Athis-de-l’Orne/Briouze/La-Ferté-Macé dans l’Orne
le triangle d’or du triticale bas-normand
Une soixantaine de producteurs motivés, un terroir naturel et un outil de collecte qui a su s’adapter... La coopérative AGRIAL a fait du périmètre Athis-de-l’Orne/Briouze/la-Ferté-Macé dans l’Orne le triangle bas-normand du triticale.


Marc Boldrini, directeur de la région Bocage Ornais d’Agrial, est le Monsieur Triticale de la coopérative. “Une céréale OGM naturelle”, s’amuse-t-il un brin provocateur. Depuis 2006, il œuvre à la mise en place d’une filière courte et structurée avec le site de Briouze (61) pour camp de base.
Plus de 90 quintaux en bonnes parcelles
Briouze : un coin d’anciens marais avec une hydromorphie prononcée et des terres acides. Le triticale s’y plaît et tutoie régulièrement, côté rendement, la barre des 90 q/ha dans les bonnes parcelles. “En première paille, le triticale fait généralement mieux qu’un blé. En seconde paille, mieux qu’un blé sur blé”, confirme Marc Boldrini. Pas étonnant donc qu’on la cultive dans ce coin de bocage ornais depuis plus de vingt ans. La céréale est appréciée en alimentation animale de même que sa paille, plus abondante que n’importe quelle autre céréale.
Mais la filière s’est structurée sous l’impulsion et la passion de notre agronome, convaincu de l’intérêt de cet hybride. Désormais et autour des 1 500 T de capacité de stockage du silo de Briouze, une soixantaine de producteurs travaille en circuit court. Si une partie de la récolte est utilisée en autoconsommation dans les élevages, Agrial a trouvé à travers son usine d’alimentation animale de Fougères (35), distante d’une petite centaine de kilomètres, un débouché récurrent. “Côté logistique, cela nous permet d’optimiser le transport. Les camions convoient dans un sens le triticale pour revenir à plein avec de l’aliment”, confirme Marc Boldrini. Et cela, tout au long de l’année.
115 ha en multiplication
Outre la fabrication d’aliments, Agrial mise également sur la multiplication de semences. 115 ha ont été contractualisés dans ce coin de bocage et assurent la moitié de l’approvisionnement en triticale du site de St-Sylvain aux portes de Caen (lire par ailleurs). Agrial travaille notamment pour Semences de France et Nickerson en circuit long. “La génétique est en plein développement et le créneau est porteur”, confirme Marc Boldrini.
Mais au catalogue variétal, Agrial limite ses préconisations. Bellac, Dinaro ou bien encore Matinal sortent du chapeau. Les principaux critères retenus sont les résistantes à la fusariose et à l’oïdium ainsi que la tenue de tige. Le cahier des charges du fabricant d’aliments impose en effet des normes mycotoxines plus drastiques que pour le blé. Il faut donc veiller au grain en choisissant les variétés offrant les meilleures garanties.
D’autres évolutions variétales se font jour. Le triticale, auparavant plutôt tardif, étoffe sa gamme de précocité.
Un avenir serein
A périmètre Agrial, le triticale reste une niche, mais une niche qui fait le plein. “Tels que nous sommes, on satisfait les besoins”, confirme Marc Boldrini. Les fluctuations du prix du blé ne changeront guère la donne. Le prix du triticale se calera toujours à quelques euros près derrière le blé. La différence étant compensée par une consommation légèrement moindre d’intrants.
Reste qu’avec son profil d’acides animés, sa richesse en lysine, sa fibrosité alimentaire (...), le triticale pourrait séduire de plus en plus de formulateurs d’aliments. Une condition à cela : des volumes garantis à qualité constante. Autre préalable : un circuit court et un service sans faille. Du côté de Briouze, on a expérimenté la formule avec succès !
A la Station Semences Agrial de St-Sylvain (14)
14 000 quintaux traités par an et 7 variétés multipliées
Sur les 170 000 quintaux de céréales que traite chaque année la station de semences de St-Sylvain (14), propriété d’Agrial, 14 000 sont du triticale, soit environ 240 ha en multiplication concentrés principalement dans le bocage ornais (du côté de Briouze), le reste se situant en bordure maritime et en plaine de Caen. “Nous sommes montés jusqu’à 400 ha pour redescendre à moins de 200, se souvient Laurence Carré, maîtresse des lieux. Aujourd’hui, nous atteignons une production qui correspond aux débouchés”. En circuit long, Semences de France (In Vivo) et Nickerson (Limagrain) constituent les deux débouchés essentiels. Sept variétés sont multipliées (Borodine, Joyce, Triskelle, Talentro, Bellac, Dinaro et Matinal) mais seules les trois dernières citées sont préconisées localement par les techniciens de la coopérative. “Techniquement, la maîtrise culturale d’un triticale semence n’est pas différente de celle d’un blé”, convient Laurence Carré. Tout juste faut-il veiller à la densité de semis pour limiter les risques de verse et faire le choix de variétés qui finissent vite. L’an dernier, il est vrai dans des conditions climatiques rares, certaines parcelles ont germé. Mais le labo veille au grain. “Ce que l’on met dans nos sacs, c’est notre sérieux, notre professionnalisme. Nous disposons d’une table densimétrique. C’est un outil performant pour éliminer les grains malades, fusariés, échaudés, parasités ou les graines d’autres espèces. ”.
A St-Sylvain, on reste donc extrêmement vigilant tout au long de la chaîne en veillant particulièrement au triage, à la germination et aux conditions de stockage. Les résultats sont là. Alors que la norme française impose un minimum de 80 % de taux de germination, Agrial s’offre, voire dépasse, les 90 %.
Th. G