Les producteurs bio décidés à se faire entendre
Mardi matin, devant la Draaf du Calvados, une soixantaine d'agriculteurs bio, organisations syndicales et consommateurs ont manifesté contre l'incertitude des aides pour 2015-2020.

Depuis quelques jours, la FNAB (Fédération nationale des agriculteurs biologiques) avait appelé à la mobilisation le 17 mars afin de manifester leur colère suite à "la coupe franche de 25 % des aides 2014 attendues". Face au maintien de la manifestation, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll est revenu sur sa décision. Il annonce le déblocage de moyens complémentaires « permettant d’aider chaque agriculteur bio au niveau initialement prévu pour 2014 », en précisant que l’aide sera versée au cours de l’été.
Pour autant, les agriculteurs bio n'ont pas baissé les bras. Ils ont maintenu leur manifestation. "Il ne faut pas lâcher le morceau" indique un des manifestants. "Nous sommes face à un comportement fantaisiste de l'administration," poursuit-il.
Pas vraiment rassurés
Pendant plus de 1 h 15, une délégation conduite par Loïc Ducloué, président du GRAB de Basse-Normandie, a été reçue par le directeur adjoint de la Draaf de la Basse-Normandie (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), Laurent Mary. Et en début d'après-midi, ils avaient rendez-vous à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la Mer). "Etes-vous rassurés," demande un manifestant. "Pas vraiment," répond Loïc Ducloué. "Certes, une nouvelle enveloppe va être débloquée. Mais nous n'avons pas de calendrier," explique-t-il. Fin avril, des dates devraient pouvoir être avancées. La Région Basse-Normandie, qui gère désormais les fonds européens, se réunit en session le 17 avril.
Des reconversions remises en cause
Si la coupe franche sur les aides 2014 est remise en cause, les agriculteurs bio s'interrogent sur les aides pour les années 2015 à 2020. "Tous les agriculteurs n'auront pas d'aides au maintien" s'inquiète Guillaume Fernagu, coordinateur du GAB 14. Le risque est de voir des agriculteurs bio "repartir en conventionnel. Certains le pensent vu les coûts supplémentaires qu'impose le bio". Et c'est notamment le cas pour les productions de vaches allaitantes. Ce qui serait une aberration face au plan ambition bio annoncé par l'Etat.
Soutenus par la FNSEA
Dans une interview , Etienne Gangneron, le président de la Commission Agriculture biologique de la FNSEA, s’insurge contre « un signe donné très négatif », et la mise en place « d’un stabilisateur qui déstabilise la filière bio ».
La Fédération nationale de l’Agriculture biologique, l’APCA, Coop de France s’étaient également indignées contre « ce coup de massue ».
Localement, la FDSEA du Calvados était présente aux côtés des agriculteurs bio. "Cela nous paraît logique d'être là pour soutenir les agriculteurs bio dont certains sont adhérents chez nous. Ils doivent être respectés par rapport aux engagements qui ont été pris. Il y a deux ans, nous étions également présents pour les éleveurs bovins" note Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados.
A noter que l’enveloppe prévue par le ministère de l’Agriculture en 2014, soit 103 millions d’euros, s’est révélée insuffisante pour satisfaire l’ensemble des demandes d’aide.
Selon la FNSEA, il manquerait 11 millions d’euros que le ministre de l’Agriculture a accepté de débloquer.