Au Space
Le Premier ministre n’est pas parvenu à rassurer
La visite au Space de Jean-Marc Ayrault ne s’est pas vraiment passée comme prévu. Il a été accueilli par les huées et sifflets des éleveurs. Son discours s’est voulu rassurant mais n’a pas vraiment répondu à toutes les questions des agriculteurs.
Dès son arrivée à l'aéroport de Rennes le 12 septembre dans l’après-midi, Jean-Marc Ayrault a dû faire face au malaise des agriculteurs et des salariés de l’industrie avicole. Pendant près d’une demi-heure, le Comité de liaison interprofessionnel de la filière volailles de chair française s’est entretenu avec lui. Jean-Marc Ayrault leur a assuré qu’il allait déposer un recours au fonds contre la décision de la Commission européenne de suspendre les restitutions. Il s’est également engagé à ce qu’un soutien d’urgence soit mis en place pour les accouveurs et les organisations de producteurs impactés par la fin des restitutions à l’export. “Nous attendons désormais du concret”, a fait valoir Michel Prugue, le président de la Confédération française de l’aviculture (CFA) qui se dit plutôt satisfait de cette rencontre. Suite à ce rendez-vous, les représentants des entreprises Gad, Doux et Tilly-Sabco l'ont intercepté. C'est donc avec plus de deux heures de retard que le Premier ministre a commencé sa visite sous les huées des éleveurs. La visite du Space a été écourtée et il n’a pas pris le temps de passer devant près de 1 500 salariés, éleveurs de la filière volailles mais aussi élus locaux qui avaient organisé une chaîne humaine “pacifique”. “ C’est une erreur monumentale”, a lancé Michel Prugue.
Plan Bretagne
Alors qu’un plan Bretagne était très attendu par la profession et la Région, aucune annonce n’a vraiment été faite pendant le discours du Premier ministre. Jean-Marc Ayrault a demandé tout de même à la région, au département, à l’ensemble des acteurs de l’agriculture, du commerce et de la distribution de formaliser un “plan Bretagne” d’ici la fin de l’année. “ Le modèle agricole breton n’est pas mort”, a-t-il lancé. Une réunion qui réunira tous les acteurs de la Région est prévue le 30 septembre. Plus concrètement : concernant la volaille, il incite la banque publique d’investissement (BPI) et FranceAgriMer à mobiliser des moyens pour aider au renforcement de la compétitivité des outils industriels d’abattage et de transformation. « La modernisation des bâtiments d’élevage doit progresser sur la période 2014/2019, en concertation avec les région », a -t-il ajouté. Il a insisté également sur la nécessaire simplification administrative. D’ailleurs, pour le porc, il a confirmé que le régime d’enregistrement sera créé et prendra la place du régime actuel d’autorisation pour les installations classées. “ Le choc d’installation passera bien par l’agriculture”, a-t-il argué. L’évolution de la réglementation des zones en excédent structurel (ZES) sera aussi effective dans les prochains programmes d’action régionaux. Au niveau européen, il a assuré qu’il se préoccupait des distorsions dans les coûts de la main d’oeuvre en Europe et des distorsions de concurrence fiscale notamment en matière de TVA.
Investissements et Pac
Pour l’ensemble du secteur de l’élevage et des industries agroalimentaires, Jean-Marc Ayrault a rappelé que la Banque publique d’investissement (BPI) est déjà engagée dans l’agroalimentaire en fonds propres pour 800 millions d’euros et en matière de prêts pour 600 millions d’euros. Un tour de table sera d’ailleurs organisé et débouchera sur un nouveau fonds dédié aux investissements pour mobiliser au moins 50 millions d’euros supplémentaires. Le 8 novembre prochain se déroulera la journée du financement de l’agroalimentaire: « l’accélération des financements de BPIfrance s’effectuera sous forme de prêts au secteur (...) c’est un gisement de près de 2,7 milliards d’euros d’investissement qu’il reste à mettre en œuvre. » Par contre, l’application de la Pac a été vite éludée lors du discours : “ des décisions seront prises – notamment en matière de convergence et de couplage des aides- à l’aune de leur “soutenabilité” par les différents types et systèmes de production, en particulier par le secteur de l’élevage laitier”. Mais la Pac sera utilisée au maximum “ au bénéfice de l’élevage et de l’emploi”, a-t-il assuré.