Dans le Bessin
Le potentiel du soja prend racine
Au printemps, des éleveurs adhérents à l’OP des 3 Vallées (Danone) et des cultivateurs ont semé 29 ha de soja, en partenariat avec le Coopérative de Creully. Les parcelles ont été moissonnées en septembre et en octobre. On fait le point sur la campagne 2020.
Au printemps, des éleveurs adhérents à l’OP des 3 Vallées (Danone) et des cultivateurs ont semé 29 ha de soja, en partenariat avec le Coopérative de Creully. Les parcelles ont été moissonnées en septembre et en octobre. On fait le point sur la campagne 2020.
2019 : 10 ha. 2020 : 29 ha. La culture de soja dans le Calvados, menée en partenariat entre des éleveurs adhérents à l’OP des 3 Vallées (Danone), des cultivateurs et la Coopérative de Creully, continue son chemin. « Sur les 29 ha de soja semés au printemps, 24,5 ha ont été moissonnés et une parcelle a été récoltée en fourrage », détaille Jean-Philippe Chenault, responsable agronomique de la Coopérative de Creully. Mi-novembre, alors que la campagne 2020 du soja normand est achevée, l’heure est au bilan. Une première phase de récolte a eu lieu le 28 septembre. Puis une seconde le 20 octobre. « Entre les deux, il y a eu de la pluie. On a essayé de grouper la moisson pour faciliter le séchage. Mais on a eu quelques inquiétudes. »
Résultats encourageants
« La première vague était tout juste mûre, la seconde avait un fort taux d’humidité. Certaines parcelles avaient beaucoup d’impuretés. On s’attendait à mieux », décrit Jean-Philippe Chenault. Qui nuance : « cette année, nous avons été déçus par l’ensemble des cultures, blé, orge, pois, colza, féveroles… » Les rendements des huit cultivateurs sont compris entre 7 et 28 q/ha, avec une moyenne à 18 q/ha. « Les rendements plus faibles concernent les parcelles où les adventices n’ont pas pu être gérées et où il y a eu des problèmes de germination sur une variété. Soit ces parcelles ont été ressemées mais ont perdu en potentiel, soit on les a laissées car c’est difficile de casser un champ qui n’est pas homogène. » Damien Lecuir, président de l’OP des 3 Vallées, commente : « les résultats sont satisfaisants. Ce n’est pas la catastrophe. Nous en sommes encore au stade de galops d’essais mais des scores à presque 30 q/ha sont encourageants. On va en tirer de nouveaux enseignements. » L’an dernier, le soja normand a été expérimentés sur deux troupeaux laitiers du groupe. « Il n’y a pas eu de pertes zootechniques, assure le président de l’OP. Les résultats laitiers se sont maintenus, tant en quantité qu’en qualité. »
Trois troupeaux
Dans la logique du projet cette année, la Coop de Creully, qui assure sa collecte, le séchage, le toastage, a acheté les 40 t de soja moissonnées. « Nous calculons le prix d’achat et de revente du soja pour trouver l’équilibre, poursuit Jean-Philippe Chenault. L’idée, c’est de se caler sur ce que pourrait être une filière demain. » La coop revend le soja à trois élevages laitiers normands. « L’expérimentation est menée sur trois troupeaux aux systèmes alimentaires différents. Les résultats techniques des cheptels seront suivis par Littoral Normand. Le suivi est financé par Danone », précise Camille Guérin, chef de secteur lait Danone. Il salue une « vraie dynamique locale », qui répond à l’ambition du groupe de tendre vers « une agriculture 100 % régénératrice » d’ici 2025, via le programme Les 2 pieds sur terre. « Le soja est un pilier du programme pour diminuer l’empreinte carbone des exploitations. »
Apprivoiser
L’année prochaine, les partenaires repartent ensemble avec l’objectif de multiplier par trois la surface, d’associer pleinement éleveurs et cultivateurs afin d’entrer dans un schéma d’indépendance alimentaire à l’échelle du territoire. Un financement régional, via un appel à projets, serait le bienvenu. « Pour valider l’économie de filière, nous devons passer à une surface plus importante. Nous devons continuer à être audacieux mais nous devons être aidés pour modérer la prise de risque. L’autonomie protéique a un prix, les laiteries doivent la valoriser », lâche Damien Lecuir. En parallèle, le projet Soja made in Normandie mène lui aussi des essais. « Nos résultats sont cohérents avec ceux de SMN, reprend Jean-Philippe Chenault. Je suis plutôt optimiste car, même avec les coups de chaud que nous avons eu cet été, aucune parcelle n’a été irriguée. Il y a du potentiel. » Les prochaines expérimentations approfondiront les thèmes : choix des variétés, densités de semis, biostimulants racinaires et foliaires, désherbage. Et Damien Lecuir de conclure : « le soja est une culture nouvelle, que nous devons tous apprivoiser ».