50 % de sangliers en plus en un an seulement dans la Manche
Les sangliers dans le viseur des chasseurs de la Manche
La chasse aux sangliers est plus que jamais préconisée dans le département de la Manche. La Fédération départementale l'encourage jusqu'à la fin de la période, à savoir fin mars. Pas moins de 2 100 sangliers ont été dénombrés en ce début de saison contre 1 383 l'année précédente à cette même période.



" Les sangliers se plaisent bien chez nous ", se désole Gérard Bamas, président de la Fédération départementale de la chasse (FDC) de la Manche. Il tire la sonnette d'alarme. " Tout est au vert pour tirer le sanglier ", assure-t-il. À la même période, au 21 janvier, entre 2024 et 2025, plus de 50 % de sangliers en plus ont été recensés. " On est passé de 1 383 en 2024 à 2 101 en 2025 ", indique le président. Des chiffres qui résultent d'enquêtes auprès des 14 000 chasseurs de la Manche. " Il n'y a pas de secteurs épargnés. Tous connaissent une prolifération importante de sangliers ", insiste-t-il.
Covid, Ciaran
Plusieurs raisons alimentent la réflexion. Après la période de Covid, il y a eu la tempête Ciaran qui a freiné les opérations de tirs. À cela, s'ajoutent les conditions climatiques, trop douces, avec des hivers moins rigoureux et réduisant le taux de mortalité. " Les chasseurs sont aussi réticents à tirer des laies ", indique Gérard Bamas. Cette propagation exponentielle n'est pas sans conséquence notamment pour le monde agricole. Les dégâts sur les cultures, indemnisés par la FDC, ne cessent de grimper. Pour la Fédération de chasse, la facture se monte à près de 225 000 €. " Et la saison n'est pas terminée ", souligne le président. Les dégâts de cultures portent sur le semis de maïs, de céréales, ou encore des retournements de prairies. En 2017-2018, la FDC avait réglé moins de 100 000 € aux agriculteurs. Depuis 2021-2022, les chiffres ont été multipliés par trois. Et ce n'est pas fini. " Nous avons enregistré 518 dossiers correspondant à 342 000 euros d'indemnisations en 2024, contre 365 dossiers et 250 000 euros de dégâts en 2023 ", soulignent les techniciens de la FDC.
78 accidents de la route
Une autre conséquence n'est pas à minimiser : ce sont les accidents de la route causés par les sangliers. Ils sont de l'ordre de 78 au 20 janvier 2025 quand il n'y en avait que 24 déclarés l'année précédente. Le nombre est tout simplement multiplié par trois.
" Nous avons franchi un palier ", déplore Gérard Bamas. Il y a des zones qui inquiètent les responsables de la Fédération de la Manche. " C'est dans le sud Manche notamment la vallée de la Sélune, le Val de Saire, les marais de Carentan ", précise le président. Et, avec la tourbière de Baupte qui à terme deviendra une réserve naturelle, là encore, les responsables s'interrogent. " Il nous faut conduire une réflexion pour éviter que le sanglier se propage d'une côte à l'autre. Il y a un territoire exceptionnel pour eux ", note Thierry Chasles, vice-président de la FDC.
Pas de mesures restrictives
Quelles sont les solutions pour tenter d'endiguer ce fléau ? " Le prélèvement ", répond Gérard Bamas. Autrement dit, les chasseurs sont invités et incités à organiser des opérations de chasse. " Il n'y a pas de mesures restrictives dans le plan de gestion cynégétique pour les six prochaines années ", souligne David Guérin, directeur de la FDC. Alors, jusqu'à fin mars, les chasseurs peuvent y aller. " Toute action de chasse est bonne ", conclut Gérard Bamas.
Les chasseurs inquiets
Marc Lecoustey, secrétaire général de la Chambre d'agriculture de la Manche, partage l'inquiétude des chasseurs. " Nous sommes préoccupés par cette situation. Si on en croit les observateurs, on a des générations spontanées de sangliers où il n'y en avait pas beaucoup avant. On est vigilant sur la propagation. Il faut mettre à profit ces semaines pour prélever les sangliers de manière que cette situation soit acceptable pour les agriculteurs.
C'est une responsabilité collective. Il faut que les propriétaires et les chasseurs jouent le jeu afin que le prélèvement soit efficace ".