Entretien avec Alain Cottebrune
Les paysans cambodgiens prennent en main leur développement
L’assemblée générale de l’Afdi Basse-Normandie se déroule à l’IREO de Condé-sur-Vire, vendredi prochain à 14 h. Témoignage d’Alain Cottebrune, de retour d’une mission au Cambodge.

Vous étiez au Cambodge du 30 mars au 8 avril. Quel était l’objectif de cette mission ?
Nous travaillons avec la Farmer Nature Net. Cette fédération regroupe 30 000 paysans. Notre objectif : les aider à définir un mode de développement. Dans ces pays, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) définissent souvent ce qu’il faut faire ou pas et comment le réaliser. On se rend compte que les cadres des ONG font les budgets et les orientations. Nous sommes là pour accompagner la prise en main du développement par les paysans.
Comment s’oriente l’agriculture Cambodgienne ?
Là, nous travaillons avec des petites exploitations familiales. Au début des années 2000, le premier but était de nourrir leur famille. Désormais, ils disposent d’un peu de surplus. Il faut organiser la commercialisation. Ils commencent à créer des coopératives et des groupes d’épargne. Actuellement, ils se posent par exemple la question de l’agriculture biologique.
Entre aider au développement d’un système et imposer un système, la frontière semble parfois étroite… Faut-il se détacher de son expérience française ?
Nous ne sommes pas au Cambodge pour développer ou imposer un système. Nous sommes là pour les aider à prendre en main leur développement. Je viens avec mon expérience de coopérateur. J’ai vu au Cambodge une coop avec un beau bâtiment financé par des ONG, mais on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de calcul de rentabilité pour pérenniser l’outil. Je leur ai aussi suggéré de payer le riz produit selon sa qualité.
Concernant la commercialisation, le modèle français semble aujourd’hui rencontrer quelques difficultés. Quel message transmettez-vous ?
Je me replace 50 ans en arrière. J’explique comment à l’époque les paysans se sont organisés. Les agriculteurs ne connaissaient pas le marché et y perdaient toujours. Ils sont très loin du modèle français. Ils doivent d’abord comprendre comment fonctionne une coopérative de base. Ils doivent aussi accepter de se regrouper. Et cette idée n’est pas facile dans un ancien pays communiste. Néanmoins, j’ai insisté sur l’adapation de la production au marché.
En tant que maraîcher, vos missions revêtent un caractère organisationnel et non technique ?
On s’appuie sur place sur des techniciens cambodgiens. Lors de cette mission, nous les avons emmenés voir des techniques innovantes en essai au Cambodge. Par exemple, nous avons observé un semis sous couvert avec une graminée et une légumineuse. Ils ont vu, après c’est à eux de juger. Nous les avons également accompagnés au ministère. C’était pour eux une première. Ils comprennent que les paysans ont leur mot à dire.
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