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L’entretien mécanique des prairies

Hersage, ébousage, étaupinage, scarification, broyage des refus… De nombreux travaux d’entretien sont raditionnellement réalisés sur les prairies, pour lesquels des matériels très variés sont proposés...

Le hersage, à réserver à quelques cas particuliers.
Le hersage, à réserver à quelques cas particuliers.
© JC GUTNER

Appliquées dans de bonnes conditions avec un matériel adapté, ces pratiques permettent de prévenir la dégradation du couvert végétal, assurer sa longévité, et offrir une herbe de qualité.

Le hersage, à réserver à quelques cas particuliers

Traditionnellement, les prairies sont hersées en fin d’hiver. Plusieurs avantages sont attendus : nivellement, étalement des bouses et des taupinières, éventuellement aération du couvert et minéralisation de l’azote accrue… Le hersage n’a pas d’intérêt systématique, mais est plutôt à réserver à quelques cas particuliers : - décompaction, en cas de réel besoin ;- nivellement de prairies piétinées par des animaux hivernés sur la parcelle ; - hersage d’été pour contenir l’agrostis stolonifère ;- passage de herse étrille pour arracher la mousse dans les zones où elle s’est trop développée. Un chaulage pourra être utile pour limiter le retour de la mousse, celle-ci étant révélatrice d’une acidité de surface ;- émiettage des paquets de fumier après un épandage. Tout passage ayant entrainé l’apparition de trous devra être suivi d’un sursemis pour éviter l’envahissement par les adventices.Attention au hersage en mode aération : plusieurs résultats d’essais montrent que l’aération des prairies ne semble que rarement justifiée, et ce quelle que soit la profondeur de travail, compte-tenu de l’absence d’incidence positive sur la production, la fertilité des sols, de la variabilité des réponses sur la flore, du coût et du temps de travail engendrés. Arvalis et ses partenaires en Lorraine, de 2007 à 2011, a testé trois outils de décompaction, travaillant le sol à des profondeurs différentes, sur une ancienne prairie temporaire ray grass anglais - trèfle nlanc exploitée en fauche tardive puis pâturée, prairie en perte de productivité : augmentation du taux de légumineuses, diminution de celui des graminées, et surtout accroissement de la part des diverses et des mousses. Le travail en mode profond (10-15 cm) a un effet encore plus négatif sur le taux de sol nu (+ 12 %) et sur le rendement (- 30 %), l’effet est nul sur la fertilité du sol. Le seul aspect positif a été observé sur un essai des Chambres d’agriculture des Pays de La Loire en 2002-2004, qui concernait une prairie fortement tassée suite à du piétinement en conditions humides au printemps. Le passage de l’outil à l’automne a permis un gain de 1,5 t MS/ha au printemps suivant.

Un pâturage bien géré pour éviter l’engrenage des refus

L’engrenage des zones refusées

Certaines zones des prairies sont moins consommées par les animaux parce que les espèces qui la composent sont moins appétantes, plus ligneuses ou parce que s’y concentrent les déjections. Le phénomène s’entretient dans un cercle vicieux puisque ces zones sont refusées, donc durcissent, se lignifient et perdent encore plus d’appétence. Elles sont souvent le reflet d’un chargement inadapté. Les légumineuses disparaissent, les graminées et les diverses se développent dans ces zones de concentration de déjections.Au printemps, les zones de refus sur fertilisées poussent plus rapidement et la prairie prend alors un aspect moutonné. Dans les parcelles pâturées par les chevaux, groupant davantage leurs crottins, on constate une mosaïque dans la parcelle, alternance de zones sur pâturées et sous pâturées.


Bien gérer le pâturage pour éviter les refus

Les solutions aux refus sont multiples et complémentaires :- revoir sa conduite générale du pâturage, en adaptant le chargement des animaux à la surface pâturée et à la période de l’année. En pâturage tournant, on peut aussi jouer sur le temps de séjour par parcelle. Un chargement instantané plus important, avec des parcelles plus petites  et des temps de séjour courts favorisent un pâturage plus homogène et la disparition des refus. Les excédents doivent être récoltés avant que la qualité de l’herbe ne se dégrade ;- revoir les hauteurs d’herbe: les hauteurs d’entrée ne doivent pas excéder 13 cm hauteur herbomètre (mi bottes). Si les hauteurs d’herbe en sortie de parcelles sont trop élevées, elles peuvent favoriser les refus. Il est donc important de bien raser la prairie avant la sortie des animaux: en moyenne 5 cm herbomètre (hauteur talon) ;- alternez fauche et pâture pour rééquilibrer la flore et lutter contre les adventices ;- rasez la prairie à l’automne avant le repos hivernal, ou broyer les résidus si la portance ne permet plus le pâturage.

Broyer ou faucher ?

Broyer ou faucher les refus pour « niveler » l’herbe. Elle repoussera alors plus tendre et retrouvera de l’appétence pour les animaux, même si les repousses de refus restent provisoirement plus vigoureuses pendant quelques temps. Cela permet également d’éviter la montée à graine des espèces précoces comme les vulpins, les bromes mous, ou des adventices refusées (rumex, chardons…).Le broyage est une solution quand les refus sont peu importants. La fauche permet une repousse plus rapide (coupe nette), et est à préférer face à une quantité plus conséquente d’herbe non consommée. Pour éviter de laisser les résidus sur les zones de refus déjà sur fertilisées, ils peuvent être exportés, ou laissés sécher et consommés par les animaux: fauche à la sortie des animaux, séchage une journée avec du soleil, et retour des animaux la nuit suivante.Le broyage permet de réduire la proportion de touffes de dactyle dans une prairie permanente et améliore la digestibilité de l’herbe. D’après l’ASBL fourrages mieux, Belgique, 2007, on passe de 77 % à 50 % de dactyle dans une prairie lorsque l’on fait 2 broyages, et on descend à 39 % avec 4 broyages. D’autre part la digestibilité de la matière sèche passe elle de 72 % sans broyage à 80 % avec 4 broyages.

Ebousage et étaupinage, un entretien mécanique superficiel et indispensable

- L’ébousage : les restitutions directes par les déjections à la pâture sont très importantes. Mais elles sont mal réparties sur la parcelle. L’ébousage a pour objectif de mieux répartir les éléments fertilisants restitués. Cela entraîne une forte diminution des touffes de refus et des zones de vides.L’ébousage en cours de saison étend les zones souillées et peut diminuer l’appétence de l’herbe. Il doit être effectué sur une herbe rase en sortie de pâturage et avant une période pluvieuse pour « laver » l’herbe. Cela nécessite donc un pâturage tournant avec un temps de repos suffisant. Il est à proscrire sur de l’herbe haute, en pâturage continu et en conditions sèches. Un ébousage d’arrière-saison est recommandé pour accélérer la dégradation des bouses et éviter la formation de trous qui seront comblés par les adventices. - L’étaupinage s’impose en fin d’hiver sur les parcelles de fauche, pour éviter de récolter de la terre ou d’autres souillures dans le fourrage lors de la première coupe de printemps. Il diminue aussi la casse et l’usure du matériel de récolte. Lorsque la terre des taupinières étendue est importante, un sursemis est nécessaire. Un roulage précoce des prairies en début de printemps peut en compléter l’efficacité. Les matériels d’ébousage et d’étaupinage sont multiples, leur équipement variable. Etaler des bouses et les taupinières nécessite des lames, des raclettes ou des socs. Une herse étrille équipée de racloirs ou d’une lame niveleuse peut très bien étaupiner et ébouser. Un scarificateur ou une fabrication « maison » avec des pneus ébousent parfaitement. Mais attention à la polyvalence des outils : l’association ébousage-hersage peut entraîner un griffage agressif nuisible aux espèces fourragères sensibles telles que le ray grass.

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