Le poiré : un marché d’avenir
Depuis plus d’un an, l’Institut français de productions cidricoles (IFPC) basé à Sées (Orne) conduit une étude sur les poires et le poiré visant à déterminer les meilleures variétés de poires, mode de conduite du verger et techniques de transformation. Le but étant de répondre à la demande des consommateurs, toujours en augmentation.

Depuis fin 2015, l’IFPC (Institut français de productions cidricoles) s’est penché sur une étude dédiée spécifiquement à la poire et au poiré. « Elaborer du poiré, c’est loin d’être facile » concède Jean-Luc Duval, président de la Maison cidricole de Normandie, président de la branche cidricole d’Agrial qui se rappelle de la formule de son grand-père. « Il disait qu'un poirier mettait cent ans à pousser, cent ans à produire et cent ans à mourir ».
Une formule qui veut bien dire que la production ne se fait pas en un claquement de doigts.
Les poiriers sont longs à donner leurs premiers fruits. Il faut compter douze à quinze ans pour les arbres à haute-tige, et environ sept ans pour les basses tiges, contre quatre ans pour les pommes.
Un produit qui plait
Alors, depuis un peu plus de six mois, l’IFPC conduit une étude avec la Chambre régionale d’agriculture de Normandie et l’Arac (Association de recherche appliquée à la transformation cidricole). Les objectifs sont clairs : cette étude vise à la fois à optimiser économiquement l’outil de production, réduire l’utilisation des intrants, améliorer la qualité des produits et diversifier l’offre en proposant une gamme élargie de poirés produits en Normandie pour satisfaire plus largement le consommateur. Parce qu’aujourd’hui, « le poiré est un produit qui plait, qui est de plus en plus demandé » atteste Jean-Louis Bénassi, directeur de l'IFPC.
45 mois d’études
Pour le moment, le poiré pèse un peu plus de 200 000 bouteilles dont la moitié en AOC Donfrontais. C'est peu comparé par exemple au cidre du pays d'Auge qui produit 600 000 bouteilles. Pour faire face à « ce marché porteur », il va falloir planter des poiriers. Ce que prévoit l’étude qui s’étend jusqu’à la fin 2019, soit 45 mois. Au total, ce sont quarante-quatre espèces de poires qui seront testées, selon quatre modes différents de conduite du verger, permettant d’observer « l’acidité, l’astringence, les couleurs, les arômes… » note Arnaud Didier de l’Arac.
Une recherche de longue haleine
En 45 mois, l’étude ne sera pas terminée. Mais c’est la durée de l’appel à projets. « Trois ans, ce n’est pas suffisant. Notre intention est bien d’aller au-delà » confient les partenaires. La réponse sur le terrain est toujours plus longue que celles des exigences budgétaires. Mais en 45 mois, c’est déjà un bon début. « Quand on plante, c’est pour 30 ans. Tout comme un programme variétal, c’est 25 ans » poursuit Jean-Luc Duval.
Etre imaginatif
La recherche dans ce domaine reste essentielle. Surtout qu’elle « va rayonner sur l’ensemble de la production. L’AOC est une chose, mais ce n’est pas tout. C’est comme le cidre, il n’y a pas qu’un poiré ». Et c’est cette large gamme que l’IFTC et ses partenaires veulent offrir aux consommateurs. « Il ne faut rien s’interdire, surtout d’être imaginatifs » insiste Jean-Luc Duval. Mais il reste confiant. « Nous avons la chance d’être une petite filière, bien organisée qui nous permet de créer des liens forts et d’avancer ». Résultats fin 2019.
L’IFPC veut pousser les murs
L’IFPC a une double mission, celle de conduire des expérimentations permettant de transmettre les acquis de la recherche vers les producteurs et les transformateurs, et de coordonner les programmes Recherche et Développement initiés par les différents acteurs de la filière cidricole. Deux missions que Jean-Louis Benassi, directeur, conduit avec son équipe à Sées (Orne). Une équipe qui est montée en gamme année après année. « Nous sommes aujourd’hui une équipe de 15 équivalents temps plein dont 11 ingénieurs et trois docteurs. Nous sommes sont une équipe très qualifiée » fait remarquer le directeur.
Pour continuer leurs expérimentations sur le site Ornais afin d’en faire profiter les producteurs, un projet d’investissement est en cours. Et pour cause. La station cidricole a été construite en 1987. Il s’agit donc à la fois de rénover les locaux et les agrandir. « Nous étions deux personnes au départ. Et sur le site, nous sommes 8 maintenant ». Les bureaux sont donc à l’étroit, tout comme le laboratoire, la salle de réunion ou encore la salle thermorégulée. Des équipements doivent être également renouvelés. C’est le cas de la serre qui devient trop exigüe. Quant au verger de 10 ha, il est déjà bien rempli. Autrement dit, Jean-Louis Bénassi affirme « avoir besoin de place pour des essais ou des sélections variétales ».
Le projet est dans les mains de l’architecte. Mais d’ores et déjà la copie pourrait monter jusqu’à un million d’euros.