Le stockage des céréales en boudin : économique et écologique
En cette moisson 2018, le stockage des céréales en boudin pourrait être expérimenté du côté de Verson (14). A l’initiative de ce projet, la société Alternae, filiale du groupe Cap Seine.
lll Les plans « silos », avec leurs cathédrales verticales, représentent un lourd investissement pour les coopératives et négoces privés. A l’autre bout de la planète, comme en Australie ou en Argentine, 60 % des céréales sont stockées à l’horizontale dans des boudins en plastique. Un facteur de compétitivité sur le marché mondial que s’approprie la société Alternae. Cette filiale du Groupe Cap Seine a investi dans 5 machines venues d’Allemagne et « boudine » depuis 2016. Dans le Calvados, ce sera peut-être chose faite dans les prochains jours.
Ni ventilation, ni insecticide
Vincent Declercq, responsable collecte d’Alternae (70 collaborateurs et 400 000 t de collecte dont le siège est à Gisors - 27) ne tarit pas d’éloge sur cette technique. « Ce sont des gaines en plastiques dans lesquelles on installe la marchandise à la moisson ou après moisson. Il n’y a pas besoin de ventilation ou d’insecticide. Ce qui rend le stockage économique et écologique», argumente-t-il. « On est dans du stockage en bout de champ, à l’identique d’un silo de betteraves, mais dans un espace qu’il faut protéger parce que l’on craint le vandalisme des animaux mais aussi des hommes ».
Pratiqué par un agriculteur du Cher depuis une douzaine d’années, le retour d’expérience est encourageant. « Je l’ai rencontré en 2016. Son record de durée de stockage en boudin est de 5 ans. Quand il l’a ouvert, il m’a dit que ça sentait la moisson, se souvient Vincent Declercq. Le produit reste donc intact sous conditions de préservation aux aléas extérieurs ».
2100 t dans la journée
En juin, Alternae a réalisé une prestation de service pour le compte d’une coopérative de Seine et Marne se retrouvant avec 60 000 t de céréales dans ses silos à la veille de la moisson. La cause ? Le trafic des péniches perturbés à cause d’écluses défaillantes. « En 15 jours, nous avons mis 20 000 t en boudin avec un record à 2 100 t en une journée, l’équivalent de 70 transbordeurs de 30 t ». Pour l’agriculteur, le transborder n’est pas obligatoire, une benne agricole peut suffire, mais le débit de chantier n’est pas le même. « Nous n’avons pas vocation, en France, à stopper le stockage vertical mais le stockage boudin est un outil supplémentaire et complémentaire, est persuadé Vincent Declercq. Il facilite la gestion matière en année compliquée. Il permet d’isoler des lots de qualité médiocre et donc de ne pas polluer des cellules. Il apporte des alternatives rapides et peu coûteuses quand les plateformes sont engorgées. C’est une réponse aussi aux moissonneuses-batteuses qui affichent des débits de chantiers de plus en plus importants...»
Et ce qui marche pour les céréales à paille fonctionne aussi en colza et maïs. Certains utilisent même cette technique pour du stockage tampon d’ammonitrate. Si donc ça boudine dans la plaine de Caen dans quelques jours, marquez l’arrêt. Un arrêt écologique et économique.