Les MAEC marquent un but
En contractualisant une MAEC, Jean-Luc Gaugain (producteur bio à Cricqueville-en-Auge 14) s’est engagé à ne pas exploiter avant le 25 juin les surfaces en herbe qu’il gère dans le marais de la Dives. Un enjeu de biodiversité.








La disparition de la prime à l’herbe a généré un appel d’air que le dispositif MAEC tente de compenser. Dans les zones herbagères, la demande est soutenue mais la question du financement reste majeure pour assurer le succès de l’opération.
Jean-Luc Gaugain vient de franchir le pas. Jeudi dernier, il a ouvert les portes de son exploitation aux représentants de l’Union Européenne et du Conseil régional de Normandie (les cofinanceurs) pour expliquer la démarche. A ses côtés, les acteurs techniques qui l’accompagnent dans ses choix : la Chambre d’agriculture du Calvados représentée par son président Michel Legrand et le CREPAN présidé par Claudine Joly.
30 % des surfaces en marais
Jean-Claude Gaugain exploite 110 ha tout herbe dont 30 % se trouvent en zone de marais. Un microcosme qu’il s’est engagé à ne pas faucher ni ne faire pâturer avant le 25 juin. Voilà son engagement MAEC. L’objectif est de protéger la faune et la flore. «40 % des espèces françaises sont présentes sur ce territoire», insiste-t-on du côté du CREPAN. Fin juin, Jean-Claude fauchera donc cette zone inondée 3 à 6 mois de l’année en attendant les regains pour un pâturage estival nourricier. « Depuis 20 ans que je suis installé, je n’ai jamais eu à affourager mes animaux l’été », explique-t-il. Et si notre éleveur, unique apporteur de lait bio de la laiterie de Boissey, se satisfait de son système, c’est qu’il s’est particulièrement bien adapté à son environnement.
La ration hivernale se compose de foin ventilé complémenté avec 1 kg de maïs (bio). La moyenne d’étable se situe aux alentours de 5 500 à 6 000 kg brut. A côté des laitières, un atelier viande de bœufs Normands (470 kg de carcasse) et croisés Charolais (520 kg) abattus à 36 mois. A la marge, une production de pommes à cidre et de foin pour chevaux. «Je suis passionné par l’élevage, l’herbe et la race Normande, plaide-t-il. Mon objectif est d’aboutir à un équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie familiale». Dans cette quête d’idéal, les conditions de travail sont privilégiées grâce notamment à l’appui d’un salarié à temps plein et un autre à temps partiel.
Sur le plan économique, nul ne se plaint à la ferme de Montavigny. Il est vrai que le prix de vente du lait bio ne subit pas la crise mais Jean-Claude ne souhaite pas communiquer sur les chiffres. On sait simplement que sur un plan général, le montant des aides MAEC oscille de 3 000 à 5 000 €/an avec un plafond à 6 000 €.
170 demandes dans le Pays d’Auge 14
Calé sur de bons rails, le programme peut-il être victime de son succès? «170 demandes représentant 90 % de l’enveloppe ont été enregistrées sur le Pays d’Auge Calvados», précise-t-on du côté de la Chambre d’agriculture. «Je veux bien en mettre plus sur les MAEC mais tout le monde doit mettre la main à la poche», répond en substance Clotilde Eudier, représentante du Conseil régional. La réponse est dans le camp des cofinanceurs, Etat et UE.