L’envie d’entreprendre
C’est une industrie innovante, pourvoyeuse d’emploi et de développement rural qui a été présentée aux représentants des politiques publiques et de l’Etat en région, le 3 décembre dernier.
“Avec ses espoirs, mais aussi ses difficultés à surmonter, il y a une vraie envie d’aller de l’avant dans la filière cidricole”, a insisté Jean-Luc Duval, président de la branche boissons d’Agrial, le 3 décembre dernier, lors d’une visite autour de la filière cidricole qui réunissait Jean Charbonniaud, le préfet de région, Jean Cézard, le directeur de la direction régionale de l’alimentation de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF), et François Dufour, vice-président du conseil régional de Basse-Normandie en charge de l’agriculture.
Des investissements
Une envie d’entreprendre, que les représentants de l’Etat et des politiques publiques en région, ont pu constater dès la visite de la station pédagogique et expérimentale du lycée agricole du Robillard (14), ainsi que sur le site Agrial de Sainte-Foy-de-Montgommery (14), spécialisé dans l’IGP (indication géographique protégée) Calvados, et le site Agrial de Livarot (14), spécialisé dans la production et l’embouteillage de cidre.
La filière investit. A l’image de ces 400 000 € mis sur la table pour moderniser le cylindre de déshydratation des moûts, et économiser 20 % de gaz naturel. “Désormais, on recycle les vapeurs et on augmente l’efficacité du procédé, avec la circulation du moût en trois passages au lieu d’un seul”, se félicite Philippe Joye, responsable du site de Livarot. Les moûts vidés de leurs sucres après remiage, alimente un industriel qui en retire la pectine -un ingrédient gélifiant. Mais les professionnels envisagent déjà d’autres pistes de valorisation en direction d’unités de méthanisation notamment.
Exportation
La filière innove en diversifiant et en segmentant sa gamme. A l’image du cidre rosé, du poiré “douce poire” d’Agrial et des conditionnements individuels. “Nous voulons créer des temps de consommation supplémentaires, à l’apéritif notamment, en plus de la traditionnelle consommation à l’épiphanie. La coopérative s’organise également à l’exportation, pour 20 à 30 % des ventes”, assure Philippe Joye.
Anticiper
“Contrairement aux brasseurs, nous travaillons avec un produit de base - la pomme-, périssable et qui rend l’activité très saisonnière”, détaille Jean-Luc Duval. “Centrifugation, refroidissement, atmosphère contrôlée, flash pasteurisation, stérilisation des tanks à la vapeur. Nous adaptons les procédés pour conserver les jus et permettre de fournir le marché toute l’année en écrasant les frais fixes sur des durées de fonctionnement plus longues”, complète Philippe Joye. L’usine Agrial de Livarot fonctionne ainsi toute l’année avec 75 emplois en CDI, et une centaine d’emplois au total en pleine saison de collecte. Une unité qui n’a écrasé que 16 000 t cette campagne, en raison du très faible niveau de la récolte de 2014. La capacité d’écrasement du site est de 27 000 t. “Pour faire face à cette variation des volumes, nous devons avoir en permanence, une vision sur la prochaine campagne”, ajoute Philippe Joye. “Agrial réfléchit à s’équiper d’un concentrateur de jus, ajoute Jean-Luc Duval. Ingénierie, emploi, innovation, investissements. Nous voulons profiter de cette rencontre avec nos représentants pour leur montrer qu’il y a toute une industrie non délocalisable autour de la pomme. Une filière qui compte en terme d’emploi, d’aménagement du paysage et de développement durable. Montrer qu’il y a de l’envie, des espoirs, mais aussi des difficultés à surmonter, avec des investissements parfois très lourds à gérer. Et le président de la branche boissons d’Agrial de poursuivre en évoquant la loi Evin, qui ne fait pas de différence entre le cidre et le whisky ou la vodka. Les associations anti-alcool voient même dans le cidre, la porte d’entrée vers la consommation banalisée d’alcool...”.
Enfiler des perles
“En France, nous avons aussi le problème de la concentration des GMS. Quand Auchan et Système-U annoncent qu’ils se rapprochent pour leurs achats, ce n’est pas pour enfiler des perles, dénonce Jean-Luc Duval. Serge Papin (le président de système U, NDLR) a beau dire qu’il souhaite aider les producteurs ; lorsque nos commerciaux se retrouvent dans la cage en verre, ce n’est plus le même discours”.