Gab 14
Le Calvados se met à l’heure Bio
Les conversions en agriculture biologique se développent. Pour permettre aux agriculteurs conventionnels d’appréhender les pratiques biologiques, le Gab 14 a organisé une journée sur l’exploitation des Sidler, à Jurques.


Alex et Karin Sidler ont débuté leur carrière en agriculture conventionnelle. Au bout de deux ans, ils se sont convertis au bio. D’origine Suisse, ils sont installés en France depuis 12 ans. “On vient d’un pays riche en pâturage. La transition n’a pas été trop difficile”, explique Karin Sidler. Pour devenir bio, le couple a donc changé son système et augmenté sa surface en herbe. “Nous avons investi dans le matériel. Nous nous sommes aussi formés, surtout pour la santé des animaux”. L’exploitation produit aujourd’hui 384 000 litres de lait sur 84 hectares.
Plus de conversions :
l’effet grenelle
Le troupeau est composé de 75 vaches de race mixte Prim’Holstien-Brune. Le cheptel s’est étoffé pour produire le quota. Lors de la conversion, la production est passée de 8 000 litres à 6 000 litres par vache. Côté ration : place au méteil, à la betterave et au séchage en grange. “La part du maïs s’est réduite ces dernières années. Mais, nous restons quasiment autonomes. On revient à la source. Nous n’avons pas envie d’acheter en Asie pour vendre aux Etats-Unis !”. L’aspect économique plaide aussi en faveur du choix des Sidler. Le lait bio a trouvé sa rémunération. La paye de lait 2008 atteint 421 €/1000 litres. “Actuellement, on pourrait produire 30 % de lait bio supplémentaire. Les laiteries travaillent en fonction des marchés qui s’ouvrent. La filière bio n’a pas de problème de fixation du prix du lait”, explique Guillaume Fernagu, animateur du Groupement d’Agriculture Biologique du Calvados. Le Grenelle de l’environnement produit ses premiers effets. 18 conversions ont été recensées en 2008. “Pour les six premiers mois de l’année 2009, nous allons dépasser les trente conversions. Nous avons eu une centaine de contacts depuis janvier. En ce moment, nous recevons en moyenne deux appels de conventionnels par jour”. Le GAB 14 est débordé. L’équipe se renforce avec l’embauche d’une troisième personne, financée par le Conseil Général et l’agence de l’eau. “Elle permettra de développer le suivi technique”, souligne-t-on au Gab 14. Parmi les agriculteurs intéressés : essentiellement des producteurs laitiers. “Certains produisent jusqu’à 700 000 litres de lait. C’est peut-être plus facile que pour les céréaliers. L’herbe facilite la rotation des cultures”.
Avis d’expert
Un chargement élevé
Thierry Métivier, technicien Chambre d’agriculture du Calvados : “Cette ferme bio se distingue par sa taille, avec un quota de près de 400 000 litres lait. On note également de bonnes performances techniques : une production fourragère importante qui permet de tenir un chargement élevé, avec 1,4 UGB/ha SFP. Cette productivité est possible grâce à une proportion importante de prairies temporaires, des légumineuses et une bonne utilisation des effluents de la ferme. 1,4 UGB/ha SFP, c’est bien car le potentiel des terres reste moyen. Par rapport à d’autres exploitations, on constate une forte production de lait à l’hectare : 5 600 l/ha. Dans le groupe de références bio, on est souvent à 4 500 litres.
Les animaux valorisent correctement la ration. Les vaches produisent en moyenne 5 500 litres. Tous ces éléments se transcrivent bien sur le plan économique. Les charges sont maîtrisées. Pour 100 euros de produit, 21 euros ressortent en charge opérationnelle. Dans les systèmes conventionnels, la moyenne se situe aux alentours des 30-35 euros. La rentabilité de la ferme s’explique par la maîtrise des charges”.