Lait
La volatilité des prix impacte les résultats
Les producteurs de lait doivent désormais composer avec de fortes variations des prix et des cours. Cette volatilité joue sur le coût de production.

Depuis 2008, toutes les filières sont confrontées à la volatilité des prix et des coûts avec une ampleur jamais connue auparavant. C’est une chose plutôt nouvelle pour les producteurs de lait alors que les filières hors sol étaient habituées à gérer des variations conjoncturelles importantes. Les amplitudes les plus marquées se situent sur le prix du lait et sur le poids des charges alimentaires. Ces dernières font varier considérablement le coût de production. Pour preuve, depuis 2007, l’Indice des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)* a progressé de plus de 60 %, par vagues successives.
Ratio prix du lait/prix de l’aliment
Le ratio entre le prix du lait et le prix de l’aliment reflète bien les tensions du marché. Ce sont en effet les deux éléments les plus fluctuants qui entrent dans le calcul du coût de production. Pour analyser ce critère, il est préférable de regarder l’évolution de la courbe plutôt que la ration en lui-même. Plus cet indicateur est bas, plus le marché est tendu. Il peut l’être soit par un prix du lait faible, soit par un coût alimentaire élevé, ou pire encore par une conjonction défavorable sur les deux éléments. En 2013, cet indicateur a atteint son niveau le plus bas avec 3,3 depuis 2009 durant la crise laitière (graphique). A cette époque, il était tombé à 3,4. L’impact sur les trésoreries est bien réel et pour les reconstituer, il faudra que cet indicateur remonte. A la lumière d’une comparaison entre résultats économiques globaux des exploitations laitières et cet indicateur conjoncturel, on s’aperçoit qu’avec un ratio en dessous de 3,8, la situation devient, en moyenne, préoccupante en termes de trésorerie.
De 2 à 6 € de produit lait
A l’échelle des exploitations, les situations sont très hétérogènes. L’indicateur prix du lait sur coût alimentaire va de 2 à 6 €/1 000 l sur des exploitations clôturant au 2e trimestre 2013. Autrement dit, pour une même période, avec une mise de 1 € de coût alimentaire, certaines exploitations vont générer 2 € de produit lait quand d’autres vont réaliser 6 €. Ce sont principalement les différences de coûts alimentaires qui expliquent ces écarts, avec une plage de variation allant de moins de 60 €/1 000 l à plus de 160 €/1 000 l. Et la prédominance d’un système plus qu’un autre n’est pas avérée, que ce soit pour les plus économes ou les plus dépensiers.
Technicien et gestionnairePour essayer d’atténuer l’effet néfaste des variations de conjoncture sur le coût alimentaire, le producteur doit être à la pointe de la technique et de la gestion. La bonne méthode consiste à mettre des euros systématiquement en face de ses choix techniques, notamment en ce qui concerne l’alimentation. Elle constitue toujours le premier poste de charge, et donc, un levier d’optimisation important. Cette approche technico-économique sera d’autant plus cohérente et efficace si elle s’accompagne d’une stratégie à long terme. La stratégie confère au producteur une vision d’ensemble de son outil et lui permet d’anticiper les choix à prendre. Elle est reliée à des objectifs techniques précis, le tout composant un tableau de bord de l’éleveur.
* IPAMPA : l’Indice des prix d'achat des moyens de production agricole (IPAMPA) permet de suivre l'évolution des prix des biens et des services utilisés par les agriculteurs pour leur exploitation agricole. Ces prix sont relevés auprès des vendeurs de produits nécessaires aux exploitations. (Source Insee)