréales-protéagineux immatures (MCPI) récoltés aux Trinottières sont des mélanges à base de triticale- avoine-pois. La valeur alimentaire moyenne des 3 années de récolte (2006, 2008 et 2009) est supérieure à la valeur alimentaire d’un ensilage de blé ou d’un bon foin de Normandie (tableau 1). La présence du pois fourrager permet d’expliquer pour une grande part l’amélioration significative de la valeur UF et PDI du MCPI. Ceci a été très bien démontré dans le cadre d’essais menés dans le Calvados, qui vous seront présentés aux prochaines Prairiales Normandie du Pin (encadré). 
Les conditions expérimentales des essais vaches laitièresL’ensilage de MCPI a été testé à 2 niveaux d’incorporation pour les vaches laitières : 50 % associé à du maïs ensilage (hiver 2006-2007 et 2008-2009) et à 100 % de la ration au cours de l’hiver 2009-2010. Dans ces 3 essais, le lot témoin disposait d’une ration 100 % maïs ensilage. Les rations des lots expérimentaux et témoins étaient équilibrées à 95 g de PDI par kg de matière sèche (MS). Pour pallier à la valeur énergétique plus faible du MCPI, du maïs grain est ajouté aux rations expérimentales. Ces 3 essais ont été réalisés en début de lactation pendant 10 semaines.

Une ingestion proche avec 50 % de MCPI mais bien plus faible avec 100 % de MCPI

Le niveau d’ingestion des lots avec 50 % de MCPI est proche des lots témoins (tableau 2) avec en moyenne sur les 2 hivers un différentiel d’un peu plus de 1 kg de MS en moins ingéré pour la ration 50 % MCPI.Au contraire de la ration expérimentale précédente, lorsque le MCPI remplace en totalité l’ensilage maïs, l’ingestion est significativement inférieure (tableau 2) avec une baisse de plus de 6 kg de MS. Selon les responsables de l’expérimentation, le taux de MS du MCPI récolté en 2009 faible, avec 27 % en moyenne, a pénalisé l’ingestion globale de la ration.

Pour une production laitière moindre mais avec une efficacité alimentaire proche

Pour les lots recevant la ration 50 % de MCPI, la baisse de la production s’est établie en moyenne à 2,9 kg de lait brut (3,5 kg hiver 2006-2007 et 2,3 kg hiver 2008-2009), mais avec tout de même un niveau de production performant avec plus de 32 kg au cours de l’hiver 2008-2009 (tableau 3). Sans surprises, le TB est en hausse avec les rations MCPI, et à la baisse pour le TP, plus marqué au cours de l’hiver 2008-2009.Avec des rations 100 % MCPI en remplacement d’une ration 100 % d’ensilage de maïs, la production laitière est significativement plus faible avec 7,8 kg de lait brut en moins. Le TB reste proche, mais la baisse de l’ingestion a fortement pénalisé le TP qui atteint 28,6 g/kg pour le lot 100 % MCPI contre les 30,7 g/kg pour le lot 100 % maïs ensilage (tableau 3). Au final, l’efficacité alimentaire des rations à base de MCPI est assez proche des rations 100 % ensilage de maïs, et voisin de l’objectif de 1,6 à 1,7 d’efficacité à moins de 100 jours de lactation ou 1,3 à 1,4 entre 100 et 200 jours de lactation.


Valorisez votre MCPI avec vos génisses à inséminer l’hiver prochain

Si le MCPI est moins bien valorisé par les vaches laitières, l’essai mené aux Trinottières au cours de l’hiver 2009-2010 sur un lot de 13 génisses Holstein destinées à vêler à 24 mois (insémination à 400 kg) permet de démontrer qu’il est possible d’alimenter ce type de génisses si ce MCPI est bien récolté à plus de 30 % de MS.Le lot MCPI recevait de l’ensilage de MCPI (0,78 UFL - 74 g PDIN et 60 g de PDIE / kg de MS), pauvre en MS (25 %) avec 100 g d’un minéral type 0/28/5 à raison d’une distribution à volonté 3 fois par semaine  afin de simplifier les pratiques d’alimentation. Face à une croissance permise par le MCPI à volonté trop faible, expliqué par un taux de MS faible limitant l’ingestion totale dans le 1er mois d’essai, il a été décidé d’apporter au cours des 2 mois suivants, durant le période d’insémination, une complémentation de 1 kg de maïs grain broyé avec 0,5 kg de tourteau de colza. Cette dernière complémentation a été retirée au cours du dernier mois de l’expérimentation.Au terme de cet essai, il a été relevé une ingestion moyenne (kg de MS/jour/génisse) de 7 kg de MCPI, 650 g de concentrés et 100 g de AMV. La croissance s’est établie à 592 g par jour au cours des 60 premiers jours et 886 g pour les 64 derniers jours d’expérimentation. Cette croissance, supérieure à l’objectif souhaité de 600 g par jour, a été suivie au pâturage de printemps d’une croissance compensatrice (893 g/j) inférieure à celle observée après un hiver à 600 g par jour. Les mélanges céréales-protéagineux permettent de produire des quantités de fourrages conséquentes (plus de 10 tonnes de MS/ha) à moindre coût (moins de 300 €/ha), et à une période où le besoin de fourrages peut être significatif avec une production laitière plus précoce en période estivale. Les expérimentations menées aux Trinottières nous démontrent qu’il est possible de limiter la baisse des performances zootechniques des vaches laitières si la proportion de MCPI ne dépasse pas les 50 % de la ration. Si vous souhaitez impérativement maintenir ces performances (lait et taux) de vos animaux, l’objectif de 3 à 4 kg de MS semble plus judicieux pour maintenir dans le même temps le résultat économique de votre atelier laitier. La valorisation de MCPI par des génisses à inséminer constitue également une opportunité. Mais au cours de ces expérimentations, il a bien été démontré également que la bonne valorisation des MCPI passe d’abord par un taux de MS à la récolte supérieur à 30 % sans dépasser les 35 % de MS.

Rendez-vous

Pour parler mélanges céréales-protéagineux immatures ou de protéagineux immatures, nous vous attendons aux prochaines Prairiales Normandie du Pin le jeudi 16 juin 2011 sur le site expérimental INRA du Pin-au-Haras dans l’Orne.Une collection de mélanges céréaliers et de protéagineux purs vous permettra de visualiser le potentiel de ce type de fourrages. Vous trouverez sur cet atelier des spécialistes de la conduite de ce type de fourrages et de la valorisation par les animaux afin de répondre à toutes vos questions.

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