Légumes : les producteurs veulent des solutions viables
La semaine dernière, les producteurs de tous les bassins de production ont une nouvelle fois manifesté leur colère, cette fois à Cherbourg, en déversant plusieurs tonnes de produits.

Drôle de feuilleton vécu par les producteurs de légumes depuis le début de l’année. Après une fin de campagne désastreuse pour les trésoreries (35 % de perte sur le chiffre d’affaires par rapport à 2013), le marché ne s’est pas redressé en prix, loin de là ; de plus la grande distribution est sans pitié. A titre d’exemple, le consommateur peut actuellement trouver dans les rayons du brocoli d’Espagne, alors que la Manche en regorge. Du coup, à l’appel de la FDSEA, 150 producteurs ont déversé quelques tonnes de légumes devant la permanence de la députée Geneviève Gosselin. Plutôt remontés, les maraîchers du Val de Saire ont au passage dénoncé un manque d’écoute de la classe politique dans son ensemble.
“Obligé d’hypothéquer”
Jean-Luc Leblond, président de la section légumes FDSEA, estime la situation catastrophique pour de nombreuses exploitations. “C’est vrai, nous avons déjà connu de mauvaises années, mais jamais à ce point. Des producteurs ont été obligés d’hypothéquer leurs terres ou d’emprunter auprès de leurs fournisseurs pour mettre en culture”. Ce que n’accepte pas Jean-Luc Leblond, c’est la position du ministre de l’Agriculture, “nous l’avons averti depuis longtemps sur nos difficultés. Il vient de nous proposer des mesurettes, du saupoudrage. Il écrit à la MSA, à l’Union européenne ; en clair Le Foll demande aux autres de régler les problèmes dont il a la charge”. D’ailleurs, les légumiers ne veulent plus de ces pansements, ou alors à dose homéopathique. “Bon sang, dans la Manche on fait quand même du bon produit ! Lorsque l’on voit la carotte et le poireau partir à 50 % de notre prix de revient, c’est à devenir fou. Notre production doit être payée à son juste prix. Quant aux premières mesures, année blanche pour les cotisations MSA et les annuités bancaires, sans oublier l’abrogation de la redevance sur les pollutions diffuses”. Une redevance qui n’est pas très claire dans la mesure où belges, hollandais, allemands utilisent sans vergogne des produits phyto introuvables en France. Dans un second temps, il va falloir gommer les distorsions sociales et fiscales par rapport à ces autres pays.
Dans la foulée, les producteurs ont été reçus par les services préfectoraux. Réunion à laquelle participaient la FDSEA et les GMS. Jean-Luc Leblond affirme, “on a senti que certaines enseignes de distribution, pas toutes, veulent dialoguer ; pourtant cette rencontre n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Mme Gosselin a soulevé un point intéressant : pourquoi ne pas reverser aux producteurs les crédits d’impôt (CICE) engrangé par la grande distribution ?” Du coup, lundi dernier, la FDSEA organisait une autre réunion, cette fois avec les parlementaires. Cinq députés ou sénateurs ont répondu à cette invitation, par le biais de leurs attachés. Des courriers devraient partir vers Paris. Les maraîchers, eux, voudraient bien voir une autre sorte de papier arriver dans leurs exploitations : orné de plusieurs chiffres avec le symbole de l’euro.