Manche
Lait : de la flexibilité additionnelle positive et un peu de prêt pour finir la campagne
Une dose de souplesse dans la gestion des quotas en fin de campagne et un juste retour de l’amélioration de la conjoncture sur les produits industriels laitiers. Deux revendications portées par la FDSEA pour redonner une bouffée d’oxygène aux producteurs de lait manchois.



Sur les 8 premiers mois de l’année, nous en sommes à - 4,8 % et si ça continue, on pourrait terminer la campagne laitière hexagonale à - 8 % selon certains experts”. Mais pour Hervé Marie, secrétaire général de la FDSEA de la Manche et président de sa section lait, cette situation alarmante n’est pas inéluctable. Il suffirait d’actionner certains leviers franco-français, notamment au niveau de la gestion des quotas en fin da campagne, pour limiter la casse. Voire redonner un peu de perspectives...
3 % en plus
Les laitiers français n’ont pas le moral et ça se voit dans les chiffres. En moyenne flottante sur les 8 premiers mois de l’année, il manque presque 5 % de volume dans le tank national par rapport à la campagne précédente. Outre Rhin, l’autre grand producteur laitier européen, on a moins d’états d’âme. L’Allemagne affiche un + 3,6 % et va devoir freiner des deux pieds pour ne pas dépasser sa référence. Paradoxe. Si rien n’est fait, certains producteurs français pourraient avoir à payer des pénalités et pas nos cousins germaniques. Et Hervé Marie d’évoquer une double peine. “Notre lait n’est pas payé assez cher, même s’il se situe dans le haut du panier européen, mais en plus, ceux qui dépasseraient un peu leur référence se trouveraient ponctionnés. Nos trésoreries ne nous le permettent pas”.
La gestion des quotas à la française est en effet particulière. Même en cas de respect de la référence nationale, individuellement, ceux qui dépassent leur droit mettent la main au porte-monnaie. “Ce serait un comble au vu de la conjoncture actuelle”, tempête Sébastien Amand, producteur de lait et administrateur de la FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait). La FDSEA réclame donc une rallonge de fin de campagne “qui pourrait être de 3 % par exemple. Ce qui ne pénaliserait en rien le niveau de production européen”. Une revendication, soulignons-le, émise dès le 8 juin dernier par Pascal Férey, président de la FDSEA de la Manche. “C’est une décision qui appartient au ministre français de l’Agriculture et qui peut être prise dès demain matin”, insistent Hervé Marie et Sébastien Amand. Elle aurait le mérite d’apporter un peu plus d’équité dans la gestion intracommunautaire des droits à produire et de ne pas hypothéquer le potentiel de production pour la campagne 2010/2011.
+ 5 e/1 000 litres
Autre fer au feu du syndicalisme agricole manchois : un zeste de flexibilité additionnelle positive. Depuis fin août en effet, sous les effets conjugués de la sècheresse en Nouvelle-Zélande et de la réouverture des marchés chinois et indien, les produits industriels laitiers retrouvent un peu de couleur et réempruntent une pente ascendante. Hervé Marie et Sébastien Arnaud exigent donc de la part des entreprises de la “réactivité” et plaident pour un passage du moins vers le plus. “Ce basculement serait logique. Un juste retour des choses. Au CNIEL de nous apporter les éléments techniques”. Là encore, une revendication qui ne date pas d’hier puisqu’elle avait été exprimée dès le 22 octobre dernier. Sur ce dossier, la FDSEA entend bien rencontrer l’ensemble des entreprises au plus vite “pour connaître leur position. Des entreprises qui au passage ne peuvent pas se passer de nous”, souligne le secrétaire général de la FDSEA. A moins qu’elles ne préfèrent s’approvisionner à meilleur marché hors frontière ?
Dernier point évoqué par les responsables syndicaux vendredi dernier lors de leur rencontre avec la presse : la grande distribution et la répartition des marges. “On ne peut que se satisfaire du jugement rendu à l’encontre de Leclerc condamné à reverser 23 Me à ses fournisseurs. A la FDSEA, nous avions tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme. Ce verdict prouve que notre combat était juste et qu’il est aujourd’hui reconnu”. Reste qu’on a pu lire ici ou là que certains fournisseurs n’exigeraient pas ce remboursement. Etonnement du côté d’Hervé Marie et Sébastien Arnaud : “23 Me, ce n’est quand même pas une paille ?”